Reprendre le contrôle sur les troupeaux à haut niveau cellulaire


TNC le 18/11/2025 à 05:18
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Parce qu’une mammite clinique -avec des signes visibles- ou subclinique -qui se traduit par une augmentation du taux cellulaire- peut venir de diverses causes : dues à l’environnement ou à un agent infectieux, les bactéries en cause ne sont pas les mêmes. (© TNC)

Le comptage cellulaire constitue l’une des principales sources de variation de la qualité du lait. Les causes d’un comptage cellulaire élevé peuvent être multiples, et pour traiter le problème à sa source, il est nécessaire d’identifier la cause du problème.

Les moyens de détecter les mammitescliniques sont bien connus de tous : quartier dur et chaud, lait qui modifie d’aspect avec l’apparition de grumeaux. Or, tous les systèmes de traite ne permettent pas à l’œil de l’éleveur de s’exercer.

L’observation, infaillible exigence du métier d’éleveur

« Tirer les premiers jets est fondamental pour voir l’aspect du lait, annonce Jeremy Cerclet, conseiller en élevage laitier pour Eilyps sur le plateau de la Space TV. On peut réaliser le test du plateau avec un réactif qui va donner une indication du taux de leucocytes dans chaque quartier », poursuit-il.

Parce qu’en robot de traite il n’y a pas la possibilité de tirer les premiers jets pour avoir un aperçu visuel, « aujourd’hui, chaque robot est capable de mesurer la conductivité. La conductivité électrique donne une idée de la qualité du lait de chaque vache, et de la tendance suivie ; si elle s’améliore ou si elle se dégrade », détaille le conseiller en élevage.

« Le seuil des 200 000 est à considérer comme une limite »

Pour l’éleveur, le premier indicateur du taux cellulaire est inévitablement l’analyse de lait du tank à chaque passage du laitier, cela donne une idée de la tendance globale au niveau du troupeau.

« La valorisation du lait payé à l’éleveur est pénalisée à partir de 250 000 cellules mais le seuil des 200 000 est à considérer comme une limite parce qu’à partir de là, ça peut vite basculer », prévient-il.

Analyses de lait : comment baisser rapidement en cellules ? — Vidéo Dailymotion

La génomique pour identifier les vaches à problème

En lien avec le développement croissant de la génomique en élevage, « des éleveurs utilisent l’outil ‘Génocellules’. Avec un échantillon de lait du tank, on recherche l’ADN de chaque vache ; plus on retrouve d’ADN d’une vache, plus son taux cellulaire est élevé. Évidemment, ça nécessite que tout le troupeau laitier soit génotypé », informe Jérémy Cerclet.

« Les éleveurs qui utilisent cet outil en sont très contents, ça permet de valoriser une seconde fois l’investissement du génotypage, et ça laisse une souplesse et une réactivité si le taux cellulaire du tank vient à augmenter », poursuit-il.

« Traiter la bonne cause »

Parce qu’une mammite clinique -avec des signes visibles- ou subclinique -qui se traduit par une augmentation du taux cellulaire- peut venir de diverses causes : dues à l’environnement ou à un agent infectieux, les bactéries en cause ne sont pas les mêmes.

« Pour savoir de quel type de germe il s’agit, et ainsi traiter la bonne cause de l’augmentation du taux cellulaire, on peut envoyer un échantillon de lait du tank au laboratoire, et les bactéries présentes vont être classées en trois catégories : environnement, contagieux, et mixte », déclare-t-il.

« Une fois le germe responsable identifié, ça aide à mettre en place les bonnes pratiques pour réduire le taux cellulaire à la vache ou au troupeau (hygiène de traite, bâtiment, génétique, …) ».

Les premiers indicateurs à examiner

« En termes d’indicateurs, le conseiller évoque la possibilité aux éleveurs de prendre la température de la litière », avec un thermomètre quelconque, on prend la température à 10 cm à divers points de l’aire paillée, si la moyenne dépasse les 35°C il est temps de prévoir de curer dans les 7-10 jours, et si la moyenne dépasse les 40°C, il faut curer assez rapidement.

En logettes, cette vigilance se traduit plutôt par de l’entretien au quotidien, voire deux fois par jour avec de l’asséchant les jours humides d’hiver ».

Parmi les leviers mobilisables « facilement », Jeremy Cerclet évoque « le contrôle de la machine à traire, et des réglages du décrochage automatique pour éviter les surtraites, mais aussi avoir un niveau de traite homogène quel que soit le poste ».

L’ultime solution, la réforme des vaches à problèmes. « Les vaches qui montent en lactation et en âge ont tendance à monter en taux cellulaire, mais il y a aussi des vaches qui sont régulièrement hautes en cellules en raison de leur historique ou de leur génétique. Celles-ci font grimper le taux cellulaire du tank mais elles peuvent aussi et surtout contaminer des congénères », déplore-t-il.

Enfin, le conseiller en élevage mentionne l’importance de la nutrition minérale « elle n’est pas à négliger, -oligoéléments, vitamines- pour la reproduction certes, mais également pour la qualité du lait ».