Chez Xavier Le Gall (22)

La Simmental, une vache multifonction


TNC le 07/08/2023 à 05:02

Associant taux et développement musculaire, la Simmental a conquis les exploitants du Gaec Coat Sec’h. Passé d’un système maïs ensilage à un système pâturant, Xavier Le Gall a vu dans la race suisse des animaux rustiques, capables de bien valoriser l’herbe tout en faisant de la viande. Côté lait, la moindre production en volume est compensée par la valeur des taux.

En 2010, Xavier Le Gall a troqué ses Prim’Holstein contre des Simmental. Après une dizaine d’années de fidélité à la race néerlandaise, c’est vers la vallée de la Simme en Suisse que son regard s’est tourné. En cause ? La volonté de mieux valoriser le pâturage. « J’ai un parcellaire groupé autour de l’exploitation, et la Prim’Holstein n’était pas forcément très adaptée pour travailler l’herbe. L’été, elle perdait en taux et en état ». L’agriculteur des Côtes-d’Armor s’est donc laissé tenter par la rusticité de la Simmental, ainsi que sa capacité à valoriser les fourrages grossiers.

Une race mixte

Mais le principal atout de la race reste sa mixité. La Simmental a permis au Gaec Coat Sec’h de continuer à travailler la viande, malgré l’arrêt d’un petit atelier de vaches allaitantes. « En Europe du Nord, on croise des Simmental avec des Angus pour leur donner du gabarit. Comme quoi la Simmental n’est pas que laitière ».

Cette mixité se ressent sur la valorisation des veaux laitiers. « On est en moyenne à 300 € pour un veau mâle de 3 semaines. C’est loin des 70 € proposés en Prim’Holstein », explique l’éleveur. Et le croisement permet encore d’améliorer cette rémunération. « Les mâles issus de pères charolais ou blanc bleu peuvent se vendre jusqu’à 100 € plus cher ».

Un tiers du produit de l’exploitation provient de la viande

La valorisation des réformes est également intéressante. « Je sors environ 450 kg de carcasse sur les vaches, c’est une plus-value supplémentaire par rapport aux races strictement laitières ». Ainsi, entre la vente des veaux et des réformes, le produit viande représente plus du tiers du produit de l’exploitation.

Après plusieurs années de cohabitation avec la Holstein, le troupeau est maintenant totalement de race Simmental. ( © Terre-net Média)

En plus de la vente de reproducteurs, l’éleveur vend parfois des mères porteuses pour la transplantation embryonnaire à des éleveurs allaitants. « C’est une manière de valoriser une génétique différente. Ça n’est souvent pas les meilleures laitières, mais elles ont bien assez de lait pour nourrir un petit veau à viande ».

Miser sur les taux

Le Simmental est également connue pour la valeur de ses taux. « En Suisse, c’est elle qui fait le gruyère ! » rappelle Xavier Le Gall. En plus de préserver la mixité, l’éleveur essaie de proposer un lait riche. « Je sais que chez moi, je ne ferai pas 10 000 l avec une Simmental. C’est une race à taux, alors autant aller les chercher ».

En passant de la Prim’Holstein à la Simmental, l’éleveur a perdu entre 500 et 700 kg de lait par lactation, mais d’après lui « les taux compensent ». « Auparavant, j’avais assez facilement des pénalités sur le lait de printemps en début de pâturage. Maintenant, j’ai une plus-value qui oscille entre les 30 et 50 € les 1 000 l par paye de lait grâce aux taux ».

Deux taureaux au catalogue de la race

En démarrant la race Simmental, Xavier Le Gall s’est tout de suite intéressé à la génétique. « Je voulais avoir des vaches d’un bon niveau pour avoir un troupeau qui tourne bien ». Un investissement qui paye. L’exploitation a déjà placé un mâle sur le catalogue de la race. Sam PP, premier taureau homozygote sans corne né en France.

La génétique, ça passe également par les concours. « C’est toujours un plaisir », précise Xavier. « On n’est pas forcément premier, mais on est contents de participer. Et l’on essaie toujours de ramener une vache qui a du potentiel ». L’exploitation n’en est pas à son coup d’essai. L’an dernier, elle avait présenté Otarie au Space 2022, une vache en deuxième lactation. Ils espèrent maintenant concourir à la confrontation européenne Simmental, qui aura lieu au Space 2023. 48 animaux français, ainsi que 8 vaches allemandes et autrichiennes seront en lice pour le challenge européen.

D’autant que la race a de nombreuses facettes. Si vous demandez à Xavier ce qu’est une bonne Simmental, il vous dira que tout dépend ce que l’on recherche. « Il y a des branches plus lourdes, d’autres plus légères avec un travail sur les aplombs pour s’adapter aux zones de montagne. Les Suisses travaillent davantage sur les taux pour la transformation fromagère, d’autres travaillent la viande pour le croisement… » Bref, à chacun d’adapter sa génétique en fonction des besoins. Mais pour l’éleveur, « l’ambition en allant au Space, c’est de faire connaître la race à l’Ouest, et de montrer qu’elle peut très bien s’adapter à nos exploitations ».