Record de l’or, le nickel stagne et le sucre fond
AFP le 16/08/2024 à 19:05
L'or a enregistré un nouveau sommet historique cette semaine, les investisseurs se reportant sur cette valeur refuge face aux mauvaises nouvelles économiques des Etats-Unis accentuant les perspectives de baisses de taux, ainsi qu'en raison des risques géopolitiques exacerbés.
Vendredi, l’once d’or a atteint le prix record de 2 500,16 dollars, dopé par la publication de données moroses sur la construction de nouveaux logements aux Etats-Unis en juillet, nouveau signal défavorable pour l’économie américaine.
Dès le début de semaine, face aux craintes de récession de la première économie mondiale, les marchés avaient renforcés leurs prévisions de baisses de taux de la Réserve fédérale (Fed), susceptibles de soutenir l’économie.
« La forte baisse des rendements obligataires » ainsi que du dollar, « dans le contexte d’attentes de baisses de taux de la part de la Fed profite aux actifs ayant des rendements nuls ou faibles », comme l’or, explique Fawad Razaqzada, analyste chez City Index.
En outre, l’or reste « demandé en tant que « valeur refuge » dans un contexte géopolitique tendu », rappelle Carsten Fritsch, analyste chez Commerzbank.
Les efforts diplomatiques s’intensifient pour obtenir une trêve dans la bande de Gaza et éviter une guerre à grande échelle au Moyen-Orient, avec une reprise des négociations attendue à Doha (Qatar) vendredi et des discussions de ministres français et britannique en Israël.
L’Iran a en effet menacé d’attaquer Israël en riposte à l’assassinat, imputé à Israël, du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh le 31 juillet à Téhéran.
Le risque d’une escalade militaire dans toute la région a redoublé après l’assassinat d’Haniyeh et celui, le 30 juillet, de Fouad Chokr, chef militaire du mouvement libanais Hezbollah, tué dans une frappe revendiquée par Israël près de Beyrouth.
Jeudi dans un village de Cisjordanie occupée, une attaque meurtrière perpétrée par des colons juifs a provoqué un tollé y compris en Israël.
Ces facteurs haussiers se combinent également « à une demande continue de la part des banques centrales et des investisseurs inquiets des niveaux élevés de dette publique », et préférant donc la sûreté relative du métal précieux plutôt que celle des obligations ou des devises, ajoute Ole Hansen, analyste chez Saxobank.
Vers 14h30 GMT (16h30 à Paris), l’once d’or s’échangeait à 2 480,00 dollars, contre 2 431,32 dollars sept jours plus tôt à la clôture.
Le nickel stagne
Le nickel est resté presque stable sur la semaine sur le London Metal Exchange (LME), la forte demande pour ce métal se restant compensée par une offre suffisante.
« Le prix du nickel n’a pas réussi à s’éloigner de son plus bas niveau de l’année enregistré fin juillet », commente Barbara Lambrecht, de Commerzbank.
Fin du mois de juillet, la tonne de nickel avait en effet touché les 15.600 dollars, un plus bas prix depuis novembre 2020, soit plus de trois ans et demi.
« Malgré une demande en forte hausse, (…) la croissance de l’offre est soutenue par la forte augmentation de la production en Indonésie », estime Mme Lambrecht, maintenant le nickel dans la même fourchette de prix.
L’Indonésie a massivement développé ses capacités de raffinage du nickel avec le soutien d’entreprises chinoises, explique Commerzbank.
L’archipel possède des gisements de nickel estimés à environ 21 millions de tonnes, soit plus de 20% des réserves mondiales.
Le gouvernement indonésien souhaite ainsi accroître ses capacités de production, car il s’agit d’un minerai hautement recherché car crucial pour la fabrication des batteries de véhicules électriques.
Sur le LME, la tonne de nickel pour livraison dans trois mois s’échangeait à 16.210 dollars vendredi, contre 16.150 dollars le vendredi précédent à la clôture.
Sucre lent
Les cours du sucre ont baissé sur la semaine, tirés vers le bas par les attentes de production prometteuse en Inde et en Thaïlande et l’avancée de la récolte au Brésil.
« Les pluies de mousson indiennes et thaïlandaises ont été très bénéfiques et les usines s’attendent à de fortes récoltes de canne à sucre », explique notamment Jack Scoville, analyste chez Price Futures Group.
Pour endiguer l’inflation, les autorités indiennes ont de leur côté interdit l’exportation de certains aliments comme le sucre, priorisant le marché indien.
Les usines « font pression sur les gouvernements pour qu’ils autorisent les exportations, mais jusqu’à présent, les gouvernements n’ont pas donné leur accord », explique M. Scoville.
Par ailleurs, les « estimations de production ont été revues à la hausse dans l’hémisphère nord », ajoute l’analyste.
A New York, la livre de sucre brut pour livraison en octobre valait 18,09 cents, contre 18,48 cents sept jours auparavant.
A Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en octobre également valait 519,10 dollars contre 526 dollars le vendredi précédent à la clôture.