Maëlle Hameau : « Je fais tout pour pérenniser seule la ferme familiale »
Alimentation et fourrages le 29/12/2016 à 17:25
Au départ en retraite de son père, Maëlle Hameau a décidé de tout quitter pour lui succéder à la tête de la ferme familiale, à Montenay, au nord de la Mayenne. Malgré les difficultés financières liées à la crise laitière et à la conversion de lexploitation en production biologique, la passion et la motivation de lagricultrice restent intactes. Témoignage.
« Cela fait six ans que je suis revenue à la ferme. Celle de mes parents et, avant eux, de mes grands-parents. J’étais partie pour faire autre chose à la base. Mais au départ en retraite de mon père, je ne pouvais pas imaginer qu’il n’y aurait peut-être plus de vaches au Gaec de l’Armentiais. La passion de ce métier m’a rappelée. J’ai alors tout quitté pour enfiler ma paire de bottes et revenir travailler sur l’exploitation.
Actuellement, l’exploitation compte 61 ha en location et un troupeau d’une quarantaine de vaches de race normande. A mon installation, la production laitière était de 288 000 litres. Mais je suis aujourd’hui en phase de conversion biologique. La production va progressivement être réduite à 220 000 l.
Depuis fin mars 2016, mon associé est lui aussi parti en retraite. Je suis donc seule à m’occuper de l’exploitation. Et surtout, le plus difficile est de convertir l’exploitation en production biologique avec un prix du lait au ras des pâquerettes. Mais j’ai demandé de l’aide auprès de ma banque avant que ce ne soit trop tard, pour pouvoir assurer les investissements nécessaires à la modernisation de la ferme. J’ai dû investir dans une nouvelle désileuse et une pailleuse plus maniable. J’ai fait réaliser du terrassement pour améliorer le passage des vaches, modernisé mon couloir de contention.
Pour tous ces investissements indispensables, j’ai également lancé une campagne de financement participatif sur Miimosa, à hauteur de 3 000 . Le résultat a été bien au-dessus de mes attentes puisqu’une centaine de contributeurs ont soutenu mon projet à hauteur de plus de 8 000 .
La banque aussi m’a suivie, mais je pense que le passage en production biologique a aidé à faire passer mon dossier.
Concernant la main-d’uvre, je n’ai pas cherché à remplacer mon associé parti en retraite. La relation fut un peu compliquée et j’ai un peu peur aujourd’hui de repartir sur une association. A moins d’une bonne rencontre avec quelqu’un qui partage les mêmes objectifs que moi.
En attendant, je me fais aider. Je n’y arriverai pas toute seule. J’embauche régulièrement quelqu’un qui est à son compte. Et mon père vient tous les jours pour m’aider et me conseiller. Plus tard, si je le peux financièrement, je prendrai un salarié à mi-temps.
Avec la conversion, je dois aussi faire évoluer mon système fourrager. Auparavant, j’avais un système assez classique à base de maïs ensilage, d’ensilage d’herbe, de foin. Mon système était tout de même déjà tourné vers l’herbe, avec un pâturage tournant en place et une superficie de maïs limitée à 10 ha. Dès 2016, j’ai réduit drastiquement le maïs au profit de l’herbe pâturée et fauchée. L’an prochain, je compte faire du méteil en grains, pour un meilleur apport d’énergie. En étant seule sur l’exploitation, il est difficile d’être totalement autonome sur le système fourrager, tant il y a de choses à faire. Je préfère viser un système plus simple avec un maximum d’herbe, mais je me laisse la possibilité d’acheter un peu d’aliment.
Six ans après mon installation, la situation est délicate. J’ai un bel emprunt sur le dos, des investissements qui n’étaient pas prévus, une conversion à réussir avec un prix du lait au plus bas. En clair, il ne faut pas que je me loupe. Je suis seule pour supporter tout ça, mais je suis encore là !