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Production laitière

Après la décrue de 2023, vers un regain de dynamisme pour la collecte laitière ?


TNC le 03/04/2024 à 16:30
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Collecte laitière française (© © TNC)

La collecte laitière française affiche une bonne dynamique depuis décembre et les perspectives sont plutôt encourageantes, selon l’Idele, même si la météo printanière inquiète. La production pourrait aussi partir à la hausse en 2024 à l’échelle européenne, stimulée par les prix du lait.

« La collecte française reprend un peu de vigueur » début 2024 : sur les onze premières semaines de l’année, les volumes de lait collectés dépassent de 0,2 % ceux de l’an dernier, annonce ainsi l’économiste Benoît Rouyer dans le dernier point de conjoncture du Cniel.

Il faut dire qu’entre inflation alimentaire et accidents climatiques, 2023 n’a pas été fameuse pour la production laitière française. À 22,7 milliards de litres en 2023, elle a subi un « recul marqué de 2,7 % par rapport à 2022, soulignait fin février l’Idele dans ses Tendances lait-viande, affectée au premier semestre par « des fourrages récoltés en 2022 peu lactogènes » et au second par la canicule en septembre et les fortes pluies à l’automne.

Mais la donne a changé en fin d’année – « le mois de décembre a presque retrouvé son niveau de 2022 (- 0,3% /2022) » – et 2024 a bien commencé : la collecte laitière est restée stable en janvier (-0,3 % encore) « malgré un début de mois perturbé par des chutes de neige, du gel et du verglas dans certaines régions ».

Cette collecte de janvier s’est reprise en Pays-de-la-Loire (+1,1% /2023), en Bretagne (+0,5% /2023) et surtout dans le Grand Est (+2,8% /2023), précise l’Idele. Elle a un peu reculé en Normandie (-0,6% /2023) et elle est restée stable dans les Hauts-de-France, malgré les inondations qui ont frappé les éleveurs du Pas-de-Calais.

Pour février, la collecte aurait augmenté de 0,5 % par rapport à février 2023, selon les chiffres de FranceAgriMer.

Sur février 2024, la collecte serait au-dessus de son niveau de l’an dernier. (© Idele)

Des perspectives encourageantes pour 2024, mais gare aux bémols météo

Et l’Idele annonce des perspectives plutôt encourageantes pour les mois qui viennent, grâce à des prix du lait qui « devraient se tenir », « des fourrages récoltés en 2023 lactogènes », « un coût plus abordable des aliments concentrés » et une baisse du cheptel laitier qui continue de ralentir.

Mais plusieurs incertitudes pourraient entraver cette embellie, nuance l’institut technique. Notamment au sujet de l’évolution de la MHE, « qui pourrait repartir au printemps », et surtout en termes de conditions météo.

Car le temps très pluvieux retarde la mise à l’herbe : « Les sorties au pâturage pour le déprimage sont particulièrement difficiles en raison des pâturages détrempés, des sols endommagés et des vaches qu’on doit remettre en bâtiment, au risque de saccager les prairies ».

Ces problèmes météo pourraient même empêcher le déprimage « car l’herbe est trop avancée en stade », d’où des conséquences possibles sur la qualité des fourrages récoltés.

Dans l’UE, une collecte stable et qui pourrait augmenter

Dézoomons. Quelle est la situation de la collecte laitière dans l’Union européenne ? Avec 143,7 Mt, elle était globalement stable par rapport à 2022, mais avec des disparités selon les périodes et les pays.

La collecte a ainsi augmenté « presque partout » au premier semestre (+ 0,8 %/2022) grâce à « une conjoncture attractive malgré la baisse progressive des prix du lait ». Puis, après un troisième trimestre « stable », inversion de tendance en fin d’année à cause des aléas météo (froid, tempêtes, excès d’humidité) et du repli des prix du lait.

Sur le premier semestre 2023, la collecte laitière européenne était en hausse par rapport à 2022, mais s’est repliée en fin d’année. (© Idele)

Les collectes allemande, néerlandaise, belge et polonaise sont restées dynamiques en 2023, avec des hausses respectives de 430 000 t, 132 000 t, 150 000 t et 242 000 t/2022 sur l’année.

Comme en France, la collecte irlandaise s’est « nettement repliée » (-376 000 t/2022), surtout au quatrième trimestre : « les conditions humides durant l’automne ont poussé les éleveurs à anticiper la mise en bâtiment et le tarissement des vaches ».

Et demain ? Pour l’Idele, la production laitière européenne pourrait augmenter tout au long de 2024, « stimulée par des prix qui pourraient rester aux niveaux de 2023 ». De fait, « le faible dynamisme de la production dans les grands bassins laitiers exportateurs devrait soutenir les cours des commodités laitières et par conséquent le prix du lait.