Invitation à la Ferme : relocaliser la valeur du lait, un modèle qui recrute
TNC le 22/10/2025 à 09:52
Jean-Michel Péard, éleveur laitier à Blain dans le département de la Loire-Atlantique (44), et président du réseau Invitation à la ferme souhaite poursuivre son engagement pour une agriculture bio, locale et rémunératrice. Le réseau, créé en 2015, fédère aujourd’hui 40 fermes et plus de 260 personnes (producteurs, associés, salariés). L'objectif : relocaliser la transformation du lait sur les fermes et garantir une juste rémunération aux éleveurs.
Le réseau Invitation à la ferme recherche des éleveurs de vaches laitières ou de brebis souhaitant se lancer dans la transformation de produits ultra-frais à la ferme (yaourts, fromages, glaces) sur l’ensemble du territoire français.
Un modèle collectif fondé sur la mutualisation
Le réseau repose sur un principe simple : chaque éleveur transforme son propre lait en produits ultra-frais (yaourts, fromages, glaces), en partageant une gamme commune. « La marque Invitation à la ferme, c’est avant tout une volonté de créer une gamme commune pour ramener la valeur ajoutée sur les fermes et être plus forts face aux industriels », explique Jean-Michel Péard, interviewé sur le Sommet de l’élevage. « La mutualisation des recettes, et les achats d’emballages et ingrédients en commun permettent d’avoir accès à des prix intéressants et d’assurer l’homogénéité des produits de la marque, même s’ils viennent de différents endroits », poursuit-il. Les fermes en conversion biologique utilisent temporairement la marque « Les P’tits Fermiers » avant d’intégrer la gamme bio principale.
Comment sauter le pas ?
Au niveau des exigences du cahier des charges, l’exploitation doit être en agriculture biologique ou en conversion. L’herbe doit représenter au moins 70% de la ration, et l’alimentation des animaux doit intégralement provenir du territoire français.
Pour intégrer la marque, dans un premier temps, le réseau et son fonctionnement sont présentés aux exploitants candidats. Ensuite, leur exploitation est visitée par des membres du réseau pour vérifier la compatibilité du projet avec l’outil de production. Un stage obligatoire dans une ferme du réseau est à réaliser pour comprendre les enjeux et le fonctionnement.
Chaque producteur gère sa propre commercialisation auprès des GMS, magasins bio ou épiceries locales, selon ses capacités et son réseau. La fabrication se fait à la commande, limitant les invendus. Des groupes WhatsApp facilitent les échanges d’expérience, les conseils techniques et la vie du réseau au quotidien.
Accompagnement technique et formation complète
« Bien-sûr, on accompagne les éleveurs au démarrage et même tout le long du projet, on a des ingénieurs qualité, et même une école de formation propre à notre réseau », décrit Jean-Michel Péard. « Dès la conception de l’atelier de transformation, mais aussi pour tous les aspects plus techniques, il y a un réel accompaganement. » Le réseau dispose d’une école de formation interne, « Laitcole », qui propose des formations commerciales et techniques (fabrication, vente, gestion) avec e-learning et présentiel. « Des conseils de ferme sont organisés trois fois par an sur une exploitation du réseau pour goûter les produits et vérifier l’homogénéité de l’offre sur le territoire. »
Un lait valorisé à 610 €/1000 l
Lors de la phase de projet, un business plan sur trois ans est élaboré pour donner une idée de la rentabilité. « Pour un minimum de 125 000 litres transformés, la rentabilité atteint 8 % minimum dès la troisième année », annonce Jean-Michel Péard. « Transformer 125 000 litres de lait nécessite trois salariés à temps plein dans l’atelier, ça permet de créer de l’emploi local et de recentrer la valeur ajoutée sur la ferme » précise-t-il.
Pour l’année 2025, le lait est valorisé 610 €/1 000 l, assurant une rémunération d’au moins 2 100 € par mois pour l’éleveur. Les prix sont révisés collectivement chaque année, garantissant une gestion économique autonome. Chaque exploitation transforme au maximum deux tiers de sa production. Le tiers restant est collecté par laiterie, assurant une sécurité de débouché en cas de problème sur l’atelier de transformation, mais aussi par solidarité avec le réseau laitier local.