Accéder au contenu principal
Coopération Agricole

« Assurer l’avenir des éleveurs coopérateurs de demain »


TNC le 21/07/2023 à 08:53
journees-filieres-bovine-ovine-la-cooperationagricole

Les Journées bovines de La Coopération Agricole, axée sur le renouvellement des générations, ont été l'occasion de mettre en avant l'intérêt des coopératives pour les jeunes éleveurs.

Tel était le thème des Journées des filières bovine et ovine de La Coopération Agricole pôle animal. L’occasion de présenter différentes actions conduites par les coopératives pour les jeunes éleveurs adhérents : aides financières, majoration/sécurisation du prix du lait, accompagnement technique et humain, garantie de débouchés rémunérateurs...

Dans le cadre des journées des filières bovine et ovine du pôle animal de La Coopération Agricole, les 5 et 6 juillet derniers aux Sables-d’Olonne, administrateurs, techniciens, responsables et directeurs des entreprises du réseau ont échangé sur le renouvellement des générations d’éleveurset d’adhérents des coopératives du secteur de l’élevage.

« Ces 20 dernières années, le cheptel laitier français a diminué de 17 % et l’effectif de bovins viande baisse de 1,7 à 1,8 % par an », ont alerté en ouverture les différents intervenants. Et lors de la table ronde « Comment assurer l’avenir des éleveurs coopérateurs de demain ? Partageons nos réussites », différentes actions de coops en faveur des jeunes agriculteurs ont été présentées, témoignages à l’appui.

« Les défis sont nombreux mais les solutions sont dans nos stratégies de filières et de territoires. Les actions de @lacoopagricole pour promouvoir le modèle, les démarches filière, l’image de l’élevage et des métiers de l’agriculture œuvrent pour apporter des clefs. » @ChargeDom

— La Coopération Agricole Pôle Animal (@PoleAnimal_Coop) July 6, 2023

Un soutien financier dans plusieurs coops

Le financement des reprises d’exploitations laitières ou allaitantes est, en effet, « le premier défi au regard du capital immobilisé, les banques faisant parfois preuve d’une certaine frilosité », rappelle La Coopération Agricole dans un communiqué.

  • Majoration du prix du lait

Certaines coopératives majorent le prix du lait les premières années d’installation, comme pour Kévin Bossard, jeune producteur laitier en Vendée depuis 2016. Un réel coup de pouce, explique-t-il, dans une vidéo de la série #JeunesEnCoop réalisée par La Coopération agricole et diffusée depuis un an sur sa chaîne Youtube.

  • Systèmes pour sécuriser le prix du lait

Deux formes existent : un prix minimum garanti sur le volume contractualisé ou une compensation de la recette manquante. Dans le premier cas, si le lait est payé moins cher que le prix minimum, c’est ce dernier qui s’appliquera. Dans le second, il y aura compensation du manque à gagner s’il est rémunéré en dessous d’un prix d’équilibre calculé en fonction de références locales. Mais le jeune éleveur devra redonner les sommes perçues si la situation s’inverse.

À l’échéance du contrat, une balance est réalisée pour rééquilibrer les choses sur toute la durée. Un système sécurisant à la fois pour les jeunes installés (il apporte de la stabilité sur l’année, de la visibilité pour l’avenir et une meilleure la résilience face aux crises), les collecteurs (maintien de la collecte laitière) et les financeurs.

  • Fonds de dotation pour les éleveurs allaitants

Dans les Pays de la Loire, le fond de dotation « Élevons pour l’Avenir », lancé le 2 mars 2023 au Salon de l’agriculture, aide financièrement les éleveurs allaitants – les jeunes et ceux qui le sont moins – à reprendre un élevage, mais aussi humainement avec l’accompagnement d’un parrain. Objectif : limiter la décapitalisation du cheptel dans la région, une étude ayant fait ressortir la valeur de reprise des fermes en tant que principal frein à l’installation.

Chaque demandeur doit défendre son projet devant le comité d’attribution. Si ce dernier est retenu, l’équivalent de 50 000 € pourront être versés en différé de remboursement, au jeune installé, pendant cinq ans. Cela revient à un prêt d’honneur à taux zéro. En contrepartie, les engagements sont la contractualisation, le respect d’un cahier des charges, d’une charte éthique et d’une démarche environnementale, le suivi du contrôle de performance et de la valeur économique du cheptel.

Cette initiative d’Interbev est soutenue par la chambre d’agriculture, le Conseil régional, la FRSEA et JA des Pays de la Loire ainsi que des donateurs privés (banques, GMS et même entreprises d’autres secteurs). Tous espèrent atteindre une vingtaine de bénéficiaires par an et déployer cette solution ailleurs en France, indique La Coopération Agricole.

Suivi technique et débouchés assurés

Outre l’aspect financier, les coopératives accompagnent aussi les jeunes éleveurs, pointe Dominique Chargé, président de La Coopération Agricole :

  • en leur proposant « un suivi technique spécifique »

Toujours dans la série #JeunesEnCoop, Bastien Larroque et Jérémy Lauda mettent en avant « la relation avec le technicien, qui permet d’avancer sereinement » (tous deux ont repris ensemble, en 2018, un élevage allaitant dans les Pyrénées-Atlantiques : 20 mères Blondes d’Aquitaine sur 45 ha, dont une trentaine de prairies et une dizaine de maïs). Kévin Bossard apprécie leur disponibilité en cas de problème  « On sait qu’on a du monde derrière nous pour nous soutenir en cas de coup dur, résume-t-il.

L’accompagnement technique en coop, c’est aussi la possibilité de découvrir d’autres productions et pratiques, et de faire évoluer l’exploitation. Ce qu’a fait Marie-Jeanne, jeune productrice laitière de 29 ans en Moselle (65 Montbéliardes + 20 vaches limousines), face aux surfaces fourragères disponibles, en stoppant l’engraissement pour « se concentrer sur le lait ». « Un œil extérieur sur suivi troupeau » est toujours bénéfique, juge Jean Sorhouet, qui élève depuis 2008 une soixantaine de vaches allaitantes dans les Pyrénées-Atlantiques sur 65 ha (de prairies essentiellement).

  • en « garantissant des débouchés rémunérateurs »

« L’accompagnement de ma coopérative, pour la commercialisation des animaux et la sélection génétique en amont, est essentiel. Cela permet de coller le plus possible aux marchés, à la demande des acheteurs, et d’obtenir une meilleure valorisation », insiste Jean Sorhouet dans la série de vidéo #JeunesEnCoop.

Louis Poumier, 23 ans, installé en Corrèze depuis 2019 en Gaec avec son père (155 mères limousines sur 155 ha + sélection de broutards pour vente de reproducteurs), partage son point de vue : « On n’a pas besoin de se poser la question « à qui on va vendre » et grâce au label rouge Blason prestige, je valorise mieux ma viande. »

Attention particulière aux jeunes éleveuses

Dominique Chargé cite les initiatives comme le collectif Les Elles de la coop, composé de femmes administratrices de leur coopérative, lancé en 2018 pour « promouvoir la mixité au sein des instances décisionnaires ». Ou encore Les Bottées, un groupe de « positives agricultrices, bien dans leurs bottes », comme elles se définissent, de la coopérative Cavac qui partagent le même objectif de « promotion de la féminisation en agriculture ».

Découvrez, en vidéo, le portrait de l’une des ces Bottées, Delphine Chamard, 34 ans, installée depuis 2019 en polyculture-élevage en Charente-Maritime, avec son mari au sein de l’EARL de la Petite Gorre : 136 ha, 35 mères limousines en système naisseur et un atelier de poules pondeuses reproductrices :

Pour afficher cette vidéo, veuillez accepter les cookies Youtube en cliquant ici

Les coopératives, comme le rappelle Dominique Chargé, ont aussi un rôle de communication et d’information auprès du grand public pour faire connaître les formations et métiers de l’agriculture, et susciter des vocations. Citons notamment leur implication dans la consultation citoyenne « À la rencontre des jeunes » destinée à mieux cerner leurs attentes concernant l’alimentation et l’agriculture de demain. Adhérents et salariés sont d’ailleurs formés pour communiquer sur les réseaux sociaux. L’enjeu derrière est essentiel : améliorer l’image de l’élevage auprès de la société (bien-être animal, réduction des GES, etc.).