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Longévité des animaux

Prévenir les chutes pour réduire la mortalité en élevage


TNC le 18/06/2024 à 04:54
stabulation

Les sols usés sont principalement responsables des chutes et autres boiteries. (© Adobe Stock/Fotolyse)

La mortalité prématurée en élevage concerne environ 5 % des bovins. Parmi ses causes principales, surtout lorsqu’elle est élevée : les chutes. Yannick Saillard, vétérinaire conseil chez Innoval, fait état des causes de ce phénomène et propose des moyens pour y remédier.

15 000 €, c’est ce que coûte la mort par chute de 10 vaches en une année. Sur le nombre ou la proportion que représente cette cause de mortalité, il n’existe pas de chiffre officiel. Mais Yannick Saillard, vétérinaire conseil chez Innoval, l’évalue à environ un tiers des cas. Un chiffre qu’il juge excessif, dans le sens où nombre de cas pourraient, d’après lui, être évités.

Il note aussi que leur nombre est environ du double dans les systèmes avec logettes par rapport à ceux qui sont en aire paillée.

Munir les racleurs de bandes en caoutchouc

« Le problème avec les mortalités provoquées par les chutes, c’est que leur augmentation, lorsqu’elle survient dans un élevage, est un phénomène pernicieux, note Yannick Saillard. Le nombre de chutes augmente sans que l’on n’en ait conscience. »

Plusieurs causes se combinent pour les favoriser. La plus importante est l’usure des bétons. Les racleurs automatiques, notamment, lorsqu’ils ne sont pas munis de lames en caoutchouc ou de brosses, finissent par lisser la surface des aires d’exercice. En outre, le raclage est imparfait, les lames en acier ont tendance à « beurrer » la surface. « Le caoutchouc devrait être systématique, alors qu’il n’équipe que 20 % des racleurs », pointe-t-il. Il ajoute que cet équipement permet de gagner trois à cinq ans de durée de vie sur les bétons.

Autres cause aggravante : une densité importante d’animaux dans le bâtiment, qui provoque une compétition et donc de potentielles bousculades, des zones plus humides et donc glissantes ou des boiteries.

Soigner la conception des bétons

Prévention fondamentale : le vétérinaire conseille de soigner les surfaces bétonnées au moment de la construction du bâtiment. « Il est important de ne pas lisser la surface, précise-t-il. L’idéal est de la boucharder lorsque le mélange est frais et de ne pas relisser ensuite. »

Dans le cas contraire, comme il faut attendre un an avant de réaliser une scarification dessus, on peut, comme solution intermédiaire, faire des marques avec un passage de balai ou étaler du sable sur le béton frais pour créer de la rugosité.

Dans le cas où les bétons sont devenus glissants, il existe des solutions. « Le rainurage est de moins en moins pratiqué parce que les vaches glissent quand même dans le sens des rainures, détaille Yannick Saillard. Quant au brûlage, il est moins coûteux que la reprise complète de la surface, mais c’est une solution peu durable ». Celle-ci reste néanmoins valable pour certaines zones des stabulations : aire d’attente autour du robot ou devant la salle de traite, passage entre les logettes.

Scarifier les sols usagés

L’idéal est de scarifier les bétons usagés. « Dans ce cas, il est important de bien nettoyer le sol après l’opération et de vinaigrer la surface ensuite, comme on le ferait avec un béton neuf », rappelle le vétérinaire.

Lorsque le béton est à nouveau usé après des premières interventions de rainurage/scarification, il est nécessaire d’en renouveler la surface. Il est aussi possible d’utiliser de l’asphalte. Différent des enrobés routiers qui contiennent des granulats, il s’applique à la main. Il présente une accroche pour les pieds des vaches, limitant significativement le risque de glissades.

Une autre option consiste à installer des tapis dans les zones usées. « À condition, précise Yannick Saillard, qu’ils ne soient pas durs. Les plus efficaces sont ceux qui contiennent des alvéoles ou des parties creuses. : leur souplesse permet au pied de s’enfoncer en partie et limite la glissance. D’après le vétérinaire, les tapis reviennent à environ 70 € par mètre carré. « Un coût qui peut certes paraître important, concède-t-il, mais qui peut être rapidement amorti s’il réduit drastiquement le risque de chutes ».

Les bonnes pratiques préventives

Outre la qualité du sol dans le bâtiment, Yannick Saillard liste les bonnes pratiques qui préviennent les chutes. Parmi elles, la nécessité de veiller à la santé des pieds de animaux pour éviter les boiteries. Il est donc conseillé de soigner régulièrement les pathologies des pieds et de procéder à un parage régulier.

Le vétérinaire conseille aussi de limiter la densité des animaux en élevage, de disposer de suffisamment de place à l’auge et auprès de l’abreuvoir pour éviter les bousculades et d’isoler les vaches en chaleur. Il invite également les éleveurs à faire sortir le troupeau le plus possible. « Au pré, il n’y a pas de risque de chute. »