Le gouvernement va assouplir les conditions de tirs de défense contre les loups


AFP le 28/05/2025 à 18:42

Le gouvernement va permettre aux éleveurs bovins d'opérer des tirs de défense contre les loups pour protéger leur troupeau même lorsque celui-ci n'aura pas été déjà attaqué, un nouvel assouplissement avant le déclassement de l'espèce, a annoncé mercredi la ministre de l'Agriculture Annie Genevard.

Interrogée par le sénateur de Corrèze Daniel Chasseing (Indépendants) après plusieurs attaques contre des troupeaux de brebis dans son département, la ministre a annoncé la mise en consultation d’un arrêté jusqu’au 10 juin, qu’elle signera avec son homologue de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher.

Ce texte « permettra de pouvoir opérer des tirs, dans les espaces où les troupeaux sont menacés, même lorsqu’il n’y aura pas (eu) d’attaque pour qu’on entre vraiment dans une logique de régulation », a-t-elle déclaré devant les sénateurs lors des questions au gouvernement.

Auparavant, le troupeau devait avoir été attaqué au moins une fois dans les 12 derniers mois. « Au 12 mai 2025, ce sont déjà 759 attaques et 2 617 bêtes prédatées. Les préjudices sont considérables », a déclaré la ministre.

Un assouplissement en application de la récente LOA

Cet arrêté viendra en application de la loi d’orientation agricole adoptée en début d’année qui prévoit que « compte tenu de l’absence de moyens de prévention efficaces disponibles, des tirs contre les loups peuvent être autorisés pour la protection des troupeaux de bovins, d’équins et d’asins (ânes), sous réserve que des démarches en matière de réduction de la vulnérabilité de ces troupeaux aient été engagées par les éleveurs ».

L’arrêté ne s’appliquera pas aux éleveurs ovins et caprins, et le tir reste un tir de défense sur les territoires de prédation avéré « où les troupeaux sont difficilement protégeables », a précisé le ministère à l’AFP.

Le projet d’arrêté liste une dizaine de mesures « de réduction de la vulnérabilité » à la disposition des éleveurs (vêlage en bâtiment, rassemblement des troupeaux surtout la nuit, inspection et visites fréquentes, etc.) pour justifier ensuite des tirs.

Selon l’ONG France Nature Environnement, qui appelle à exprimer un avis défavorable à l’arrêté, cinq de ces mesures « ne sont aucunement de nature à réduire la vulnérabilité des troupeaux, et ouvrent la possibilité d’autorisation de destruction de loup alors que les troupeaux ne sont en réalité pas protégés ».

Pour la ministre, « l’espèce est désormais dans un bon état de conservation et nous pouvons affaiblir sa protection ». Le Conseil de l’UE doit entériner début juin le déclassement du loup d’espèce « strictement protégée » à « protégée » voté par le Parlement européen début mai et qui facilitera les tirs et l’abattage.