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En Bretagne

Des associations contre l’investissement dans le plus gros chalutier du monde


AFP le 03/02/2024 à 16:50

L'annonce d'un investissement de la Compagnie des pêches de Saint-Malo dans le navire Annelies Ilena, considéré comme « le plus grand chalutier pélagique au monde », est dénoncée par les défenseurs de l'environnement qui condamnent un « pillage des océans ».

La Compagnie des Pêches Saint-Malo, qui compte 350 collaborateurs et trois navires, avait fait cette annonce en décembre dans un communiqué sur Facebook. Elle annonçait notamment son intention d’investir 15 millions d’euros « pour installer une nouvelle unité de production de surimi base » à bord de l’Annelies Ilena, un chalutier de 145 mètres de long pour 24 mètres de large, propriété d’un armement néerlandais.

Dans un communiqué vendredi soir, la société malouine indique qu’elle « n’exploite pas le navire en propre et n’en est pas propriétaire » et que son investissement dans ce chalutier géant n’augmentera pas son volume de production.

Selon le communiqué, « la part de quota de merlan bleu qui va être apportée au projet correspond à celle du Joseph Roty II », son précédent navire construit en 1974 pour la pêche au cabillaud à Terre-neuve avant d’être modifié en 1990 pour la transformation de merlan bleu en surimi. « Aucun quota ne va être « récupéré » au détriment d’un autre navire ou d’un autre armement », assure la société.

Seul navire armé pour la production de surimi en Europe, le Joseph Roty II embarquait 50 marins, pour 3 000 tonnes de production par an. Selon la compagnie des pêches, « les marins en CDI qui travaillaient sur le Joseph Roty II (35-40 marins) rejoignent et complètent les équipes de l’Annelies Ilena et restent sous contrat français ».

Un navire capable de capturer 400 000 kg de poisson par 24 heures

A Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), « les 170 employés de l’unité de transformation ainsi que les 30 emplois sur les fonctions support sont par ce projet pérennisés », affirme le communiqué, précisant que « le navire débarquera sa production (poissons entiers et surimi base) aux Pays-Bas ».

L’association Bloom a dénoncé dans un communiqué une « décision aberrante », affirmant que l’Annelies Ilena avait été baptisé le « Navire de l’Enfer » lorsqu’il pêchait au large des côtes mauritaniennes « en raison de ses pratiques de pêche destructrices ».

« L’Annelies Ilena est un navire-usine, capable de capturer 400 000 kilos de poisson toutes les 24 heures, avec une capacité de stockage de 7 millions de kilos », souligne l’association. « Après la course au gigantisme des navires marchands, la course des navires pilleurs des Océans est en route. Devrons-nous aussi la subir ? », s’est interrogé pour sa part l’association bretonne Mor Glaz, de défense de la mer et des marins, dans un communiqué de presse.

Battant pavillon polonais, « Annelies Illena, qui dispose de ses propres quotas, poursuivra son activité traditionnelle » de « surgélation du merlan bleu en entier pour la consommation humaine », selon le communiqué de la Compagnie des pêches. Selon le texte, « il y a ainsi une optimisation de moyens de production » en passant de « deux navires pêchant la même espèce à un seul navire ». Ce projet devait faire l’objet d’une première campagne d’essai fin ébut février 2024.