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Pêche/UE

Didier Guillaume interpellé à propos de chalutiers au large des côtes normandes


AFP le 30/10/2019 à 14:18

Le président de la région Normandie, Hervé Morin, a interpellé le ministre de l'agriculture Didier Guillaume pour lui demander de faire cesser la concurrence faite aux pêcheurs artisans normands par deux chalutiers industriels.

« Bien qu’ils soient dans leur droit, le Margiris et le Annie Hillina (…) peuvent collecter en une journée 250 tonnes de poissons, soit l’équivalent du total annuel de cinq bateaux normands », écrit Hervé Morin dans un courrier au ministre. La présence de ces navires industriels est ressentie par les pêcheurs normands « comme un affront », assure l’élu qui poursuit : « Si leur présence ne peut être interdite, je vous demande d’intervenir pour faire revoir la Politique Commune des Pêches afin de mettre en place des règles strictes permettant une cohabitation raisonnable avec la pêche artisanale et respectueuse des ressources marines à laquelle les professionnels normands sont profondément attachés ». Battant pavillon lituanien mais armé par un groupe néerlandais, selon le comité régional des pêches de Normandie, le Margiris est considéré comme l’un des plus gros chalutiers du monde avec 140 m de long. Le Annie Hillina mesure 86 m, bat pavillon allemand et appartient également à ce groupe néerlandais.

Mercredi soir dans une déclaration à l’AFP, Didier Guillaume a affirmé que si la présence de ces chalutiers « peut susciter (…) l’émotion des communautés littorales, leur activité est totalement conforme aux accords de la politique commune des pêches ». Ces derniers permettent « aux navires battant pavillon d’un État membre de l’Union européenne et disposant de quotas, de pêcher régulièrement dans les zones économiques exclusives des différents États membres », et « garantit notamment aujourd’hui aux navires français un accès aux eaux britanniques », selon le ministre. Les prises des deux navires étant « décomptées sur les quotas nationaux des deux États membres dont (ils) battent pavillon et limitées par ces quotas », leur activité n’aura « pas d’impact sur les possibilités de pêche des navires français » – mais elle fait toutefois l’objet de la « vigilance des services de contrôle », a-t-il souligné. Ces deux chalutiers « viennent régulièrement pêcher ici depuis une bonne vingtaine d’années ».

« Ils viennent régulièrement pêcher ici depuis une bonne vingtaine d’années. Il y a quelques années, ça passait encore mais maintenant, ça soulève la réprobation. Il y a une espèce de ras le bol face à cette pêche de la démesure », a déclaré à l’AFP le président du comité régional des pêches de Normandie, Dimitri Rogoff. «C’est une concurrence directe sur la ressource avec les pêcheurs riverains qui, eux, font vivre le territoire. Par ailleurs, il y a maldonne au niveau des quotas européens qu’il faut redistribuer : les pêcheurs normands ont vu leurs quotas de maquereaux fermés et eux viennent pêcher le maquereau ici. Tout ça pour faire des pains congelés de 20kg (…) qu’ils vont vendre en Afrique », a ajouté Dimitri Rogoff.