Quelles variétés choisir ?
Alimentation et fourrages le 26/04/2013 à 00:00
Mono ou multi-coupe, Bmr, sucrier, hybride, Soudangrass, biomasse, grain… Rares sont les espèces cultivées aussi diversifiées que le sorgho, le point pour s’y retrouver.
Ces trois dernières années, les surfaces semées en sorgho ont été multipliées par quatre en France. Le sorgho ensilage mono-coupe représenterait environ 20.000 hectares et peut-être autant pour les variétés multi-coupes. Pour bien choisir son type de sorgho fourrager, il faut au préalable savoir à quelle utilisation il sera destiné : ensilage, enrubannage, pâturage, affouragement en vert, méthanisation, en dérobée ou non, etc.
Quatre types principaux se distinguent :
– L’utilisation en multi-coupe (pâturage ou affouragement en vert) de type herbe du Soudan (Sudan x Sudan). Ces variétés sont précoces, fines et ont une bonne capacité de tallage. La hauteur d’entrée d’herbe doit se faire après 40 cm de haut (voir encadré). Les tiges et les feuilles sont fines, le fourrage pourra alors être enrubanné, voir fané, ou ensilé comme de l’herbe. – L’utilisation en ensilage mono-coupe de type sucrier (Bicolor x Bicolor). Les sorghos sucriers sont généralement tardifs avec une biomasse et une hauteur très élevée allant de 1,70 mètre à plus de 3,5 mètres pour les variétés destinées à la production de biomasse. Les feuilles et surtout les tiges sont riches en sucre. Les types sucriers avec le gène Bmr sont légèrement plus petits. Ils sont intéressants pour leur rendement en ensilage de qualité, offrant une bonne digestibilité. La conduite de culture influe sur la résistance à la verse, problème auquel les sorghos sucriers peuvent être sensibles. Les variétés sans épis, dites « mâle stérile », offrent une meilleure résistance à la verse.
– les variétés Pps ?
Les variétés Pps pour « Photo Period Sensitive » (sensibles à la photopériode ou durée du jour) épient plus tard que les sorghos fourragers classiques et conservent ainsi une valeur alimentaire élevée plus longtemps. Elles sont généralement plus feuillues. – L’acide cyanhydrique ?
Les espèces du genre Sorghum renferment de la dhurrine, qui en se dégradant dans le rumen, libère de l’acide cyanhydrique, aussi connu sous le nom d’acide prussique. L’intoxication à l’acide cyanhydrique est une préoccupation quand on sert du sorgho fourrager au pâturage ou en vert. De fortes concentrations d’acide cyanhydrique dans le sang interfèrent avec la respiration, de telle sorte que les bovins risquent de succomber en peu de temps à une paralysie respiratoire. Il faut faire attention de faire pâturer l’herbe du Soudan lorsqu’elle atteint plus de 40 cm et les hybrides au-delà de 60 cm. Une fois la plante coupée, l’acide cyanhydrique se dégrade en une dizaine de jours, l’ensilage, l’enrubannage ou le foin sont donc sans danger.
– Les hybrides (Soudan x Bicolor) qui, selon les variétés, peuvent être utilisés en multi-coupes (pâturage, affouragement en vert, ensilage) ou en ensilage mono-coupe. Ce sont des variétés assez vigoureuses, plus tardives et avec un meilleur potentiel fourrager que l’herbe du Soudan.
Hybrides multi-coupes : variétés idéales pour la pâture des bovins ou pour l’affouragement en vert, après 60 cm de haut. Si elles peuvent être ensilées sans soucis, l’enrubannage est plus difficile car les tiges, plus grosses que celles de l’herbe du Soudan, risquent de perforer le film plastique.
Hybride ensilage Pps avec gène Bmr : ce type est assez souple d’utilisation, très rustique et ayant une capacité de tallage et de repousse. Ces variétés peuvent être pâturées après 60 cm. Hautes de 1,7 à 2,5 mètres avec beaucoup de feuilles, elles résistent bien à la verse et permettent un ensilage de valeur nutritive correcte avec peu ou pas d’amidon. Pour améliorer la qualité nutritionnelle, les hybrides ensilage peuvent être associés à un type ensilage sucrier Bmr.
– Les sorghos grain ensilage (Bicolor x Bicolor). Les variétés de petite taille sont récoltées en grain et celles de grande taille peuvent être ensilées. Ces dernières sont plus tardives que les variétés grain classique et de taille plus importante (1,6 à 2 mètres de haut). La forte proportion de grains leur confère une teneur en amidon plus élevée que les autres types de sorghos. Le type « grain grande taille » présente une très bonne résistance à la verse mais s’avère moins productif que les sucriers.
Dans chacun de ces quatre types il existe des variétés dites « Bmr » (voir encadré) à nervure centrale brune.
Cette graminée d’origine africaine apprécie la chaleur du sud de la France, mais les variétés les plus précoces de sorgho ensilage mono-coupe s’adaptent bien jusqu’au Pays de Loire, le Centre et la Bourgogne. Les variétés multi-coupes peuvent être semées jusque dans le nord à partir du mois de mai.
Moins gourmand en eau et en intrants que le maïs, le sorgho est également moins apprécié de certains animaux sauvages. Cette plante est, paraît-il, peu attaquée par les lapins et certains maïsiculteurs sèmeraient du sorgho autour des champs de maïs pour limiter les risques de dégâts causés par les sangliers. En zone infestée de chrysomèles, le sorgho peut remplacer un maïs dans la rotation.
« Pour répondre à presque tous les besoins, il faut mieux partir sur des variétés sans épis, comme Bmr 333 chez Barenbrug. Ces types sont assez faciles, versent pas ou peu, sont relativement précoces et représentent un bon complément à l’ensilage de maïs.
Les mélanges de variétés qui associent un sorgho sans épis et un sucrier, tels que « Bmr plus » (2/3 de Bmr 333 + 1/3 de Sweet California), sont également un bon compromis. Le type sucrier apporte plus de volume et de matière sèche.
Les variétés multi-coupes sont faciles à obtenir alors que les mono-coupes peuvent être plus exigeantes. C’est le semis qui conditionnera la récolte. Le sorgho a besoin d’un sol très bien réchauffé et d’un désherbage systématique entre deux et cinq feuilles.
D’année en année, la recherche variétale progresse bien en sorgho. Nous travaillons actuellement des variétés précoces, plus denses, avec beaucoup de feuilles, un peu plus basses avec des entrenœuds très courts. »