Accéder au contenu principal
Nouveau plan loup

Le gouvernement finalise le plan loup avec des règles de tir assouplies


AFP le 21/02/2024 à 15:45

Le gouvernement a annoncé mercredi avoir finalisé le nouveau plan loup avec, comme souhaité par les éleveurs, des règles assouplies pour tirer sur les bêtes menaçant les troupeaux, au grand dam d'associations de défense de l'environnement.

« Nous aurons un arrêté de tir d’ici la fin de semaine, qui est simplifié conformément aux demandes qui avaient été formulées par beaucoup d’éleveurs », a déclaré le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau mercredi lors d’une conférence de presse organisée à trois jours du Salon de l’agriculture, dans un contexte de fronde du monde paysan.

Selon le ministre, le plan loup 2024-2029 a été présenté mardi « dans sa version définitive ». La préfecture d’Auvergne-Rhône-Alpes l’a décrit dans un communiqué comme un plan « soucieux de la préservation de l’élevage extensif et pastoral » grâce notamment à « un protocole de tirs révisé », une nouvelle « méthode d’estimation de la population lupine » ou encore « une revalorisation de 11 à 32/33 % des barèmes d’indemnisation des pertes directes des éleveurs touchés ».

Censé représenter un « tournant » vers un « meilleur équilibre » entre protection des troupeaux et conservation de cette espèce menacée, ce texte doit remplacer le précédent plan expiré depuis fin 2023.

« Il y a des avancées et des choses positives (….) nous restons prudents, mais ces annonces vont dans le bon sens », a réagi auprès de l’AFP Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine (FNO), branche spécialisée de la FNSEA.

« Nous cherchons simplement à protéger nos troupeaux », a-t-elle ajouté en indiquant que la FNO serait reçue mercredi après-midi au ministère « pour préciser » le plan. Il n’a pas été possible d’obtenir de détails sur ce rendez-vous.

De leur côté, les associations de défense de l’environnement, qui avaient claqué la porte des négociations à l’automne dernier, se disent « déçues » et « inquiètes ».

« Simplifier les tirs, c’est envoyer un très mauvais signal et ce n’est pas acceptable », a fustigé auprès de l’AFP Cédric Marteau, directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), qui dit « réfléchir aux moyens de contrer » le plan et l’arrêté, y compris par la voie judiciaire.

« Méthode de dingues »

« Cela va conduire à pouvoir tirer sur davantage de loups et cela nous inquiète particulièrement, car on sait que les éleveurs ont pour ambition d’augmenter le quota de loups » à abattre chaque année, a indiqué Sandrine Bélier de l’association Humanité et Biodiversité.

Augmenter les tirs, « ça ne réglera absolument pas le problème », selon elle.

« Pire, ça risque même de l’aggraver en dispersant davantage les meutes, ce qui entraînera davantage d’attaques de loups solitaires », renchérit M. Marteau.

Ces deux associations dénoncent par ailleurs la « méthode de dingues » selon eux du gouvernement.

« On nous a fait croire que le débat était ouvert, mais ni la consultation publique ni l’avis du Conseil national de protection de la nature (CNPN) n’ont été pris en compte. On a l’impression de prêcher dans le vent », déplore Cédric Marteau, appelant au lancement d’un « vrai débat public » et à « écouter davantage ce que dit la science » plutôt que de « céder toujours à ceux qui hurlent ».

Une version présentée en septembre – décriée tant par les organisations environnementales que par les éleveurs – prévoyait déjà une simplification des protocoles des tirs destinés à abattre les loups attaquant les troupeaux.

Plus d’un mois après clôture de la consultation publique, six départements du Sud-Est avaient adressé une lettre au ministre de l’Agriculture pour dénoncer « l’inaction » des autorités et réclamer une « accélération de l’application de mesures renforcées de protection des troupeaux et des filières ».

« Nous sommes consternés par cette inaction et par cette paralysie de l’action publique alors que la crise liée aux attaques lupines n’est pas apparue subitement mais s’est aggravée progressivement au cours des dernières années », disait leur courrier.

Après avoir un temps disparu en France, le loup, une espèce strictement protégée, est réapparu au début des années 1990 en traversant les Alpes depuis l’Italie, et ses rangs ont progressivement grossi. Leur nombre a été estimé début septembre à 1.104. Avec un quota de tirs de 19 % de la population lupine par an, jusqu’à 209 loups peuvent actuellement être abattus en France. Les éleveurs ont déploré plus de 12 000 têtes de bétail attaquées en 2022.