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Vaccination contre la grippe aviaire

Des avancées et encore beaucoup d’incertitudes


AFP le 07/04/2023 à 08:04

La France vaccinera-t-elle cet automne ses volailles contre la grippe aviaire ? La course contre la montre s'engage avec la publication de recommandations des autorités sanitaires, un feu vert de l'UE et des expérimentations touchant à leur fin.

En 2021-2022, l’épizootie a conduit à l’abattage de 22 millions de volailles en France. Le bilan de la saison 2022-2023 n’est pas encore connu.

Pour éviter que le scénario ne se répète, le gouvernement a présenté fin décembre un plan d’action au calendrier serré : autorisation de l’UE en février, clôture des expérimentations vaccinales en mars, et lancement d’une phase de concertation. Elle débouchera ensuite sur une stratégie opérationnelle « d’ici l’été », a assuré le ministère de l’agriculture jeudi soir dans un communiqué.

Un acte délégué européen, publié en février, a effectivement autorisé « le principe de vaccination » dans l’UE. Mais elle devra s’accompagner d’une surveillance renforcée, avec des tests réguliers type PCR, pour éviter que le virus ne circule à bas bruit parmi les animaux vaccinés.

Une pré-commande de doses

Aucun vaccin ne dispose pour l’instant d’une autorisation de mise sur le marché. Mais pour garantir que la France dispose d’un volume suffisant, le ministère de l’agriculture a annoncé « une pré-commande de 80 millions de doses ».

L’agence sanitaire française Anses se penche en ce moment sur les résultats de deux essais menés en France sur les canards, ceux des laboratoires Ceva Santé Animale et Boehringer Ingelheim.

Ils devraient être connus dans les prochaines semaines, tandis que quatre autres pays européens sont eux-aussi dans la course.

A la demande des pouvoirs publics, l’Anses a rendu jeudi un avis sur la stratégie à adopter. Si les doses de vaccin sont limitées, l’agence suggère de vacciner en priorité les animaux reproducteurs afin de préserver le renouvellement des élevages. Si les doses sont plus abondantes, l’Anses recommande de vacciner plus d’animaux, en se concentrant sur les espèces les plus à risque, comme les dindes et canards qui sont très sensibles au virus, et les volailles qui ont accès au plein air.

« Dans les temps »

Ces éléments scientifiques doivent désormais « être croisés avec la disponibilité des vaccins et les contraintes économiques », a expliqué à l’AFP Gilles Salvat, directeur général délégué pour la recherche à l’Anses.

L’Etat devra, en effet, déterminer qui paiera. « Il y a le coût des vaccins, mais également celui de la vaccination », a-t-il souligné.

Le ministère a dit jeudi que son plan d’action se poursuivait « selon le calendrier établi ». « On est dans les temps », a également estimé M. Salvat, mais reste à savoir si les fabricants de vaccins « seront capables de répondre au volume de commandes ».

Pour être efficace, la vaccination doit débuter fin septembre ou début octobre, pour laisser au produit le temps de faire effet avant les premières flambées épidémiques, qui ont généralement lieu autour du 15 novembre.

La filière, cependant, est réticente à l’idée de vacciner les reproducteurs. La France vend en effet à l’étranger des œufs fécondés, poussins ou canetons d’un jour qui serviront à peupler les élevages sur place.

« La grosse inconnue, c’est la réaction » des acheteurs, met en garde Maxime Chaumet, secrétaire général de l’association des professionnels de l’œuf CNPO. « On exporte dans environ cent pays. Les accouveurs ont estimé qu’au moins 50 pays fermeraient leurs frontières » aux animaux français s’ils étaient vaccinés, s’est inquiété jeudi M. Chaumet.

L’épizootie de grippe aviaire, qui sévit en Amérique, en Europe, en Asie et en Afrique, conduit à l’euthanasie de volailles par dizaines de millions.

La France a observé une endémisation du virus parmi la faune sauvage locale, alors que le virus arrivait plutôt auparavant par les oiseaux migrateurs.

Sur la saison 2022-2023, plus de 300 foyers ont été détectés en élevage.

Le pic épidémique a été passé lors de la deuxième semaine de décembre, a rapporté Gilles Salvat. Aucun cas n’a été recensé dans les élevages français depuis la mi-mars, après détection d’un dernier foyer dans le Centre-Val-de-Loire.

Quelques cas ont encore été détectés dans la faune sauvage ces derniers jours, mais ils sont « quasi-anecdotiques », selon l’Anses.