Fièvre catarrhale ovine : plus de 2.000 foyers en un mois


AFP le 01/08/2025 à 15:15

La diffusion rapide de la fièvre catarrhale ovine (FCO) dans les élevages, avec plus de 2.000 foyers recensés en un mois, a conduit vendredi le ministère de l'Agriculture et la Fédération nationale ovine à appeler les éleveurs à vacciner d'urgence pour éviter le scénario catastrophe de l'an dernier.

Deux sérotypes circulent dans les élevages ovins et bovins en France actuellement, la FCO3 et la FCO8.

Entre le 1er juin et le 31 juillet, 1.117 cas de la FCO 3 ont été recensés, surtout en Bretagne, région dense en élevage, et dans une moindre mesure en Bourgogne-Franche-Comté, particulièrement touchée l’an dernier.

Ce sérotype apparu en France le 5 août 2024 avait entraîné la contamination de 712 foyers en un mois à partir de son apparition, la saison estivale favorisant les moucherons qui transmettent cette « maladie de la langue bleue ».

Les cas ont plus que doublé en une semaine entre le 24 et le 31 juillet alors que le vaccin contre ce sérotype est largement disponible auprès des vétérinaires, explique Michèle Boudoin, présidente de la Fédération nationale ovine, association spécialisée de la FNSEA.

Pour la FCO8, endémique depuis plusieurs années en France, 1.060 cas ont été recensés entre le 1er juin et le 31 juillet. Ils ont particulièrement explosé dans le Morbihan qui compte 367 foyers.

La filière ovine a peiné à se relever de la crise de l’an dernier et la filière bovine est sur le qui-vive cette année avec l’apparition de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) dans des troupeux laitiers en Savoie et Haute-Savoie.

Le ministère a commandé pour cette saison sept millions de doses de vaccins contre le sérotype 8, « permettant de vacciner l’ensemble des élevages ovins », indique-t-il dans un communiqué publié vendredi, un mois après le lancement de la campagne de vaccination.

« Il est crucial de protéger dès à présent les élevages de ruminants(…) J’appelle tous les éleveurs à vacciner leurs troupeaux », a déclaré la ministre Annie Genevard, citée dans le texte.

Conséquences à long terme

En plus de la fièvre, des troubles respiratoires ou des avortements, la maladie affecte à plus long terme la fertilité et la production laitière des ovins mais aussi des bovins.

« Le ministère a fait le job, nous avons des vaccins, même s’ils sont arrivés un peu tard, ils sont gratuits pour la FCO8, nous avons obtenu 15 millions d’aides européennes supplémentaires grâce au reliquat du bio pour la filière ovine, qui a beaucoup souffert l’année dernière », affirme Mme Boudoin, désemparée devant les éleveurs qui ne vaccinent pas.

La Bretagne avait été moins touchée l’an dernier, mais l’éleveuse affirme que le ministère avait anticipé en envoyant des doses dans les zones où l’immunité collective avait peut-être moins pu se développer.

« Ce sont des petits élevages dans la région qui risquent d’être décimés et certains éleveurs ne semblent pas avoir reçu le message. L’année dernière on avait demandé des aides car les vaccins n’étaient pas disponibles et chers. Ce n’est pas le cas cette année, il faut prendre nos responsabilités dans un contexte de crise budgétaire », ajoute-t-elle.

Au printemps, la filière a payé les conséquences de la maladie avec un nombre d’agneaux inférieur aux années précédentes, notamment autour des fêtes religieuses. Le marché s’est « tendu », les prix ont augmenté et il y a eu « moins de consommation (…) on ne peut pas se permettre une autre crise », se désole Mme Boudoin.

Un fonds d’indemnisation des pertes de 75 millions d’euros avait été mis en place en 2024 pour les victimes des sérotypes 3 et 8. L’Etat avait aussi financé 13,7 millions de doses de vaccins pour 38 millions d’euros.

La Confédération paysanne, troisième syndicat agricole, a dénoncé mercredi dans un communiqué « une livraison extrêmement tardive de vaccins » et demandé à l’Etat « a minima, de reconduire le dispositif d’indemnisation de 2024, pour tous les élevages (bovins, ovins, caprins) atteints par au moins un sérotype de FCO ou par la Maladie hémorragique épizootique (MHE) ».

Elle demande aussi que les pertes indirectes et les frais vétérinaires soient compensés.

Les vétérinaires avaient recommandé de vacciner le plus tôt possible au printemps, avant la sortie des bêtes des étables.