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Au Gaec du haut buisson (62)

Du pâturage de betterave fourragère face au manque d’herbe


TNC le 23/09/2022 à 05:04
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La parcelle fait 70 m de large sur 100 m de long. Une dimension parfaite pour les 70 vaches qui ont quotidiennement accès à 1m2 chacune. (©TNC)

Il voulait le tester depuis plusieurs années et celle-ci fut la bonne : Mathieu Crepin, éleveur laitier du Pas-de-Calais s'est lancé cet été dans le pâturage de betterave fourragère. Un aliment riche qui lui a permis de maintenir la production malgré le manque d'herbe.

Avec la sécheresse cette année, la betterave fourragère a pris toute sa place sur l’exploitation de Mathieu Crépin dans le Pas-de-Calais. « On en a toujours fait, mais arrachée et distribuée à l’auge. Là, on voulait se lancer dans la betterave pâturée. On a donc monté un essai avec la société Agro Fourrages et l’entreprise Momont », explique le jeune éleveur. Ses 70 vaches laitières y pâturent 1h30 chaque jour depuis le 25 août.

Du pâturage tournant et de la betterave fourragère

Il y a deux ans, Mathieu a revu le système en découpant ses prairies pour y intégrer du pâturage tournant. Depuis, il gère 23 paddocks au fil. Mais quand l’herbe ne pousse pas comme cet été, il faut trouver des alternatives, d’où la betterave !

« On a clôturé une parcelle juste en dessous des pâtures. Divisée en trois, elle s’y prête bien car elle offre 70 ares par bloc. La parcelle fait 70 m de large sur 100 m de long, pour 70 vaches c’est parfait. » De cette façon, Mathieu avance chaque jour le fil d’un mètre. « Elles y ont accès après la traite pendant 1h30. Ensuite elles retournent au bâtiment où on leur distribue la ration, puis elles sont libres de choisir entre la stabulation ou l’extérieur. »

Dans les betteraves depuis le 25 août, les vaches en ont pour 3 mois. Ensuite, ce sera la betterave récoltée qui prendra la relève à l’auge. La ration reste ainsi très constante. Le Gaec en récolte 2,5 ha stockés en silo paillé et distribués jusqu’au mois d’avril.

70 VL, 70 ares à pâturer, 0 gâchis

« Dans cette parcelle il y avait du maïs l’an dernier, explique l’éleveur. On y a mis 35 t/ha de fumier après la récolte, suivi d’un labour, puis les betteraves ont été semées le 13 avril. » Côté intrants, il y a eu un engrais 13/10/20 à hauteur de 500 kg/ha, deux désherbages et un binage effectué avant que les feuilles ne couvrent les routes.

Père et fils sont impressionnés du comportement des vaches : « Le premier jour, elles ont eu du mal à y rentrer car elles ne connaissaient pas. On leur avait donné accès à 50 cm seulement et elles s’y sont vite attaquées. Dès le lendemain, elles ont eu accès à 1 m et on n’avait même plus le temps d’ouvrir la porte qu’elles étaient déjà arrivées dans les betteraves ! » Et elles savent y faire : « Elles tirent les feuilles pour essayer d’ arracher la betterave, ou elles croquent directement dans le collet. Puis, elles mangent à même le sol et à la fin il ne reste plus rien, c’est assez incroyable. »

Les vaches consomment les feuilles ou attaquent directement le collet de la betterave. Mais à la fin, il ne reste plus rien. (©TNC)

Une production laitière qui se maintient

En ration hivernale à l’auge depuis le mois de juillet, la betterave a permis aux éleveurs de diminuer la part de maïs et d’ensilage d’herbe sans variation côté litrage. Mais c’est au niveau des taux qu’ils voient la différence : « On était descendu à 30,5 de TP et 38 de TB avec la sécheresse et le manque d’herbe. Mais depuis qu’on a incorporé la betterave, on a gagne 1 point de TP et 2 de TB pour être à 32/40.

Emmanuel Wynands, responsable des régions Nord et Ouest pour le semencier Momont explique : « Cette année avec les fortes chaleurs, les betteraves se sont fortement concentrées : alors qu’elles sont en moyenne entre 14 et 16 % de MS, nos analyses affichent 21 % MS. Elles sont donc très riches. » Pour lui, c’est l’aliment idéal : « Avec 1,15 UF de valeur, c’est un aliment frais apprécié par les vaches, qui complète très bien le maïs. »

Mathieu et son père sont d’ailleurs conquis : « Après le passage des vaches, on labourera le carré pour y semer du blé, mais on remettra des betteraves dans le bloc d’à côté l’an prochain, et dans le troisième l’année suivante. L’idée est de faire un roulement tous les 3 ans. » Côté temps de travail, l’éleveur est aussi rassuré : « On a dû clôturer la parcelle, mais au quotidien j’ai juste à bouger le fil d’un mètre. Ça me prend 10 minutes et c’est juste derrière la ferme, c’est pratique. »