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Fourrage

Six conseils pour se lancer dans l’ensilage de maïs épis


TNC le 07/07/2021 à 06:02
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Plus concentré en énergie et en azote, l’ensilage de maïs épis permet d’alléger les chantiers de récolte et se stocke dans les mêmes installations que l’ensilage traditionnel. Si le maïs épis semble avoir tout pour plaire, il offre toutefois des rendements en matière sèche inférieurs en comparaison de l’ensilage plante entière.

1 – Bien choisir sa variété : « le maïs épis, c’est d’abord du grain ! »

Pour la culture du maïs épis, deux options sont possibles : soit on sécurise ses stocks d’ensilage plante entière, et l’on effectue de l’ensilage de maïs épis sur les parcelles excédentaires. Dans ce cas, on privilégie les variétés mixtes, avec un profil énergétique orienté vers l’amidon. Soit on décide au préalable des parcelles à récolter en ensilage de maïs épis, et l’on privilégie les variétés grain, riches en amidon.

« Le semis précoce à tendance à favoriser le potentiel grain de la plante, alors autant en tirer parti. Je conseille généralement de revoir la densité de semis légèrement à la baisse par rapport à l’ensilage de maïs plante entière, de l’ordre de 5 000 plantes/ha en moins. » conseille Anthony Uijttewaal, responsable du pôle fourrage chez Arvalis, à l’occasion d’un webinaire.

2 – Viser les 35 % d’humidité pour la récolte

Il est très important d’être attentif aux stades de récolte afin de maximiser le rendement en grain, d’obtenir une matière digestible pour les bovins, et conservable par ensilage. Comme pour l’ensilage traditionnel, on surveille donc les taux d’humidité.

Sur des variétés très précoces à précoces, le PMG maximal est atteint pour une humidité du grain de l’ordre de 35 %. À ce stade, la teneur en matière sèche de l’épis complet est comprise entre 52 et 57 %. Les 35 % d’humidité du grain sont généralement atteints 200 degrés/jour après le stade 32-33 % de MS plante entière (+/- 50°/jour) .

À la récolte, le rendement du maïs épis équivaut aux 2/3 du rendement du maïs fourrage plante entière. Cette équivalence de rendement varie fréquemment entre 55 et 68 % sous l’effet des conditions de végétation et du stade de récolte.

3 – Bien éclater la graine pour favoriser la digestibilité

À 35 % d’humidité du grain, l’amidon est vitreux. L’éclatement intense des grains favorise alors sa digestion. « Si l’on doit se fixer un objectif, ce serait qu’aucun grain intact ne reste dans l’ensilage, et que la majorité des grains soient fractionnés en quatre morceaux. »

L’ensilage de maïs épis présente deux fois moins de fibres qu’un maïs fourrage, mais deux fois plus d’amidon. « On le considère généralement comme un fourrage, mais le maïs épis se rapproche plus des concentrés riches en amidon. » Sa dégradabilité dépend essentiellement de la vitrosité du grain, et donc du stade de maturité du grain lors de l’ensilage ainsi que des variétés. « En quelque sorte, c’est un intermédiaire entre une céréale à paille et un maïs grain. »

4 – Au silo : prévoir un front d’attaque deux fois moins haut qu’en ensilage traditionnel

Pour le stockage, le principe est le même que pour l’ensilage plante entière et peut s’effectuer dans les mêmes silos. Il faut cependant faire attention au risque d’échauffement. « On conseille de dimensionner le silo pour permettre un avancement de 10 à 15 cm/jour en hiver, et 20-25 cm/jour en été. Il faut être vigilent lors du désilage pour laisser un front d’attaque net : l’essentiel est d’éviter l’introduction d’oxygène en profondeur, ce qui provoquerait des échauffements. Les silos de maïs épis sont généralement deux fois plus dense que le maïs ensilage plante entière, il est donc impératif de faire un front d’attaque deux fois moins haut. L’ajout de conservateur ne suffira pas à contenir un éventuel échauffement. »

5 – Prévoir une baisse de rendement de 35 à 40 % par rapport à l’ensilage plante entière

Lorsqu’on récolte un maïs épis, on restitue près de 40 % de la biomasse au sol, ce qui se traduit par une baisse de rendement de l’ordre de 35 à 40 % par rapport à de l’ensilage plante entière. Cette conduite se rapproche de celle du maïs grain.

« Avant de se lancer, il faut réfléchir à ses marges de manœuvre en termes de quantité de fourrage et de surface disponible, insiste Anthony Uijttewaal. Il est souvent nécessaire d’évaluer l’intérêt économique de la substitution de cultures de vente par de l’ensilage de maïs épis, ou de mettre en évidences d’éventuelles économies en intrants. En cas de doute, il est toujours possible d’implanter des variétés mixtes et de n’effectuer de l’ensilage de maïs épis que sur l’excèdent de production. »

6 – Vérifier la disponibilité du matériel de récolte sur le territoire

Dans certains secteurs, la disponibilité du matériel peut être limitante. La récolte se fait avec une ensileuse classique équipée d’un cueilleur à maïs grain. L’adaptation de la tête de récolte coûte généralement entre 12 000 et 15 000 €. Certaines ensileuses disposent de cueilleurs directement adaptables, mais elles sont encore peu répandues.

L’avantage de l’ensilage de maïs épis est qu’il présente un débit de chantier moindre par rapport à l’ensilage plante entière. « Il faut à peu près deux fois moins de bennes ». Cela s’explique à la fois par la baisse de rendements, et par le fait que cette pratique augmente la densité de l’ensilage dans les bennes de l’ordre de 70 à 150 %.

Pour plus de détails, consultez le webinaire d’Arvalis – Maïs épi : production, récolte et valorisation par les bovins.