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Prédation

Plus de 200 bovins victimes des loups chaque année


TNC le 18/04/2023 à 07:58
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Les attaques de loups envers les bovins se multiplient. (© Pixabay Pixel-mixer)

S'ils ne représentent que 274 victimes sur les 10 348 attaques enregistrées par la Dreal en 2021, la tendance semble se confirmer : le loup aime le bœuf. Bruno Lecomte, éleveur de chèvres dans les Vosges, revient sur les nouvelles inclinaisons du grand prédateur.

Les bovins ne représentent qu’une faible part des victimes des loups : moins de 3 % des attaques mortelles en 2021 d’après les données de la Dreal. Mais cela représente tout de même un nombre conséquent d’animaux. En 2021, 274 bovins étaient victimes du grand prédateur. C’est 50 animaux de plus qu’en 2020. Un phénomène qui ne surprend pas Bruno Lecomte, éleveur Vosgien en croisade contre le plus connu des mangeurs de moutons. « Certes les loups sont de plus en plus nombreux, mais il n’y a rien d’étonnant à les voir s’attaquer à une vache ».

Avec une estimation de 921 loups en France au sortir de l’hiver 2022 par l’OFB, la population lupine est en constante progression. Elle compte 297 individus de plus qu’en 2021, voire davantage selon les dires de ses détracteurs. « Nous sommes dans une logique de minimisation de la population de loups pour ne pas casser la belle image qu’on voudrait lui donner », estime l’éleveur, membre de la communauté « Non au loup » et « L113 ».

Du bœuf au menu du loup

Pour lui, le loup n’est pas qu’un problème de moutons. « On a oublié qu’il attaquait aussi les bœufs et chevaux au XIXsiècle. C’est d’ailleurs ce qui avait motivé sa chasse ». À une époque où la traction animale était la norme, les attaques de loup avaient des répercussions sur l’ensemble des corps de métier.

Et comme les éleveurs ovins redoublent d’efforts pour éviter le loup, certaines meutes se rabattent sur d’autres productions. « Ils recherchent toujours le maillon faible, précise Bruno Lecomte. Parfois, il est plus facile de s’attaquer à un petit veau qu’à un troupeau de moutons avec des chiens de protection. »

Mais les veaux ne sont pas les seuls touchés. Les attaques sur gros bovins sont plus rares mais souvent très impressionnantes, comme en témoignent les images qui pleuvent sur les réseaux sociaux. « Le gros bétail n’est pas un problème pour eux. Ils le font courir jusqu’à ce qu’il s’épuise. Et bien souvent, ils ne cherchent même pas à savoir si l’animal est tué ou pas pour en manger la chair », insiste l’éleveur. 

L’indemnisation compense mal la baisse de production

Pas besoin de grosses pertes pour avoir de lourdes conséquences sur le troupeau. Car une attaque, « c’est du stress pour l’éleveur, comme pour les bovins ». Et le stress, ça n’est pas bon pour l’élevage. Avortement, baisse de production laitière ou encore changement brutaux de comportement sont monnaie courante après les attaques. Et les pertes sont loin d’être compensées. « On est généralement indemnisé pour la perte d’un animal, mais les conséquences sur le niveau de production sont mal prises en compte », déplore Bruno Lecomte.

Face aux attaques, les éleveurs sont démunis. « C’est énormément de travail de mettre en place des clôtures quatre fils », d’autant que le loup franchit aisément les barrières de 1,20 m. Même rengaine pour les chiens de protection. « Ils ne fonctionnent que si les autres n’en n’ont pas », résume l’éleveur vosgien. Si tous les troupeaux environnants sont gardés, le loup s’affranchira du chien. « On rentre très vite dans une surenchère de moyens de protection… ».

Seule solution pour Bruno Lecomte, réguler davantage la population. 19 % de la population de loup peut être prélevée chaque année par les lieutenants de louveterie, soit 174 animaux pour cette campagne. Mesure qui reste insuffisante pour l’éleveur, qui conteste les comptages réalisés par l’OFB.