Des Montbéliardes dans l’Ouest : rencontre avec Xavier Laurent (76), féru de concours
TNC le 20/06/2025 à 05:13
Xavier Laurent est éleveur de Montbéliardes en Seine-Maritime. Il est également président de la fédération des éleveurs de l’Ouest. Passionné par cette race mixte qu’il a introduite en 2000, il présente son élevage et ses objectifs de sélection.
« C’est à l’école que j’ai découvert la Montbéliarde. Mon père élevait des Prim’holsteins à l’époque. Intrigué par cette vache marron et blanche, je me suis rapproché de l’OS et j’ai acheté mes premières génisses avant même de m’installer. » Xavier Laurent est de ceux qui sont « tombés dans la marmite étant petit » comme on dit : il a littéralement eu le coup de cœur pour la Montbéliarde. « J’ai commencé en important 4 génisses du Jura, puis j’en ai acheté d’autres et de premières filles sont nées… Jusqu’à ce qu’on arrive en 100 % Montbéliarde et que les noires disparaissent. » Mieux encore : il est devenu président de la Femo (Fédération des éleveurs de Montbéliardes de l’Ouest), c’est dire son engagement !
Installé à Saint-Aubin-Celloville en Seine-Maritime sur la ferme d’Adrien (nommée ainsi en référence à son grand-père) Xavier Laurent trait une soixantaine de vaches et engraisse une dizaine de femelles, plus 5 à 6 veaux de lait chaque année, le tout valorisé en direct dans son magasin à la ferme.

Une race mixte
« Ici on est bien loin des systèmes de l’Est avec des Montbéliardes au foin pour la production de fromage, mais les animaux s’expriment aussi bien chez nous, affirme l’éleveur. D’ailleurs, près d’un tiers du schéma de sélection est issu de bêtes de l’Ouest donc on contribue aussi au développement de la race. » Les vaches de Xavier affichent une moyenne d’étable à 28 kg de lait (pour 36 g/kg de TP et 41 g/kg de TB). « Elles font 3 à 4 lactations de moyenne, j’aimerais bien plus. La Montbéliarde est plus tardive que la Holstein, elle démarre plus doucement et continue de grandir jusqu’à 5 ans. » Ici elles vêlent à 28 mois environ.
« L’avantage de la Montbéliarde, c’est que c’est une race mixte donc on arrive à sortir des poids de carcasse entre 380 et 400 kg », explique Xavier Laurent. Il valorise sa viande en race pure, mais aussi en croisement avec du Limousin ou du Charolais (et tout récemment en croisement Angus).

La passion des concours
« J’ai commencé les concours en 2019. Ce n’est pas facile car on n’est pas dans le berceau de la race, donc il y en a peu ce qui nous oblige à aller rapidement sur des évènements prestigieux comme le Space. » Et pour un premier concours au Space à Rennes en 2019, c’était une réussite : « J’y ai emmené deux vaches, Minnie et Mousseline en première lactation, et elles ont fait respectivement 2e et 3e de section. » Depuis c’est son rendez-vous annuel ! L’éleveur a aussi participé pour la première fois cette année au salon de l’agriculture.
Concernant les choix génétiques, Xavier se focalisait principalement sur la morphologie jusqu’à présent. « Un défaut d’aimer les concours », avoue-t-il. Aujourd’hui, il ne met plus tous ses œufs dans le même panier : « Je regarde surtout les pattes, car c’est un peu le bémol de la race. Je vérifie toujours la mamelle, mais je choisis aussi selon la production et les taux. » Il veille également à maintenir un taux cellulaire correct (jusqu’alors toujours inférieur à 100 000 cellules) et aime pouvoir tenir compte du critère tempérament car « les Montbéliardes ont leur caractère ! »
Ci-dessous le bilan génétique du troupeau :

L’éleveur utilise de la semence sexée sur ses meilleurs animaux, le reste est en croisement (pour être vendu à 15 jours). Il a sa propre cuve et commande ses doses lui-même car la coopérative de son secteur ne propose pas de schéma de sélection en Montbéliarde.
Un robot de traite en septembre
Si la production n’était pas le premier critère de sélection de Xavier Laurent jusque-là, il pourrait le devenir. En effet, l’éleveur devrait passer au robot de traite d’ici la fin de l’année. « Le projet robot, ça fait longtemps que j’en rêve et là ça se concrétise… Étant seul à gérer l’exploitation, j’espère gagner en souplesse. Là nous sommes en plein travaux pour un objectif de mise en route fin septembre. J’ai hâte ! »
Il espère aussi monter en production avec ce nouvel outil, afin de gagner plus (actuellement l’EBE est de 100 000 € malgré une marge brute de l’atelier lait à 355 €/1000 l). « Quand ce sera financièrement possible, j’aimerais pouvoir déléguer les travaux de plaine, même si j’ai déjà la chance de pratiquer l’entraide avec mes voisins, je pourrais ainsi me consacrer à 100 % au troupeau. » Sa compagne, qui l’épaule en travaillant à mi-temps sur la ferme, espère aussi pouvoir développer un nouvel atelier sur la ferme pour diversifier les revenus et lui permettre de le rejoindre à temps plein. « Peut-être créer une ferme pédagogique puisque nous accueillons déjà du public avec le magasin. »