Oléoprotéagineux dans l’UE : d’ici à 2035, des rendements stables mais des usages en mutation


TNC le 22/08/2025 à 11:08
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D'après les projections de la Commission européenne, la production de soja dans l'UE devrait grimper de 22 % d'ici à 2035. (© Mikhailov Studio, AdobeStock)

Entre impact du changement climatique, contraintes économiques pesant sur l’utilisation des intrants agricoles et essor de l’agriculture de précision, entre baisse de la demande en protéines animales et expansion des biocarburants avancés, la Commission européenne expose ses projections pour le marché des oléoprotéagineux à l’horizon 2035.

Quelles perspectives pour les marchés des oléoprotéagineux européens à l’horizon 2035 ? La Commission s’est penchée sur la question, dans un rapport paru début 2025.

D’après ces projections, on peut, côté offre, s’attendre à des rendements globalement stables : 3,9 % pour le soja, + 1,4 % pour le tournesol, + 0,1 % pour le colza et + 0,4 % pour les légumineuses par rapport à la période 2022-2024.

Des performances plutôt modestes, liées à des contraintes – effets négatifs du climat, prix volatil des engrais, moindre disponibilité des phytos, notamment pour le colza – que devraient compenser l’agriculture de précision, l’amélioration de la santé des sols ou encore les innovations technologiques qui se déploieront dans les années qui viennent, en particulier en matière de protection des plantes.

Les écarts de rendements entre pays de l’UE devraient par ailleurs se réduire à l’avenir.

De son côté, la production totale d’oléoprotéagineux atteindrait 34,8 Mt en 2035, soit une hausse de 2,1 % par rapport à 2022-2024. Cette croissance repose surtout sur le soja (+ 22 %), soutenu par une augmentation des surfaces, des politiques européennes favorables aux cultures protéiques et une demande accrue pour les produits estampillés « sans OGM ».

La production de légumineuses devrait croître de 9,9 %, à 4,9 Mt, tirée par la hausse de la consommation de protéines végétales. La production de graines de tournesol ne progresserait que de 1 %, tandis que celle de colza reculerait nettement (- 10 %), victime de la baisse de la demande en biocarburants.

Recul puis hausse graduelle des prix

Quant aux prix, la Commission projette d’abord un recul par rapport à leur niveau de la période 2022-2024, puis une hausse graduelle, « beaucoup moins rapide qu’entre 2014 et 2024 » : + 1 % par an.

Bien que toujours importatrice nette, l’UE devrait importer moins d’oléoprotéagineux dans dix ans grâce à la hausse de sa production intérieure et à la baisse de ses besoins. Les imports d’oléagineux passeraient à 20,3 Mt en 2035 (- 6,6 %) et ceux de légumineuses à 0,9 Mt (- 27,7 %). Et la consommation humaine de légumineuses grimperait de 17 % par rapport à 2022-2024.

Quid des huiles et des tourteaux ? Selon les projections de la Commission, la trituration des oléagineux devrait ralentir en raison d’une baisse de la demande pour l’alimentation animale et les biocarburants. Les volumes triturés chuteraient à 43,7 Mt en 2035 (- 6 % par rapport à la moyenne élevée de 2022-2024), avec un repli de 12 % pour le colza et de 4,5 % pour le tournesol, mais une hausse de 3,2 % pour le soja.

« La réduction des importations d’oléagineux pourrait conduire à une trituration accrue des oléagineux produits localement », ajoute le rapport.

La consommation des huiles végétales dans l’UE est attendue en baisse d’ici à 2035, passant de 21,4 Mt à 17,4 Mt (- 19 %). Cette baisse sera surtout liée au recul de l’usage énergétique (- 35,6 %), notamment pour l’huile de palme et l’huile de colza, supplantées par les biocarburants avancés. Tandis que l’usage alimentaire restera stable, avec même une légère hausse pour l’huile de tournesol (+ 2,2 % par rapport à 2022-2024).

Enfin, la demande en tourteaux pour l’alimentation animale devrait reculer à 46,8 Mt en 2035 (- 0,9 %), surtout pour les tourteaux de tournesol et de colza, sous l’effet de la baisse de la production animale, des progrès en sélection génétique et du développement de l’élevage bio.