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Vie marine

Des scientifiques dressent une carte des aires marines à protéger


AFP le 17/03/2021 à 17:26

Pour préserver la vie marine, lutter contre le réchauffement climatique et augmenter les capacités de pêche, une étude parue mercredi dans Nature, cartographie pour la première fois les zones prioritaires à protéger à travers le monde, de zones côtières à l'Antarctique.

26 biologistes marins, spécialistes du climat et économistes ont identifié à l’aide d’un algorithme des aires qui, « si elles étaient protégées, permettraient de sauvegarder plus de 80 % des habitats d’espèces marines menacées et d’augmenter les prises de pêche de plus de huit millions de tonnes », selon un communiqué.

« La vie dans les océans décline à travers le monde à cause de la surpêche, de la destruction des habitats et du changement climatique. Seulement 7 % des océans est actuellement protégé », constate Enric Sala, auteur principal de l’étude. En Europe, « la mer Adriatique, l’Irlande, la Grande-Bretagne et la mer du Nord sont des zones où des aires totalement protégées apporteraient des bénéfices multiples », indique Enric Sala à l’AFP. En terme de biodiversité, il cite « la côte Atlantique française, le pourtour de la péninsule ibérique et les îles Baléares » comme prioritaires.

Les auteurs ont aussi identifié comme zones prioritaires à protéger la dorsale médio-atlantique, une chaîne de montagnes essentiellement subaquatique, le plateau des Mascareignes dans l’Océan Indien, la dorsale de Nazca sur la côte ouest de l’Amérique du Sud et la dorsale sud-ouest indienne entre l’Afrique et l’Antarctique. « Ces chaînes de montagne sous-marines contiennent une biodiversité unique et irremplaçable, menacée par la pêche, principalement le chalut », indique Enric Sala. « Mais la plupart des zones prioritaires se trouvent dans les eaux territoriales, pas en haute mer », souligne-t-il.

Les auteurs de cette étude espèrent que cette carte servira de base aux pays soucieux de mieux protéger leurs côtes. « La science nous montre comment agir, les politiques nous diront quand », commente Jennifer McGowan, de l’université de Yale, citée dans le communiqué. Cette étude est aussi la première à quantifier les émissions de CO2 par les chalutiers de fond, qui traînent des immenses filets, les chaluts, sur les fonds marins. Ce faisant, ils libèrent du carbone stocké dans les sédiments dont une partie se transforme en monoxyde de carbone (CO2), gaz qui contribue au réchauffement de la planète. Les volumes sont de l’ordre « de centaines de millions de tonnes de dioxyde de carbone dans les océans chaque année, un volume d’émission similaire à l’aviation », selon le communiqué.

Cette étude est publiée avant la tenue en Chine de la COP15 sur la biodiversité, qui doit permettre de définir un cadre mondial pour la protection de la nature jusqu’en 2030. Une coalition de pays défend l’idée de protéger 30 % des terres et des océans d’ici 2030.