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Elevage laitier tropical

Fabrice Payet élève 70 vaches sur 18 hectares à La Réunion


TNC le 30/04/2024 à 05:01
FabriccePayetportrait

(© Emmanuelle Bordon)

Beaucoup d’eau, les températures fraîches de l’altitude et un climat tropical caractérisent l’environnement dans lequel travaillent les éleveurs laitiers de l’île de La Réunion. Rencontre avec l’un d’eux, Fabrice Payet, installé sur la plaine de Cafres.

1500 mètres d’altitude en climat tropical : il y a de quoi mettre à terre tous les repères zootechniques hexagonaux. Ancien salarié de la Sicalait (la coopérative laitière de La Réunion), Fabrice Payet s’est installé il y a trois ans avec son frère, Jérôme. L’épouse de Fabrice les a rejoints il y a un an et demi. Leur exploitation, l’EARL Vivlait, est nichée sur la plaine des Cafres (commune du Tampon), au sud de l’île de La Réunion. Installés sur une surface de 18 hectares avec 70 vaches, ils ont un objectif de 90 vaches à terme.

La SAU de l’exploitation pourrait sembler très petite, surtout aux yeux d’un éleveur de zone tempérée. Mais à La Réunion, les repères ne sont pas les mêmes. Le climat tropical de l’île, ainsi que la pluviosité élevée de la plaine des Cafres, permettent six à sept coupes d’herbe par an, échelonnées tout le long de l’année. « Nous obtenons en général 15 tonnes de matière sèche à l’hectare », précise Fabrice Payet.

Du foin produit sur le littoral

En raison des conditions climatiques, il est en revanche impossible de faire du foin au-delà de 600 mètres d’altitude. La totalité de l’herbe est donc enrubannée. « Pour compléter, nous achetons du foin qui vient du littoral, ajoute Fabrice Payet. Comme nous avons une ration mélangée, nous ajoutons aussi de la paille de canne à sucre, qui augmente la fibrosité de la ration ».

D’une manière générale, les élevages laitiers de l’île pratiquent un pâturage très partiel, ou même, sont en zéro pâturage. D’une part parce que la petite taille du foncier est limitante, d’autre part parce que la pousse rapide de l’herbe le rend difficile à gérer, en parallèle des récoltes. Il n’en est pas de même des élevages allaitants, qui sont de type extensif et pratiquent le pâturage presque exclusivement.

Les vaches sont principalement de race Prim’holstein, parfois Montbéliarde et Brune des Alpes. (© Emmanuelle Bordon)

Pour les concentrés, pas le choix, il n’y a qu’un fournisseur : la coopérative Urcoopa. Celle-ci importe les matières premières (soja, tournesol…) et les transforme. « Nous n’avons pas les surfaces nécessaires pour produire ces concentrés ici et le climat n’y est pas favorable », commente Fabrice Payet.

Des travaux sont actuellement en cours pour faire évoluer la production fourragère. La Sicalait conduit des essais de longue durée avec du maïs, cultivé dans les zones basses de l’île. Elle le récolte comme de l’ensilage et l’enrubanne immédiatement ; un procédé grâce auquel elle peut le transporter et le vendre aux éleveurs. D’autres expérimentations sont également réalisées, notamment par l’Idele, sur des cultures maïs – haricots, par exemple.

Concernant les IA et le contrôle laitier, c’est la chambre d’agriculture qui est prestataire.

20 % de la consommation de l’île

Avec ce système, l’EARL Vivlait obtient un niveau d’étable de 7000 litres, plutôt représentatif de ce qui se fait sur l’île, des TB de 44,5 et des TP de 34,4.

« Le lait est payé en moyenne 800 € pour 1000 litres, précise Pierre Ulrich, directeur du pôle laitier à la Sicalait. Un prix qui pourrait faire rêver mais qui est surtout en rapport avec les coûts élevés de production : 509 € pour 1000 litres en moyenne ». Il est collecté tous les deux jours et livré soit à la Sorelait (Danone), pour 15 %, soit à la Cilam (Compagnie Laitière des Mascareignes) qui le transforme sur place, pour 85 %. Les produits laitiers frais et les fromages fabriqués par cette dernière sont commercialisés sous la marque « maison » Piton des neiges, ainsi que sous des franchises internationales : Yoplait, Candia et Réa.

Les éleveurs laitiers de La Réunion produisent 17 millions de litres de lait par an ; environ 20 % de la consommation des habitants de l’île. Les 80 % restants sont importés, soit sous forme de produits finis, soit sous forme de poudre, qui est transformée sur place par Danone.

« Notre génération a connu les débuts de la production laitière, commente Fabrice Payet. La traite à la main, puis au pot, puis l’arrivée des salles de traite. Aujourd’hui, il y a deux, bientôt trois, robots de traite sur l’île. Le lait est une des seules productions pour laquelle il n’y a pas de limite ».