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Maîtrise des adventices

François Coutant : « Avec Orbis, je désherbe en bio sans travailler le sol »


TNC le 20/03/2020 à 06:04
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Le prototype de la désherbeuse à disques baptisé Orbis, et imaginé par un adepte de l’agriculture de conservation, a été testé en 2019. Dans le Maine-et-Loire, François Coutant a ainsi nettoyé un maïs bio derrière un couvert à base de seigle.

François Coutant a repris l’exploitation familiale en 2009, convertie en 2000 par son père en biologique. Elle compte une centaine de mères en race blonde d’Aquitaine et 120 ha répartis entre prairies et cultures (mélange triticale-pois, blé, maïs pour ensilage épi).

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Décidé à arrêter le labour, le jeune homme teste différents outils et techniques afin de limiter le salissement des parcelles, le tout en travaillant le moins possible le sol : déchaumeur à disques ou à dents pattes d’oie, bineuse, herse rotative, herse étrille, rouleau Faca et couverts en inter-rang. « La herse rotative travaille trop le sol et remet des graines en germination, constate-t-il. Quant au binage, il ne permet pas d’utiliser un couvert en inter-rang. »

En 2016, François Coutant adopte le strip-till pour travailler le sol par bandes de 20 cm de large afin d’y semer du maïs ou des céréales. « L’intérêt est d’avoir une bande très propre pour le semis de la culture, tout en préservant un couvert de trèfle ou de lotier dans l’inter-rang, indique-t-il. Ce couvert concurrence les adventices et redémarre après récolte avec la possibilité d’être pâturé. Le problème est qu’il concurrence aussi la culture, c’est pourquoi j’ai arrêté pour le moment l’utilisation de ces espèces. »

Orbis lacère les mauvaises herbes

En 2019, François Coutant a testé le prototype d’un nouvel outil imaginé par la société Roll’N’Sem dans le Lot-et-Garonne. Le fondateur, Denis Vicentini, est un adepte de l’agriculture de conservation. Il a déposé plusieurs brevets et obtenu des prix notamment au Sival d’Angers (Maine-et-Loire), pour son rouleau Rolls et sa désherbeuse Orbis, destinés respectivement à détruire les couverts et à désherber l’inter-rang en vignes et vergers. L’outil possède deux rangées de disques inclinés, orientées dans deux directions opposées. En glissant sur le sol, il arrache les jeunes adventices et lacère les mauvaises herbes plus développées. Dans sa version large destinée aux grandes cultures (à partir de 3 m), il peut travailler en plein ou uniquement dans les inter-rangs en relevant des éléments.

Le 25 avril, l’agriculteur a enrubanné son mélange de féverole (écart de 50 cm sur les lignes de strip-till) et de seigle (de part et d’autre de la féverole avec un écartement de 17 cm). « Le seigle étant fragilisé par la fauche, explique-t-il, mon objectif fut d’utiliser l’Orbis quelques jours après pour détruire les repousses, puis d’effectuer un strip-till afin de semer le maïs sur les lignes de féverole. Le maïs est lui aussi semé à 50 cm d’écartement pour couvrir plus vite le sol. » L’exploitant est plutôt satisfait du résultat, même si l’arrivée tardive de l’outil sur sa ferme a décalé la date d’intervention prévue. « J’ai semé mon maïs le 15 mai et récupéré l’Orbis le 15 juin. Le seigle avait déjà sali la parcelle ; il avait même dépassé le maïs. Le 25 juin, je suis donc passé avec une faucheuse à l’avant pour couper le seigle au-dessus du maïs, et l’Orbis à l’arrière. Puis j’ai réalisé un second passage avec cet outil le 1er juillet pour un résultat efficace à 95 %. »

Un test prévu sur céréales

L’agriculteur voit comme principal avantage de l’outil sa polyvalence : en fonction de la pression exercée par les éléments, du stade des plantes et du nombre de passages, il est possible à la fois de détruire un couvert ou des adventices sur le rang, et de ralentir un couvert dans l’inter-rang. C’est pourquoi il prévoit de semer à nouveau du trèfle ou du lotier dans les inter-rangs de 33 cm de ses prochains couverts. « En 2021, indique François Coutant, au stade 7-8 feuilles du maïs, je passerai une deuxième fois avec l’Orbis, dans l’inter-rang cette fois-ci et avec une pression plus faible afin de freiner le développement du trèfle ou du lotier. Je veux le préserver pour qu’il redémarre après maïs, mais il doit rester dans sa bande pour limiter la concurrence. »

Employé en l’absence de couvert, Orbis entre dans le sol sur 1 cm environ, estime l’adepte du non-travail du sol. « En agriculture biologique, le semis direct pur et dur est impossible », souligne-t-il. Cette année, l’agriculteur va le tester début avril sur ses céréales (semées à 17 et 33 cm d’écartement en alternance) dans l’objectif, selon les cas, de supprimer les adventices ou de freiner l’expansion du couvert de lotier dans l’inter-rang. De son côté, Denis Vicentini prévoit l’amélioration de son invention avec une fonction hydraulique pour régler l’écartement et l’agressivité, ainsi que l’ajout d’éléments de roto-étrille pour parfaire le désherbage sur le rang.

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