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Cri d'alarme des pêcheurs

« Il faut manger du poisson frais ! »


AFP le 18/03/2020 à 13:45

Il faut inciter les Français à « manger du poisson frais » pour leur santé et pour maintenir la filière pêche, a affirmé mercredi le président du Comité régional des pêches de Bretagne, Olivier Le Nézet.

Après une météo exécrable ces quatre derniers mois, « on pêchait bien à nouveau, mais il n’y a plus de marché à cause de la crise sanitaire (…) Si les gens ne mangent que des conserves, ils vont tous avoir le scorbut dans un mois! Il faut inciter les gens à acheter et manger du poisson frais », a déclaré à l’AFP le président de la première région française de pêche.  « Lundi, en Bretagne, on avait 80 tonnes d’invendus. Mardi, il y a eu plusieurs centaines de tonnes d’invendus en Manche et Atlantique. Même des poissons fins ne trouvent pas preneurs », a-t-il déploré.

La fermeture des restaurants et des cantines scolaires ou autres a entraîné une baisse drastique de la demande, les exportations vers l’Espagne et l’Italie -marchés traditionnels- sont bloquées, « c’est toute la chaîne qui est en train de se casser la figure », a résumé M. Le Nézet. Outre les pêcheurs, la filière repose sur les mareyeurs, les transporteurs et les grandes et moyennes surfaces (GMS) : « Il faut continuer à produire, même avec moins de volume, que les mareyeurs s’y remettent, que les GMS jouent le jeu et que les consommateurs achètent (…) on est sur de la cueillette ; sans continuité de la filière, tout va s’arrêter », craint-il.

Les hauturiers, ces gros navires de pêche qui partent généralement pour des marées de 10 à 15 jours dans le nord de l’Écosse ou l’ouest de l’Irlande, « sont rentrés ou sont en train de rentrer ». Or, quand la décision de repartir en mer sera prise, il faudra encore près de deux semaines supplémentaires avant qu’ils ne ramènent du poisson à la vente, rappelle-t-il. « Il faudrait que certains hauturiers repartent en mer » dès maintenant, juge-t-il. « Ce dont nous avons besoin, c’est que l’État prenne ses responsabilités et qu’il se donne les moyens pour alimenter la population. À un moment, il faut taper du poing sur la table (…) Ce serait à l’État de donner des ordres à son administration (…) Actuellement, on se débrouille tout seuls », a regretté M. Le Nézet. « Nous, notre travail, c’est comme les agriculteurs, c’est de nourrir les gens (…) Ce genre de comportement que l’on observe actuellement est suicidaire. C’est l’occasion de rappeler aux gens qu’il y a des pêcheurs et qu’il faut manger du poisson ! », a conclu le responsable professionnel.