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Filière porcine

Fin des exportations de porcs allemands vers l’Asie : la France sur ses gardes


AFP le 29/09/2020 à 13:15

Les milliers de tonnes de porc allemand qui ne peuvent plus être exportés depuis l'apparition de cas de peste porcine chez des sangliers dans l'est de l'Allemagne vont peser sur le marché européen, pointe mardi l'organisation Culture Viande qui représente les industriels français.

Depuis la découverte, annoncée le 10 septembre, d’une première carcasse de sanglier infectée dans la région du Brandebourg, à la frontière polonaise, le Japon, la Chine, la Corée du Sud, le Brésil et l’Argentine ont suspendu les importations de porc allemand.

Inoffensive pour les humains, cette maladie virale très contagieuse entraîne des hémorragies qui peuvent être fatales en quelques jours chez les sangliers et les porcs.

De nombreux foyers sont apparus en Europe, d’abord à l’Est, puis jusqu’aux portes de la France, restée indemne jusqu’ici.

« Au dernier comptage, 36 carcasses de sangliers » ont été découvertes à ce jour dans l’est de l’Allemagne, a souligné lors d’une conférence de presse Paul Rouche, directeur délégué de Culture Viande, syndicat des industriels de l’abattage, de la découpe et de la transformation.

L’organisation estime que la fermeture d’une partie des débouchés à l’exportation de l’Allemagne – premier producteur de porc européen avec plus de 5 millions de tonnes en 2019 – induit que « 9 000 tonnes de viandes porcines allemandes vont désormais, chaque semaine, venir alourdir le marché » de l’Union européenne. L’enjeu pour les professionnels est de « contenir les importations allemandes qui vont venir sur le marché français », à des prix moindres que le porc français, a relevé Paul Rouche.

Dans les rayons des supermarchés, « jusqu’à présent ça tient bien » en raison de la mise en avant de l’origine France, a-t-il poursuivi. Toutefois, « les importations commencent à rentrer » dans les secteurs de la transformation et de la restauration hors domicile.

Dans le même temps, Culture Viande note que « l’absence de l’Allemagne (sur le marché chinois, ndlr) va ouvrir de nouvelles opportunités pour les autres pays de l’UE, comme aux grands exportateurs mondiaux que sont les États-Unis, le Canada et le Brésil ».

La France a jusqu’ici profité économiquement de la peste porcine qui a décimé le cheptel chinois et provoqué une hausse des cours mondiaux. Toutefois, la Chine s’efforce de reconstituer rapidement ses élevages pour être moins dépendante des importations. Sur place, « les cours avoisinent 7 euros le kilo pour du porc vivant, c’est énorme », rapporte Paul Rouche.

Le pays est « encore loin de retrouver le niveau d’avant crise », avec un déficit de production de 18 millions de tonnes de porc, a souligné lors d’une conférence de presse Maryse Saboulard, déléguée de l’organisme FranceAgriMer pour les filières viandes.

Avant même que la peste porcine ne soit repérée en Allemagne, le marché mondial ne parvenait pas à répondre à la forte demande chinoise, ce qui se traduit in fine par une baisse de consommation en Chine, a-t-elle ajouté.