Quel mélange ray-grass trèfles semer en fin d’été ?
TNC le 20/06/2025 à 16:30
De plus en plus d’éleveurs récoltent une culture fourragère implantée en fin d’été. Julien Greffier, expert fourrage du groupe Limagrain donne quelques éléments de rappel pour composer ses mélanges ray-grass/trèfles.
Les dérobées semées en fin d’été et récoltés en sortie d’hiver permettent aux éleveurs de refaire un peu leurs stocks de fourrage. C’est d’autant plus intéressant cette année alors que les fourrages récoltés en 2024 ne sont pas de très bonne qualité… « On parle de dérobées d’hiver, semées après le 15 août et récoltées en mars/avril l’année d’après, appuie Julien Greffier, chef produit fourragères pour le groupe LG. Je les préfère aux dérobées estivales qui sont trop aléatoires et ne donnent satisfaction qu’une année sur quatre… »
Les dérobées estivales ne doivent rester qu’une rustine en cas de gros manque de fourrage après une sécheresse au printemps par exemple. Mieux vaut privilégier les dérobées d’hiver, productives et de qualité.
« Rien ne sert de semer trop tôt, si ce n’est prendre le risque de tout gaspiller si l’on manque d’eau jusqu’en fin d’été. Mieux vaut attendre le 20 août. Pour la récolte, elle se fera fin mars/début avril, mais il faudra être très vigilant car à ces dates, la végétation évolue très vite et on peut perdre 10 % d’UF et 20 % de protéines en 15 jours de temps si le fourrage est trop avancé. » Pour Julien Greffier, il faut perdre le réflexe rendement pour miser plutôt sur la qualité : « ça a un impact à plusieurs milliers d’euros, ne serait-ce que sur la coupe de printemps ! » Et concernant les espèces, on est souvent sur un mélange ray-grass/trèfles.
Privilégier un RGI non alternatif
Pour ce type de dérobées, on parle de ray-grass italien car on est sur de la courte durée avec récolte en sortie d’hiver. Mais dans le choix de variétés, l’expert fourrage recommande de partir sur du non-alternatif : « Jusqu’alors on préconisait du RGI alternatif qui pousse rapidement et monte en épi l’année du semis. En revanche, avec des automnes de plus en plus doux, même chauds parfois, certains ray-grass faisaient l’intégralité de leur cycle à l’automne et montaient en épi avant même la récolte. » Et qui dit épiaison dit baisse des valeurs alimentaires et difficultés à récolter. « Les seuls cas où il faut se tourner vers de l’alternatif, c’est pour un semis très tardif à l’automne, afin d’avoir de la productivité rapidement, ou encore pour un semis au 15 août en vue de récolter en octobre s’il y a un besoin urgent de fourrage. »
Julien Greffier poursuit : « Chez LG, on conseille aux éleveurs de partir sur du non-alternatif exclusivement : la plante sera pourvue en feuilles jusqu’au début du printemps suivant. C’est propice au pâturage d’automne ou à une fauche qualitative. Alors certes, on a tous en tête que les RGI non alternatifs sont un peu moins dynamiques en pousse, mais la différence avec l’alternatif s’estompe d’année en année grâce au progrès génétique. À noter d’ailleurs : ce démarrage plus lent est aussi un atout car ça laisse de la place aux légumineuses. »
À noter également pour le choix des variétés : la tolérance à la verse pour garantir une récolte dans de bonnes conditions et avoir un effet tuteur pour les légumineuses associées.
Choisir plusieurs espèces de trèfles
En ce qui concerne les légumineuses, Julien Greffier explique : « Avant, on associait systématiquement le RGI avec du trèfle Incarnat. Mais depuis quelques années, on essaie de diversifier les trèfles : Squarrosum, trèfle de Micheli, de Perse, etc. Ils ont chacun leurs particularités qui s’adaptent plus ou moins au contexte pédoclimatique de la parcelle. »
Dans tous les cas, le connaisseur recommande de miser sur plusieurs espèces de trèfles : « Il ne faut pas miser sur un seul trèfle annuel, certains s’expriment plus à l’automne, d’autres en sortie d’hiver, certains sont tolérants à l’hydromorphie, etc. Il faut de la complémentarité pour s’adapter. L’objectif c’est d’en avoir au moins 2 différents dans le mélange et 3 à l’idéal. »