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Santé mamelle

Le vaccin : une arme de plus contre les mammites


TNC le 23/02/2021 à 06:02
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Limiter le nombre de mammites dans son troupeau demande une stratégie globale. Parmi les leviers à actionner, certains éleveurs testent la vaccination.

Dans les troupeaux de vaches laitières, la mammite clinique est l’affection la plus fréquente. Et même lorsqu’elle n’est que subclinique, elle a un impact économique important. Pour combattre les mammites tout en réduisant le recours aux antibiotiques, la vaccination semble une bonne piste. Mais une piste longue et difficile. Déjà par la diversité des bactéries à l’origine des mammites. La biologie de la mamelle offre, pendant la lactation, un milieu propice au développement des bactéries qui y pénètrent. De plus, son épithélium n’est pas protégé par un mucus capable de concentrer les anticorps.

Le laboratoire espagnol Hipra combat les mammites grâce à deux vaccins :

– Autorisé depuis 2009, StartVac© cible les staphylocoques et les colibacilles (E. coli).

– Disponible depuis début 2019, Ubac© agit lui contre Streptocoques uberis, l’autre germe majeur des mammites.

« Attention, prévient Ivanne Leperlier, vétérinaire conseil à GDS Bretagne, ces vaccins ne permettent pas d’éradiquer complétement les mammites. Les essais publiés montrent qu’ils peuvent en diminuer la gravité et la réponse leucocytaire. »

Estimer le retour sur investissement

Pour évaluer l’intérêt d’une stratégie vaccinale sur son troupeau, il faut commencer par déterminer les bactéries à l’origine des mammites et vérifier qu’elles sont bien couvertes par le vaccin. Dans de nombreux cas, les deux vaccins seront préconisés pour couvrir un spectre large.

Comptez environ 30 €/vaccin, avec un objectif de diviser le nombre de mammites par 2.

Le chiffre de 230 € est souvent annoncé comme « facture » d’une mammite clinique. Face au coût des vaccins, une trentaine d’euros chacun, le calcul de rentabilité se fait avec l’objectif de diviser le nombre de mammites par deux.

Dans ses essais, le laboratoire Hipra avance 50 % de mammites en moins avec Ubac© (5,5 % de mammites dans les lots vaccinés contre 10,7 % dans les lots placebo). Le calcul intégrera le nombre annuel de mammites mais aussi les pénalités sur le lait, les réformes anticipées… Autre élément à intégrer dans sa prise de décisions : les contraintes du protocole qui demande trois injections, deux en fin de gestation, une en début de lactation, puis des rappels pluriannuels. « Le laboratoire autorise les vétérinaires à adapter le protocole pour grouper les vaccinations, ce qui simplifie le travail de l’éleveur », tempère Ivanne Leperlier.

Le vaccin en fin de stratégie

« L’origine des mammites est toujours multifactorielle, rappelle la vétérinaire. Pour être efficace, il faut actionner tous les leviers pour réduire la pression bactérienne. » La vaccination s’inscrit en complément d’un programme complet et cohérent de lutte contre les mammites : hygiène et places au couchage, hygiène de traite, fonctionnement de l’installation de traite, stratégies de soin.

« C’est un moyen supplémentaire pour maitriser les mammites », estime la vétérinaire. La vaccination s’adresse par exemple aux situations de mammites chroniques, aux élevages fragiles en niveau cellulaire pour optimiser et sécuriser, en traite robotisée, aux élevages qui connaissent une période transitoire avec un sureffectif en bâtiment.

L’avis de l’éleveur

Au Gaec du Pont Ménard, dans le Morbihan, la vaccination s’est ajoutée à différentes mesures mises en place pour réduire le nombre de mammites. « Pour des aspects de confort de couchage, notre nouveau bâtiment a été construit avec une aire paillée », expliquent Jannick et Emmanuel Menier.

En agrandissement de troupeau, les éleveurs ont souhaité rester en aire paillée pour un meilleur confort. (©TNC)

À l’agrandissement du troupeau par des achats d’animaux à l’extérieur, l’éleveur et son associé ont connu deux années difficiles pendant lesquelles le nombre de mammites s’est envolé. « Pour y remédier, avec l’aide du GDS, nous avons travaillé sur nos pratiques de traite, retrace l’éleveur. Nous avons réformé les vaches à problème. Pour assainir l’aire de couchage, nous avons testé différentes litières. Nous avons amélioré la ventilation du bâtiment. »

Le protocole de vaccination demande trois injections.

Il y a deux ans, la vaccination est venue compléter ces mesures. « C’est contraignant la première année, reconnait Jannick Menier. Il ne faut pas oublier les génisses, les rappels. » Mais l’ensemble de ces efforts ont porté leurs fruits. « Nous avons moitié moins de mammites », apprécient les éleveurs.