La crise de la DNC « ne remet pas en cause les fondements du marché » du broutard
TNC le 23/07/2025 à 05:00
L’apparition de la dermatose nodulaire contagieuse en Lombardie a provoqué un tassement de la demande italienne en broutards et un repli des cours… qui n’efface pas la hausse enregistrée depuis le début de l’année, dans un contexte de rareté structurelle des broutards.
« Le tremblement de terre provoqué par la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) en Italie continue de faire des remous sur le marché intérieur. La Lombardie, qui représente 35 % de nos exportations de bovins, ne peut plus importer », écrit l’analyste Laurent Chupin dans sa note hebdomadaire sur Web-agri.
De fait, depuis qu’un cas de DNC a été détecté le 25 juin, les introductions d’animaux sont interdites dans une partie de la Lombardie, cœur de l’engraissement italien, et l’ouest de la Vénétie. Comme en France, une zone de protection de 20 km a été instaurée autour du foyer, doublée d’une zone de surveillance de 50 km, précisent les Tendances viande de l’Idele parues le 21 juillet.
La situation sanitaire « risque d’accentuer la baisse de la production de jeunes bovins dans les mois qui viennent » en Italie, note l’Idele. Mais à Modène, les cotations des JB restaient stables sur un mois à la mi-juillet : 7,34 €/kg de carcasse pour le Charolais Prima qualità et 7,74 €/kg pour le Limousin italien de 600 – 650 kg vifs.
Selon le règlement européen, ces restrictions pourraient être levées le 12 août si aucun cas n’est détecté d’ici là. Mais en attendant, les flux de broutards français vers l’Italie sont fortement ralentis. Sur les trois dernières semaines, nos expéditions tous bovins confondus (en grande majorité des broutards) ont chuté de 8 000 têtes sur un an, soit une baisse de 17 %.
En parallèle, la détection de la DNC en France a provoqué une suspension immédiate de nos exportations de broutards vers les pays tiers, c’est-à-dire hors UE. Elles devraient donc tomber à zéro en juillet, alors que le début d’année avait été dynamique : en cinq mois, 2 500 têtes vers le Maroc et 3 500 vers la Tunisie.
Pression sur les prix
L’Idele souligne aussi l’appétit de l’Espagne pour les broutards français sur les cinq premiers mois de l’année (71 000 têtes exportées, + 58 %/2024), notamment pour les mâles les plus lourds, avec des flux toujours dynamiques ces trois dernières semaines.
Côté cours, « la baisse forcée de la demande italienne du fait de la DNC et des températures élevées ont conduit les opérateurs à mettre de la pression sur les prix », si bien que toutes les catégories de broutards ont vu leurs cours baisser entre fin juin et mi-juillet.
« Les engraisseurs qui souffraient de tarifs en progression constante ont été les premiers à mettre le pied sur les freins », reprend Laurent Chupin, et « un certain nombre d’éleveurs ont vendu dans la précipitation du moment, accentuant ainsi la pression sur le marché ».
Mais l’heure semble plutôt à la stabilisation, et ce repli sur trois semaines n’efface pas la hausse enregistrée depuis le début de l’année : les cotations restent bien supérieures à leur niveau de 2024, dans un contexte de rareté structurelle des broutards.
Au 18 juillet, le broutard charolais mâle de 350 à 400 kg cotait en moyenne 5,67 €/kg vif (tarif référent établi à partir d’une sélection des grands marchés représentatifs), contre 5,71 €/kg au 4 juillet et 3,93 €/kg un an plus tôt. Les femelles charolaises de 300 à 350 kg atteignaient de leur côté une moyenne de 5,01 €/kg vif, contre 4,97 €/kg au 4 juillet et 3,59 €/kg un an plus tôt.
« Fort déficit de marchandise pour l’automne »
À Cholet, le 21 juillet, les prix étaient stables sur une semaine quelles que soient les races et « l’activité commerciale est moins dépressive que ces dernières semaines », précise Laurent Chupin.
« Les volumes disponibles à la saison ne sont pas excédentaires et resteront même limités sur le moyen terme, analyse-t-il. Cette crise sanitaire fait dégonfler une bulle spéculative, mais elle ne remet pas en cause les fondements du marché, qui fera face à un fort déficit de marchandise pour l’automne ».
Ce déficit s’explique surtout par le fort recul des naissances de veaux allaitants, détaille l’Idele. « Bien qu’ayant fortement ralenti sa diffusion en France », la FCO a impacté les reproductions de l’automne en provoquant infertilité et avortements.
En mai, seules 207 000 naissances ont été enregistrées, soit une baisse de 8,7 % sur un an. Sur la campagne juillet 2024 -mai 2025, la baisse atteint 6,4 %. Une tendance annonciatrice de faibles disponibilités en broutards pour fin 2025 et début 2026.