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Rémunération des éleveurs laitiers

Les éleveurs laitiers dans le bas du classement des revenus agricoles


TNC le 12/12/2022 à 04:59
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Au vu des astreintes générées, la rémunération des éleveurs laitiers est considérée comme insuffisante. (©TNC)

A l'occasion des rencontres autour des recherches sur les ruminants, Christophe Perrot, agro-économiste à l'Institut de l'élevage a fait un point sur le revenu des producteurs de lait de vache français. Le résultat courant avant impôt des producteurs de ruminants figure parmi les plus bas en comparaison aux autres productions agricoles.

Sur les dix dernières années, « le revenu des éleveurs laitiers est parmi les plus bas en agriculture », constate Christophe Perrot lors d’une présentation à l’occasion des rencontre 3R, « alors que la production laitière est exigeante et intensive en travail ».

Un revenu agricole parmi les plus bas

Avec un revenu disponible de 18 100 € / UMO net de cotisation en 2020, le revenu des producteurs laitiers est inférieur au salaire médian français, qui se situe à 22 200 €. 39 % des éleveurs parviennent cependant à dépasser ce seuil sur la période 2010 – 2020. « En 2022, le revenu laitier devrait être revalorisé, mais il reste en décalage par rapport à ce qui est observé en Europe du Nord » projette l’économiste.

Le RCAI (résultat courant avant impôt) par UTA non salariée pour les exploitations en bovin lait a été de 25 100 € en moyenne sur les dix dernières années (en euro constant de 2020). Ce résultat cache cependant une forte disparité, avec un premier décile proche des 0 €, et un dernier décile atteignant les 50 000 €. « Les éleveurs ruminants figurent en bas du classement des résultats agricoles par rapport aux autres productions », commente Christophe Perrot. En dernière position du classement se trouvent les éleveurs de bovins viande, avec un RCAI par UTA non salarié de 18 400 €. La moyenne pour l’ensemble des productions agricoles se situe à 29 600 € pour la période 2010 – 2020.

La production laitière présente également la plus faible dispersion de revenu. « Il y a une assez grande homogénéité de ce que recouvre le bovin lait par rapport à d’autres productions, comme le maraîchage », explique l’agro-économiste de l’Institut de l’élevage. 

L’alimentation, facteur limitant du revenu

Le coût alimentaire est le premier facteur limitant du revenu des exploitations laitières. « L’autonomie alimentaire en France coûte cher, ou n’est pas assez rémunérée par le marché » et pèse d’autant plus sur les petites structures, qui peinent à se mécaniser en restant compétitives. « Lorsqu’on compare aux mille litres les coûts des systèmes d’alimentation européens, on se rend compte que c’est parfois plus cher de produire des fourrages en France, que d’utiliser des concentrés à bas coût dans certains pays. Cultiver 1 ha de maïs à 8 t de MS/ha à 5 ou 10 km de sa ferme, ça peut être plus cher qu’importer une tonne d’aliments de Rotterdam pour un éleveur d’Europe du Nord », poursuit Christophe Perrot.

Des revenus plus hétérogènes avec la fin des quotas

La fin des quotas laitiers s’est traduite par une évolution hésitante de la collecte du fait d’une rentabilité insuffisante. Elle a également induit un étalement de la distribution des revenus disponibles. Entre 2000/01/02 et 2017/18, le revenu disponible pour le quartile inférieur a reculé de 14 % en euro constant. Le revenu du quartile supérieur a quant à lui progressé de 17 %.