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Entretien des prairies

Les espèces à sursemer pour donner un coup de jeune à sa prairie


TNC le 21/03/2024 à 10:51
Prairiesursemis

Arvalis conseille de réaliser ses sursemis à l'automne pour un meilleur résultat, si les conditions climatiques le permettent. (© Arvalis)

Plutôt que de resemer ses prairies, le sursemis est une solution à moindre coût. Mais pour le réussir, il est essentiel d’analyser les causes à l’origine de la dégradation de la parcelle, et de sélectionner les bonnes espèces pour un sursemis agressif et durable.

Sur les prairies où 15 à 30 % du sol est à nu, et avec moins de 40 % de bonnes espèces, le sursemis peut être envisagé. Bon compromis, il permet de rallonger la durée de vie des prairies à moindre coût. « Cela coûte deux fois moins cher qu’une rénovation avec labour », précise Pauline Hernandez, conseillère à la Chambre d’agriculture de l’Indre, à l’occasion d’un webinaire de l’Institut de l’élevage.

Quelles espèces choisir ?

« Les maîtres-mots, quand on pense à sursemis, sont l’agressivité et la pérennité », résume Cédric Pasquier, responsable semence chez Cerience. Et pour cause, les nouvelles espèces sont en concurrence avec la flore implantée. « Souvent, une espèce très agressive, comme le ray-grass italien ne va pas durer très longtemps. Inversement, les dactyles et fétuques dureront longtemps mais sont longs à s’implanter et sont en concurrence avec les plantes de la parcelle ».

On privilégie alors les ray-grass hybrides, ou anglais en graminées, et les trèfles violets et blancs pour les légumineuses. Mais il ne faut pas se limiter à l’espèce. « Il y a des trèfles blancs géants, nains et intermédiaires. Autant aller vers les géants qui sont beaucoup plus agressifs ». Attention donc à la rapidité d’installation et de couverture du sol pour limiter la concurrence avec les adventices.

Les mélanges multi-espèces augmentent aussi les chances de réussite, à condition de penser son désherbage à l’avance : « si l’on va faire un anti-dicotylédones parce qu’il y a des chardons dans ma prairie, il est peut-être judicieux de partir sur un sursemis avec uniquement des graminées et passer sur des légumineuses dans quelques années lorsque l’on maîtrisera mieux la pression adventices ».

Certaines espèces, comme la fétuque et le dactyle sont plus pérennes, mais également plus lentes d’installation. « Elles sont adaptées au changement climatique, avec un développement racinaire qui leur permet d’aller chercher de l’eau en profondeur, mais il faut trouver un itinéraire technique pour savoir les implanter », tempère Carole Gigot, ingénieure fourrage chez Arvalis.

Quelle que soit l’espèce, il faut respecter les doses de semis : « on ne sème pas à demi-dose », tranche Cédric Garnier. Il faut que le peuplement soit suffisamment important sur les parties où il y a des trous. En bref : « viser 25 ou 30 kg/ha ».

Quand intervenir ?

À l’automne, mieux vaut ne pas intervenir trop tôt pour éviter la sécheresse, mais pas trop tard non plus ! Les premiers gels pourraient être néfastes. « Les légumineuses doivent atteindre le stade trois feuilles trifoliées pour supporter les premiers gels », explique Carole Gigot. Idéalement, le sursemis doit recevoir 10 à 30 mm dans les deux semaines encadrant le semis.

Le sursemis de printemps est plus hasardeux. Le redémarrage de la prairie fait que les variétés semées auront du mal à prendre le dessus.

Comment préparer sa prairie ?

Il faut tout d’abord ouvrir le couvert prairial, avec par exemple une herse de prairie. Un large panel de matériel est possible : du semoir à semis direct à l’utilisation de la herse rotative. Attention toutefois à ne pas trop ouvrir les sols argileux, et dont le couvert peinera à se refermer.

Mieux vaut également intervenir sur une végétation rase (3 à 4 cm de hauteur) pour éviter autant que possible la concurrence entre les graines et la végétation en place.

Post-semis, un rappuyage (rouleau ou piétinement d’animaux) permet de maintenir la végétation rase pour donner accès à la lumière aux plantules.

« Les résultats sont très dépendants de l’état initial de la parcelle et du contexte pédoclimatique », constate Carole Gigot. Le diagnostic initial est donc une étape clé pour réussir la rénovation de prairie. D’autant que le sursemis a l’inconvénient de lever la dormance d’une partie du stock grainier de la prairie, et certaines espèces indésirables peuvent ainsi se développer.