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Filière Beaufort : des jeunes témoignent

« Nos vaches et nos montagnes, c’est toute notre vie ! »


TNC le 12/01/2022 à 09:44
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Caroline et Sonia cette année, comme Étienne, Mathieu et Marc l'an dernier, sont motivées pour assurer le renouvellement des générations d'éleveurs de Tarines et de producteurs de Beaufort ! (©Filière Beaufort)

Après une campagne de communication avec les enfants d'éleveurs en 2020 et les producteurs et fromagers en 2021, la filière Beaufort met cette année les femmes à l'honneur. Caroline Frison et Sonia Albert, la trentaine, se sont installées l'une en Gaec avec son père, l'autre avec son frère, pour « perpétuer la tradition familiale » autour de ce fromage et de l'élevage des Tarines.

C’est de saison de parler de Beaufort, avec les raclettes, fondues et vacances aux sports d’hiver ! La filière ne manque pas de jeunes éleveurs et éleveuses, motivés pour la faire perdurer. Après un Bac et un BTS agricole, puis une spécialisation en élevage laitier, Caroline Frison effectue un stage de cinq mois au Québec. Mais ses montagnes de la Haute-Tarentaise, ainsi que l’élevage familial et ses Tarines, lui manquent. De retour chez elle, elle travaille cinq ans, de 2014 à 2019, comme inséminatrice l’hiver et salariée en alpages l’été. En parallèle, elle s’installe en Gaec avec son père le 1er mai 2017 sur l’exploitation située au Châtelard au-dessus de Bourg-Saint-Maurice, à laquelle elle se consacre à plein temps depuis 2019.

Pas d’été loin de mes Tarines et de mes montagnes !

« Le troupeau compte 70 vaches laitières, 100 % Tarines, élevées en stabulation libre » pendant la période hivernale et en alpages dans le Beaufortain durant la saison estivale. « Le paysage est magnifique, au-dessus du Lac de Roselend (qui a donné son nom au Gaec) et au pied du Roc du Vent. Mes grands-parents y venaient déjà et vivaient dans un chalet que nous venons juste de retaper. Pour moi, c’est important de perpétuer cette tradition familiale ! Je ne peux pas imaginer un été loin de mes Tarines et de ces montagnes. C’est ma vie ! », raconte la jeune femme de 30 ans.

« La relève de l’héritage familial,
sans hésiter ! »

Sonia Albert est aussi fille et petite fille d’éleveurs de Tarines, à Tessens dans la Tarentaise. « Toute jeune déjà, j’aidais mes parents à la ferme dès que je le pouvais », se souvient-elle. Comme Caroline, elle a malgré tout voulu voir ailleurs avant de revenir dans sa vallée. « En 2009, j’ai eu l’opportunité de m’installer en Gaec avec son frère, Damien. J’ai pris la relève de l’héritage familial sans hésitation ! », poursuit la productrice de 36 ans. Au Gaec Le Framboisier, les 32 vaches sont élevées à l’attache et montent pour la saison estivale au Groupement pastoral de Tessens, dont Damien est président. « Ce que je préfère dans mon métier d’éleveuse, lance-t-elle, ce sont mes belles Tarines et la liberté de m’organiser comme je l’entends, même si je ne compte pas mes heures. »

J’aime parler de ce fromage, l’aboutissement de notre travail.

Il faut dire, qu’en plus de l’exploitation, elle est occasionnellement vendeuse au magasin de la Coopérative laitière du Canton d’Aime, où elle livre son lait pour la fabrication de Beaufort. « J’aime le contact avec les clients et leur parler de ce fromage, l’aboutissement de notre travail », insiste-t-elle, ajoutant : « La filière Beaufort, c’est une grande famille qui partage les mêmes objectifs ! » Ainsi, elle participe aux différents projets du collectif, les animations autour du produit notamment. Elle est également marraine d’une jeune éleveuse, qui a récemment rejoint la filière. Ses deux enfants, qui la suivent sur la ferme l’hiver ou à l’estive l’été, pourraient bien reprendre, eux aussi, le flambeau.

Les femmes dans la filière Beaufort
– 115 exploitantes sur 600 au total, soit 20 %.
– 200 salariées sur 500 au total.
– 40 % des emplois liés à la fabrication et la commercialisation du fromage.
Le secteur regroupe 390 exploitations et emploie 1 100 personnes : 850 dans les fermes (600 éleveurs et 250 salariés) et 250 pour la transformation/vente à l’extérieur.

« Elles et ils incarnent le futur de la filière »

C’est pour leur passion de l’élevage de Tarines et du Beaufort que ces deux jeunes productrices ont été choisies, cette année, pour la campagne de promotion de la filière. Il y a deux ans, celle-ci avait donné la parole aux enfants d’éleveurs et d’éleveuses, pour qu’ils expliquent comment ils perçoivent et vivent le métier de leurs parents. 

L’année dernière, les éleveurs et fromagers avaient été mis sur le devant de la scène, à travers l’opération d’affichage « Beau et fort ». Comme Étienne Arvin-Berod, 25 ans, installé depuis un peu plus de deux ans avec ses parents à Praz-sur-Arly. L’été, au Gaec du Rayonnant, la mère s’occupe du refuge, le père de la traite en estive, le jeune homme restant dans la vallée pour les foins. L’hiver, il partage son temps entre l’élevage et sa deuxième activité de moniteur de ski. Mathieu Braizaz, lui aussi, est installé avec ses parents en Gaec (de Meibra, NDLR), à Hauteluce, et est double actif (saisonnier aux remontées mécaniques) comme beaucoup de producteurs de Beaufort. « J’adore la vie en alpage, avec mes bêtes, dans une nature splendide et préservée », s’exclame le jeune éleveur de 23 ans.

J’adore la vie en alpages, avec mes bêtes dans une nature splendide et préservée, mais si les journées sont intenses !

Quant à Marc Paravy, 32 ans, il est fromager depuis 2015, l’hiver à la coopérative laitière de Beaufort du canton d’Aime et l’été à l’alpage de Plan Pichu. « En estives, les journées sont intenses : 15 heures en moyenne ! », témoigne-t-il, assurant, seul, les deux fabrications de la journée : la première de 4h du matin jusqu’en fin de matinée et la seconde de 15h30 à 23h. « En début d’après-midi, je retourne les meules, précise-t-il. J’alterne une semaine sur deux, avec Philippe, le deuxième fromager de Plan Pichu. Un rythme de travail que j’apprécie. » « Ces trois hommes ont été sélectionnés par notre commission « communication », parce qu’ils sont représentatifs du dynamisme de la filière et porteurs de ses valeurs. Ils incarnent le futur de la filière », appuie le syndicat dans un communiqué.