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Bordeaux 

Deux ans ferme pour un trafiquant de civelles, un « signal fort »


AFP le 05/07/2019 à 14:50

La justice de Bordeaux a envoyé un « signal fort » en condamnant vendredi un mareyeur à deux ans de prison ferme, avec mandat de dépôt, pour un trafic de civelles (alevins de l'anguille), s'est félicité auprès de l'AFP l'avocat d'une association de protection de la nature partie civile.

Outre ce mareyeur originaire de Vendée, le tribunal correctionnel a condamné jeudi un autre prévenu, absent à l’audience, à 16 mois de prison ferme – peine assortie d’un mandat d’arrêt – et un troisième à 8 mois de prison avec sursis.

Les trois hommes avaient été arrêtés par les douanes en février en Gironde sur l’A63 alors qu’ils transportaient près de 300 kilos de civelles. Ils étaient poursuivis pour détention sans document justificatif régulier, transport non autorisé et atteinte à la conservation d’une espèce protégée, le tout en bande organisée.

Les civelles, protégées depuis 2009, font l’objet d’un trafic qui serait évalué à plusieurs milliards d’euros entre l’Europe et les marchés asiatiques, particulièrement friands de ce mets. Leur pêche est très strictement règlementée, avec un système de licences et quotas, destinés pour partie à la consommation et pour partie au repeuplement des rivières.

Au cours de la dernière saison de pêche (2017-2018), les services répressifs européens ont pu saisir 3.39 kg de civelles de contrebande d’une valeur estimée à 6,5 millions d’euros, selon Europol.

Des peines de prison ferme ont déjà été prononcées – à Bordeaux en 2018 ou à Nantes en février – dans des procès de filières de plus en plus organisées, mais « c’est la première fois en 20 ans que je vois quelqu’un qui part (directement) en détention pour des espèces protégées », souligne François Ruffié, avocat de la Sepanso, qui a obtenu 15 000 euros de dommages et intérêts. « Ce qui change en ce moment, c’est l’ampleur du trafic et sa prise en compte par l’institution judiciaire », relève-t-il. « Un parallèle a été fait à l’audience avec les stupéfiants : les infractions sont qualifiées de la même façon et le mode opératoire y ressemble, avec un « go fast » » (convoi de voitures), ajoute l’avocat.

« D’ailleurs, même si ce n’est pas le cas dans cette affaire, on s’aperçoit que de plus en plus de délinquants de « stups » se tournent vers le trafic d’espèces protégées. Le risque pénal est bien moindre, deux à trois ans de prison contre dix, alors que le profit reste significatif, le prix de gros allant de 400 à 600 euros le kg. »

L’avocat du mareyeur, Me Jean Gonthier, que l’AFP n’a pas pu joindre, a confié à la presse locale son intention de faire appel.