Vaches taries

Stress thermique en fin de gestation : des conséquences jusqu’aux F2 !


TNC le 12/06/2023 à 05:06
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Le tarissement est une phase critique où se joue la future lactation. (©Pixabay - Ehrecke)

Yann Martinot, directeur technique chez Elvup, nous donne ses astuces pour un tarissement réussi. Si le rationnement tient une place centrale pour la préparation physiologique de la vache au vêlage et à la future lactation, l'alimentation n'est pas une baguette magique. Il faut prendre garde à placer les bovins dans un environnement confortable pour assurer la bonne reconstruction de la mamelle.

« La performance – et le tarissement – ce n’est pas qu’une histoire de ration, c’est aussi une question de confort », assène Yann Martinot, directeur technique chez Elvup. Si les taries sont parfois le parent pauvre du troupeau, elles méritent toute l’attention de l’éleveur. « Les vaches en lactation sont sur un rail. Pour les taries, tout est à construire ».

Ne pas lésiner sur l’espace

Pour assurer le confort des animaux, rien de tel que l’espace. « On voit souvent des taries en surdensité, car on a tendance à réserver l’espace pour les vaches en lactation », une erreur pour le conseiller. « Je recommande d’attribuer 12 à 14 m² par vache. En France, on est souvent plutôt à 8 m² ». De même pour les vaches en logettes ; mieux vaut viser les 80 % de remplissage que les 120 %.

A l’inverse, il faut faire attention à ne pas trop isoler les animaux. « Les vaches sont de nature sociale. Elles ont besoin d’être en contact avec leurs congénères ». Bref, ne pas laisser une vache toute seule, même si c’est la seule tarie du troupeau.

Gare au stress thermique

Mais donner de l’espace ne fait pas tout. Encore faut-il qu’il soit confortable, notamment en cas de stress thermique. Ventilo ou pas sur les vaches taries ? Pour l’expert, la question ne devrait même pas se poser. « Un stress thermique durant le tarissement, c’est 1 000 litres en moins sur la prochaine lactation », insiste Yann Martinot.

En plus d’affecter la lactation, le stress thermique affecte le développement in utero du veau. Et tous les organes sont concernés. « non seulement on aura un veau plus petit, mais surtout avec une mamelle moins efficiente », poursuit l’expert.

Un stress thermique en fin de gestation c’est 500 à 1 500 litres en moins par lactation sur la génération F1

Les conséquences sont lourdes. Une étude américaine met en évidence une baisse de production de 2,2 kg de lait par jour durant la première lactation des vaches dont la mère a subi un stress thermique en fin de gestation. Et l’écart qui se creuse au fil des lactations. Il avoisine les 6,4 kg de lait pour la troisième. En cause ? Un moindre développement de la mamelle in utero, voire de tous les organes. « Le train du développement ne passe qu’une fois. Il y a des plages critiques, et il ne faut pas passer à côté », insiste le directeur technique d’Elvup.

Plus impressionnant encore, le stress thermique en fin de gestation peut aller jusqu’à impacter les performances des petites filles de la vache concernée. « Dans le ventre de sa mère, la vache a les ovaires en formation, et l’étude montre que la baisse de production laitière s’étend jusqu’à la génération F2 »

Réfléchir sa complémentation minérale 

« On estime que 30 à 40 % des vaches sont faibles en calcium ». Pour prévenir la fièvre de lait, il est essentiel d’apporter une minéralisation adaptée, et cela ne passe pas que par le calcium. « On peut en donner des brouettes entières en début de lactation, ça ne sert à rien si l’animal n’est pas capable de l’assimiler ».

Le tarissement est donc l’occasion d’anticiper le déstockage du calcium osseux du début de la lactation. « Ce mécanisme a une composante hormonale, mais il est favorisé par un pH sanguin légèrement acide, et des apports en magnésium ». Pour modifier le pH sanguin, des apports en sels anioniques sont conseillés. Quant au magnésium, il peut être apporté via un apport minéral, ou par l’alimentation. « Il faut avoir en tête que le potassium prend le dessus sur le magnésium ». Mieux vaut donc limiter les apports en potassium sur les vaches en fin de gestation. A noter que le maïs et la paille sont faibles en potassium, contrairement au foin.

Attention également à bien mélanger la ration. « On peut faire la meilleure ration qui soit, il ne faut pas qu’elles trient, surtout si l’on ajoute des sels anioniques », insiste Yann Martinot. Pour cela, éviter d’apporter des morceaux de plus de 4 cm dans la ration afin d’empêcher le tri à l’auge.

Une alimentation adaptée 
La complémentation minérale est à intégrer dans une alimentation réfléchie. Le tarissement comprend généralement deux phases : la coupure de la production laitière, et la préparation au vêlage et à la future lactation. « Les objectifs de ces deux phases étant différents, il semble logique de proposer deux rations différentes ».
Pour la préparation vêlage, compter entre 9 et 11 UF par jour à 13 de MAT.