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Production fourragère

Les méteils fourragers précoces, un potentiel à haute valeur alimentaire


TNC le 08/11/2023 à 05:01
photometeilsArvalis

Les méteils fourragers récoltés précocement constituent un fourrage riche en MAT. (© Arvalis)

Intégrer 30 ou 50 % de méteil riche en protéagineux à la ration des vaches laitières. Arvalis a testé ces deux modalités pendant deux ans et montre que la ration à 30 % de méteil est celle qui présente les meilleurs atouts. À condition de prendre quelques précautions pour le conserver.

Cultures fourragères d’hiver ou de printemps, productives, régulières et surtout modulables selon les besoins, les méteils ne manquent pas d’atouts. Antoine Buteau et Hugues Chauveau, spécialistes des fourrages, ont présenté les dernières expérimentations d’Arvalis sur le sujet au cours du Sommet de l’élevage. Ils ont suivi plusieurs essais de méteils cultivés en dérobée et récoltés avant fin mai, avec une forte proportion de protéagineux (67 % en moyenne).

Des précautions pour la récolte

De manière logique, la teneur en matière sèche est d’autant plus faible que le pourcentage de protéagineux est plus élevé et le stade de récolte plus précoce. En moyenne, 13,6 % de matière sèche sur pied dans les cultures concernées par l’expérimentation. Dans ces conditions, le méteil présente l’avantage d’être riche en MAT. Mais il est aussi difficile à récolter et à conserver. Le préfanage est donc obligatoire.

Différentes modalités de préfanage ont été testées. Les meilleurs résultats ont été obtenus avec une fauche conditionnée, coupée à 8 – 10 cm de haut puis une reprise en l’état pour ensilage ou enrubannage. Les andains sont ainsi plus faciles à reprendre. Le fanage est fortement déconseillé, pour ne pas contaminer le fourrage avec de la terre, ni perdre les feuilles.

Reste la constitution du silo. Avec des taux de matière sèche bas, il y a un fort risque d’écoulement de jus, qui représente autant de perte de matière organique et d’azote. On peut aussi craindre des fermentations acétiques et butyriques.

L’idéal, pour limiter ces phénomènes autant que pour garantir la meilleure ingestibilité par la suite, est de parvenir à 30 % de matière sèche. Cela nécessite le plus souvent 72 heures entre la fauche et la récolte. Antoine Buteau et Hugues Chauveau conseillent aussi l’ajout de bactéries homofermentaires, qui font rapidement baisser le pH et limitent les risques de fermentations indésirables.

30 % de méteils pour une ration efficace

Pour ce qui est de l’utilisation de ces méteils, des essais ont été réalisés, en 2022 et 2023, sur des laitières en milieu de lactation. Deux rations ont été comparées à la ration habituelle : l’une avec 30 % de méteil, l’autre avec 50 %.

Sur le plan technique, les résultats montrent une seule différence : les taux ont été légèrement pénalisés en 2022 avec la ration à 50 %. Mais ils ne l’ont pas été 2023. Sur toutes les autres modalités, il n’y a pas de différence significative entre les rations.

Quant à l’optimum économique, il est obtenu avec la ration à 30 % de méteil. En 2022, elle a permis de baisser de 5 €/1 000 litres le coût alimentaire et d’augmenter la marge sur ce coût de 4 €/1 000 litres. En 2023, il n’y avait pas de différence.

Antoine Buteau et Hugues Chauveau concluent de ces essais que « les méteils récoltés précocement présentent une valeur nutritive en vert intéressante ». La réussite de leur conservation par ensilage nécessite cependant d’atteindre, idéalement, entre 30 et 35 % de matière sèche et au minimum 28 %. Il faut donc une fenêtre météo favorable d’au moins 72 heures, ce qui peut ne pas être le cas en mai.