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Recherche animale par fistulation

Le groupe Avril et l’Inra répondent aux accusations de l’association L214


TNC le 20/06/2019 à 18:06

Dans une nouvelle vidéo, l'association abolitionniste L214 dénonce la pose de hublots sur l'estomac de vaches dans un centre de recherche sarthois du groupe Avril. Le groupe, mais aussi l'Inra, qui utilise ce procédé, justifie son usage pour la recherche animale.

Avec la collaboration de Nagui, le présentateur de France 2 qui a, à plusieurs reprises, défendu dans ses émissions l’abandon de la consommation de viande, l’association abolitionniste L214 a diffusé jeudi 20 juin une vidéo montrant quelques vaches équipées d’un hublot sur leur flanc. Elle a été tournée dans le centre de recherche sur la nutrition animale de Sourches, dans la Sarthe, appartenant à Sanders, la filiale d’Avril. Les vaches sont « fistulées – leur estomac est perforé d’un trou de 15 cm de diamètre – pour étudier leur digestion », indique L214 dans un communiqué, jugeant que les conditions de vie des animaux étudiés dans ce centre sont « déplorables ».

L’association y va de ses commentaires pour mieux toucher les émotions du public. « Pire, ces recherches, destinées à booster toujours plus la productivité des animaux via leur alimentation, ont aussi des conséquences sur l’ensemble des animaux d’élevage qui se verront appliquer le même régime alimentaire à l’origine de nombreux problèmes de santé: boiteries, déficiences pulmonaires ou cardiaques, troubles digestifs ou encore inflammations de la peau, épuisement de l’organisme ».

Le groupe Avril a vivement dénoncé cette accusation. Il a « déploré une nouvelle fois la manipulation d’images montées, tournées de nuit à des fins sensationnalistes ». Il assure que le procédé dit de fistulation, « employé depuis longtemps en recherche animale », est utilisé au sein du centre d’expérimentation de Sourches « sur six vaches », et « fait l’objet de recherches devant permettre la mise en place de pratiques alternatives ».

« En France, ce procédé est encadré par la réglementation et fait l’objet d’une autorisation du ministère en charge de la recherche », indique le groupe. De plus, il « s’accompagne d’un suivi vétérinaire extrêmement rigoureux et représente à l’heure actuelle l’unique solution permettant d’étudier la digestion des protéines végétales », ajoute Avril.

À lire : Étude – Écouter les animaux d’élevage pour assurer leur bien-être

Étudier la complexité du tube digestif des ruminants

Ces dispositifs « permettent l’accès au tube digestif des ruminants, qui est extrêmement complexe avec ses quatre estomacs », explique Jean-Baptiste Coulon, président du centre Inra Auvergne-Rhône-Alpes dans lequel les chercheurs travaillent avec cette technique. « Pour comprendre ce fonctionnement et répondre à un certain nombre de questions liées à l’environnement, l’alimentation et la qualité des produits, on ne peut pas se contenter de regarder ce qui rentre et ce qui sort, car alors les informations ne sont pas adaptées aux questions qu’on se pose », souligne-t-il.

La pose de la canule se déroule sous anesthésie et dans une salle d’opération, indique le chercheur qui assure que durant leur vie, plutôt plus longue que la moyenne pour une vache, les « animaux sont en état de bien-être normal. On le vérifie, sinon éthiquement on ne le ferait pas et en plus nos expériences n’auraient pas de valeur scientifique ».

L’Inra travaille avec une trentaine de vaches, mais est en phase de réduction puisque c’est « deux fois moins qu’il y a 10 ans ». « Nous travaillons en parallèle à trois types d’alternatives possibles : utiliser des modèles mathématiques, faire des expériences in vitro et tirer parti des capteurs et autres outils électroniques connectés », indique M. Coulon.

L214 a affirmé en outre qu’elle « porte plainte contre ce centre d’expérimentation, interpelle le gouvernement sur ces pratiques et l’invite à interdire ces recherches, qu’elles soient privées ou publiques ». Le procureur de la République du Mans, Fabrice Bélargent, a déclaré à l’AFP avoir reçu jeudi la plainte par courriel.