Perrier: les nouvelles suspensions de forages de Nestlé inquiètent à Vergèze


AFP le 04/07/2025 à 17:30

« Un véritable choc » qui pourrait priver Vergèze des taxes versées pour produire du Perrier : la maire de cette ville du Gard a tiré la sonnette d'alarme vendredi après l'annonce par Nestlé Waters de la suspension de deux forages destinés aux eaux Source Perrier.

Le géant suisse, touché par un scandale sur des traitements passés et illégaux de ses eaux minérales, a exploité dans la zone jusqu’à sept forages pour produire du Perrier.

« J’ai reçu un appel de la direction de Nestlé Waters peu de temps avant la séance (du conseil municipal jeudi soir), m’annonçant la fermeture des deux derniers forages produisant de l’eau minérale naturelle sur le territoire de Vergèze », écrit vendredi la maire Pascale Fortunat-Deschamps sur Facebook. « Deux forages pourtant non pollués et ne présentant aucun risque sanitaire.

Nestlé m’explique avoir fait le choix de ne conserver que deux captages… à Uchaud (commune voisine, ndlr) espérant ainsi obtenir plus facilement, du préfet, le maintien de l’appellation eau minérale naturelle » pour ces deux forages, ajoute-t-elle.

Nestlé Waters a confirmé vendredi à l’AFP avoir « suspendu » deux des quatre forages encore utilisés pour produire de l’eau minérale naturelle. « Nous étudions différentes options pour leur avenir » mais le groupe ne prévoit « pas d’impact sur l’emploi », a précisé une porte-parole.

Nestlé Waters avait annoncé jeudi avoir déposé un dossier de renouvellement d’autorisation pour produire de l’eau minérale naturelle à partir de deux forages situés à Uchaud.

Trois sur sept suspendus

Depuis le début du scandale, le groupe avait déjà suspendu trois forages, dont deux ont été reconvertis pour produire de l’eau aromatisée Maison Perrier, sans l’appellation eau minérale naturelle.

Des contaminations, dont la présence de bactéries « d’origine fécale », avaient été relevées à plusieurs reprises ces dernières années, notamment sur un forage suspendu en avril 2024.

Le groupe affirme avoir remplacé les traitements illégaux par une microfiltration pour assurer la « sécurité alimentaire » des produits.

Quatre forages étaient encore utilisés pour produire du Perrier sous l’appellation eau minérale naturelle bien que la microfiltration utilisée par le groupe ait été jugée par les autorités contraire à la réglementation européenne pour utiliser cette appellation.

Nestlé Waters a ajouté jeudi avoir remplacé son système de microfiltration à 0,2 micron par un système à 0,45 micron, plus large, « conformément aux échanges avec les autorités sanitaires ».

Le groupe espère que ce dernier sera approuvé par le préfet, qui doit décider dans les prochains mois du sort de l’autorisation pour produire de l’eau minérale naturelle.

« La marque Perrier est toujours en sursis : le groupe devra prouver que ce nouveau dispositif de filtration ne modifie pas la qualité de l’eau à la source », a réagi vendredi l’association Foodwatch, qui a porté plainte contre le groupe.

Trois forages sont donc suspendus, deux produisent des eaux aromatisées Maison Perrier et deux sont en attente d’une autorisation pour produire de l’eau minérale naturelle.

Impôt sur les eaux

Le volume d’eau minérale produite sur une commune a un impact direct sur le budget de celle-ci grâce à un impôt appelé « contribution sur les eaux minérales naturelles », qui peut aller jusqu’à 70 centimes par hectolitre.

Entre 2021 et 2024, Vergèze a vu le produit perçu passer de 1,6 million d’euros à 460 000 euros, selon un rapport d’une commission d’enquête sénatoriale sur les pratiques des industriels de l’eau en bouteille, qui a étrillé mi-mai les pratiques de Nestlé Waters et la réaction de l’Etat.

Il y a dix ans, le produit perçu s’élevait à plus de deux millions d’euros tandis que le budget prévisionnel pour 2025 prévoit une contribution d’environ 200 000 euros, illustrant la baisse drastique de production d’eau minérale naturelle dans la commune.

Le produit perçu par Uchaud est passé de 588 045 euros en 2021 à 854 346 euros en 2024.

« Il est impensable que notre commune soit privée des taxes versées par Perrier alors que l’usine est à Vergèze, que c’est la même nappe », s’indigne la maire sur Facebook, disant avoir pris rendez-vous avec Nestlé Waters.

Vergèze s’inquiète aussi pour l’emploi car un plan social est en cours aux Verreries du Languedoc, qui produisent les célèbres bouteilles vertes Perrier, son client quasi-exclusif. Les licenciements, si l’usine gardoise n’est pas reprise, devraient intervenir début janvier.