Accéder au contenu principal
Pastoralisme

Des solutions « micro-locales » pour cohabiter avec l’ours des Pyrénées


AFP le 27/10/2020 à 11:30
bear-5513880_1280

(©Pixabay)

Pour sortir de la « guerre » entre pro et anti-ours, qui a encore fait rage cet été en Ariège, une équipe du CNRS étudie les conditions d'une cohabitation apaisée avec l'animal à partir « de solutions à l'échelle micro-locale » imaginées par les acteurs de terrain, éleveurs ou bergers.

« On est en France, les décisions (de réintroduction de l’ours) se prennent à un niveau très centralisé et ça mène à ça », déplore Ruppert Vimal, géographe chargé de recherche au CNRS-Université Toulouse Jean-Jaurès, qui conduit depuis quelques années une série de recherches dans les Pyrénées ariégeoises.

« L’ours est devenu le symbole d’une « politique verte » face à tous les maux de l’agriculture de montagne, c’est le révélateur et le bouc émissaire », explique-t-il.

Début juin, un ours mâle de 4 ans a été tué par balles près de la station de ski de Guzet (Ariège). En avril, côté espagnol, l’ours Cachou a été retrouvé mort dans des circonstances restées inexpliquées.

Une vingtaine d’associations environnementalistes ont porté plainte, une enquête a été ouverte et l’ONG Sea Shepherd, plus connue pour son combat en faveur des mammifères marins, a proposé une récompense de 45 000 euros pour qui permettrait de retrouver le tueur d’ours. Plusieurs manifestations ont mobilisé tour à tour les camps pro et anti.

C’est dans ce climat que M. Vimal lance une nouvelle phase d’étude avec une jeune chercheuse. « Notre hypothèse, c’est que les acteurs de terrain, les bergers, les éleveurs sont en capacité de réinventer la relation aux autres espèces. Ce sont eux qui vivent avec l’ours », souligne le géographe.

Alice Ouvrier, la chercheuse toulousaine, va mener cette nouvelle étude de terrain sur trois estives, après plusieurs mois déjà passés sur l’estive d’Ordouas pour roder sa méthodologie.

« Nous menons des entretiens individuels sur des récits de vie, nous étudions des dépositions après une prédation, nous recueillons le ressenti de l’éleveur », explique la jeune femme.

Des données anthropologiques qu’elle va confronter à un travail éthologique autour de l’ours lui-même, grâce notamment à des pièges photos qui lui permettent de contrôler les endroits où passe l’ours.

« Il faut que l’on comprenne quels sont les freins à cette coexistence à l’échelle locale », en particulier en éclairant « ce qui fait la relation, le vécu entre ours et transhumants », résume Ruppert Vimal.