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Opti’Pâture

Le mélange ray-grass et trèfles, « une valeur sûre pour le rendement des prairies »


TNC le 26/03/2024 à 04:58
HolsteinaupAturage

Pour assurer le rendement des prairies, Opti'Pâture insiste sur l'importance du déprimage. Une manière de favoriser le tallage des graminées et l'implantation des stolons. (© TNC)

Pour maximiser le rendement de vos prairies, Opti’Pâture donne sa recette de pâturage intensif. Tallage, enracinement des stolons… Thomas Mauger explique comment maîtriser chaque stade clé de la culture pour tirer le meilleur profit de sa prairie.

Thomas Mauger, conseiller chez Opti’Pâture, veut redonner ses lettres de noblesses à la culture de l’herbe. Pour lui Ray-gras anglais et Trèfles blancs sont les princes des prairies, mais encore faut-il savoir les apprivoiser. Et si les nouvelles fourragères ont le vent en poupe, elles ne détrônent pas encore les espèces traditionnelles aux yeux du conseiller, qui sillonne l’Est de la France, de la Meuse au Nord des Alpes. « La température excessive l’été pose vite problème avec le trèfle, mais la production annuelle reste — pour l’instant — meilleure qu’avec les nouvelles espèces ».

Mais il n’est pas exclu que le changement climatique rebatte les cartes dans les années à venir. « On dit souvent que le ray-grass arrête de pousser lorsque l’on dépasse les 25°C, mais on oublie souvent de préciser que l’on parle de la température du sol, pas de l’air », rappelle le conseiller. Tant que la terre garde de l’humidité, le sol reste frais et permet à la plante de se développer.

Valoriser les graminées au bon stade

« En ce moment, les ray-grass redémarrent, et reconstituent leurs réserves racinaires », constate Thomas. Dès que la première feuille pointe le bout de son nez, elle décuple les capacités photosynthétiques de la plante et la pousse explose. Le ray-grass accumule de l’énergie qu’il utilise pour développer ses racines, et se structurer en porte graine. C’est justement entre ces deux phases que l’éleveur doit intervenir. « C’est là que la valeur alimentaire du fourrage est la plus équilibrée pour les bovins », résume Thomas. Plus l’on attend, plus la teneur en lignine sera importante et moins la plante sera digestible.

« Un ray-grass n’a jamais que 3 feuilles vivantes, poursuit le pro du pâturage. S’il lance la production de sa quatrième feuille, c’est qu’une autre va mourrir ». Les bords de route en témoignent : faute de fauche, les feuilles du bas meurent pour laisser place à celles du dessus. La pousse explosive du début de printemps laisse place à une pousse structurée, organisée pour permettre à la plante de supporter les futurs épis. « Il faut arriver à pâturer avant ce phénomène pour toujours avoir des plantes vivantes en totalité sur la parcelle ». Laisser l’herbe monter à graine au printemps, « c’est perdre 20 % du rendement annuel de la parcelle ». La plante alloue alors toute son énergie à la reproduction, plutôt qu’à la production de matière sèche.

Favoriser le tallage

Si le pâturage précoce permet de maximiser le rendement, quid du renouvellement des prairies ? Pour l’expert, le tallage se suffit à lui seul. « Le renouvellement des prairies se fait à 90, voire 95 %, via le tallage ». Mais encore faut-il travailler sa prairie pour le favoriser. Et pour cela, Thomas Mauger compte sur le pâturage. Car pour taller, le ray-grass a besoin de lumière. Un déprimage précoce permet alors de donner de la lumière à la base violette de la plante, présente au ras du sol. « Si la base ne voit pas le soleil, ça ne tallera pas », tranche le conseiller. Le sol ne s’en réchauffera que plus vite, et la production pourra démarrer.

Favoriser l’implantation des stolons

Le ray-grass gagne à être accompagné du trèfle. Mais la principale problématique de la culture reste son implantation à long terme. « Il faut réussir à avoir un couvert dense, homogène et riche en légumineuses sur toute la parcelle », résume Thomas. Le trèfle génère un tissu racinaire sous forme de pivot, qui vient déstructurer le sol, et créé des ramifications qui conquièrent la prairie. Mais si l’on ne fait rien, les stolons restent attachés au pied mère, et la plante s’amenuise au fil des pâturages. L’objectif, « c’est de faire en sorte que les trèfles forment de nouvelles racines pour créer de nouveaux pieds ». « S’il y a 60 à 70 % de trèfle à l’œil, le couvert représente l’idéal alimentaire des ruminants, avec environ 30 % de la matière sèche totale issue de la légumineuse ».

Encore une fois, le conseiller voit dans le pâturage une manière de faciliter l’implantation des stolons. « En poussant, le ray-grass soulève doucement les stolons. Un pâturage ras au printemps, aux environs des 3 cm, permettra de dégager le sol, et de rappuyer les stolons pour favoriser le développement des racines ».

Mais la culture reste exigeante, et il est plus ou moins facile de l’implanter selon la nature des sols. « Il faut viser un pH supérieur à 5,3 pour favoriser son développement. Dépasser les 6 de pH permettra à la plante de s’épanouir totalement ». Côté pluviométrie, la plante voit vert à partir de 40 mm par mois, et exprime pleinement son potentiel avec 60 mm.

Miser sur la complémentarité avec le trèfle

L’intérêt du trèfle est double. Sa valeur alimentaire permet d’équilibrer la ration pâturée, et sa capacité à fixer l’azote aide le ray-grass à se développer. Mais encore faut-il favoriser cette symbiose. « Le trèfle n’apporte pas d’azote dans toutes les conditions », alerte Thomas Mauger. Il faut déjà que la plante ait besoin d’azote. « La fixation symbiotique se fait par association entre la plante, et le rhizobium, une bactérie du sol. S’il y a déjà suffisamment d’azote pour la culture, elle n’a pas besoin de développer des stratégies pour en trouver ! ». Entre le trèfle et le rhizobium, c’est donnant donnant. Si la bactérie apporte de l’azote, qu’elle capte dans l’air pour la rendre disponible au trèfle, la plante fournit au rhizobium un substrat carboné issu de la photosynthèse qui lui permet de se développer. Pour savoir si vos trèfles captent de l’azote, rien de plus simple : « il faut couper les nodosités et regarder leurs couleurs. Si elles sont légèrement rosées, c’est qu’il y a fixation d’azote ».

Mais il n’y a pas que les trèfles qui apportent de l’azote ! « 80 % l’azote ingéré est restitué sous forme de bouses et pissats ». En bref, les bovins au pâturage sont de véritables épandeurs, et l’objectif de l’éleveur doit être de les faire aller là où il en a besoin. Plus la parcelle est petite, et mieux sont répartis les points d’eaux, plus la répartition des effluents sera homogène. « On remarque parfois que les abords de point d’abreuvement sont souvent sales, mais c’est aussi parce qu’il y a généralement un excès d’azote sur ces zones, voir un sur-pâturage qui favorise le développement d’une flore indésirable », conclut Thomas.