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Consommation

Comment le flexitarisme peut-il accompagner la transition agricole ?


TNC le 28/10/2020 à 16:04
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Inquiets des conséquences d’une trop grande consommation de viande vis-à-vis de leur santé ou du climat, les consommateurs sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le flexitarisme. Mais qu’y a-t-il derrière cette définition, et surtout, cette tendance a-t-elle nécessairement des impacts négatifs pour l’élevage ?

« Aimez la viande, mangez-en mieux » ou « naturellement flexitariens », ces slogans, qui sont ceux de la campagne de communication lancée par Interbev lors du salon de l’agriculture en 2019, illustrent bien que le flexitarisme n’est pas forcément une menace pour les filières de la viande et de l’élevage, et que sa définition est globalement assez floue pour que le plus grand monde puisse s’y retrouver.

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Comme le rappelle le think tank AgriDées dans une récente note sur le sujet, le flexitarisme est avant tout « une tendance, une évolution, une trajectoire. Ce n’est pas une norme, ni une énième tentative d’exclusion, avec ses impératifs et ses sanctions ». En effet, on ne quantifie pas la réduction de la consommation de viande qui permet de se définir comme flexitarien. À travers le flexitarisme, il s’agit surtout de s’engager dans une transition alimentaire vers un régime plus sain, mais également plus respectueux de l’environnement, du climat et du bien-être animal.

Une transition alimentaire qui doit s’appuyer sur la transition agricole

Et cette évolution des modes de consommation « ne peut réussir qu’en s’appuyant sur la transition agricole, qui peu ou prou, cherche des réponses aux mêmes enjeux, du local au planétaire », rappelle AgriDées. La disparition de l’élevage pour favoriser les protéines végétales n’est pas une solution : en effet, si les animaux d’élevage occupent trois quarts des terres agricoles dans le monde, il s’agit essentiellement de terres non labourables et en Europe, 70 à 80 % des aliments consommés par ces animaux ne sont pas consommables par l’homme.

« L’élevage procure aussi un certain nombre de services dans nos sociétés », rappelle Yves Le Morvan, un des auteurs de la note. Ainsi, il représente 37 % du chiffre d’affaires de l’agriculture française, il dynamise les territoires, permet de capter du carbone grâce aux prairies… Mais il est également émetteur de gaz à effets de serre, ce qui nécessite de continuer à travailler sur l’évolution des pratiques, ainsi que sur une répartition territoriale renouvelée, moins spécialisée par territoire.

Il faut par ailleurs être vigilant à l’égard des « facettes cachées de la concurrence aux produits carnés », souligne le think tank, puisque si le flexitarisme est une véritable opportunité pour les acteurs de la food tech, qui investissent dans les substituts à la viande, ces produits « sont fort éloignés de la recherche de naturalité du fait de leurs process et du recours à de nombreux ingrédients et additifs, sans parler de leur « généreuse » teneur en eau », rappelle AgriDées.

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Étiquetage, financements et communication

Pour parvenir un équilibre de 50 % de protéines animales – 50 % de protéines végétales (contre 2/3 – 1/3 aujourd’hui), mieux vaut consommer des légumineuses moins transformées, auxquelles il faut sans doute redonner de l’attractivité. Le think tank propose plusieurs pistes pour atteindre ce nouvel équilibre alimentaire. Premièrement, un étiquetage réservant le terme « viande » aux produits carnés. « On ne croit pas que quelqu’un fera la confusion entre un « steak » végétal et un véritable steak, mais du point de vue nutritionnel, il y a une confusion », explique Bernard Valluis, co-auteur de la note. Cet étiquetage pourrait être complété par un étiquetage volontaire du bien-être animal.

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Autre levier, le financement. AgriDées prône un soutien renforcée, via la Pac, aux démarches collectives de réduction d’émission de GES par les ruminants, et un soutien aux entreprises qui innovent dans les nouvelles filières des produits végétaux destinés à la consommation humaine directe ou comme ingrédient.

Enfin, la communication constitue également un axe d’action. AgriDées propose de créer une interprofession agricole et alimentaire transversale, et de communiquer davantage, vis-à-vis du grand public, sur l’équilibre alimentaire et la composition des assiettes.

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