Parce que le meilleur carburant, c’est celui qu’on ne consomme pas, chaque économie compte
TNC le 15/12/2025 à 05:07
Jusqu’à 20 % d’économies de carburant si le matériel d’élevage est adapté, puis 15 % si le lieu de stockage de paille est optimisé… cumulés, ce sont les petits gestes qui font la différence.
« En élevage, un tiers du carburant utilisé concerne les travaux réalisés sous le bâtiment. Les deux tiers restants sont consommés sur les cultures fourragères, le transport de l’eau et de la paille », selon Marie Douteau, conseillère bovin viande à la chambre d’agriculture de Seine-Maritime. Parce qu’il n’y a pas de petites économies, économiser du carburant se fait dans la plupart des cas par de petites habitudes à changer. Certaines exploitations ont un système intrinsèquement économe en carburant, c’est notamment le cas d’Arnaud Tesson, éleveur laitier en Seine-Maritime. Son système de silo sandwich libre-service permet gain de temps au quotidien et confort de travail.
Réfléchir à l’organisation du travail
Il est bien connu que les petites rivières font les grands fleuves : à écouter Marie Douteau, pour optimiser sa consommation de carburant sur le corps de ferme, la logique est la même. « Optimiser ses circuits dans le corps de ferme, notamment lorsqu’on réfléchit à un nouveau silo, ou à une nouvelle installation permet de réduire les allers-retours, les temps moteurs et les pertes d’énergie », insiste la conseillère. Avant de penser à de nouvelles installations, regroupez les tâches quotidiennes, s’il est possible de pailler, curer et alimenter au même endroit et au même moment. Ces petits gestes ne sont pas sans impact. « Il est bien de regrouper les tâches en un seul démarrage, parce que le matériel a tendance à consommer davantage lorsqu’il est utilisé à froid », lance Marie Douteau.
Parmi les consommations de carburant « inutiles », on ne peut s’empêcher de penser aux temps ralentis, moments pendant lesquels le moteur tourne alors que nous sommes au téléphone, ou autre… D’après Marie Douteau, « les temps ralentis sont estimés à 15 minutes par jour, soit l’équivalent de 250 à 300 litres de GNR par an utilisés au ralenti. Puis elle poursuit avec persuasion : « si le tracteur est arrêté plus d’une minute, ça vaut le coup de l’éteindre. »
L’organisation du travail quotidien en élevage dépend des lieux de stockage, notamment de l’alimentation, mais également du matériel d’alimentation et de paillage, toujours dans l’objectif d’éviter les allers-retours inutiles, mais aussi par rapport à l’usure des pneus. « Selon l’endroit où la paille est stockée – de la meule à l’extérieur du corps de ferme à un hangar à paille sur site –, l’optimisation du lieu de stockage permet jusqu’à 15 % d’économies de GNR. »
Bien choisir son matériel
Adapter le matériel à l’usage paraît anecdotique, mais « utiliser un petit tracteur de cour ou un télescopique plutôt qu’un tracteur de plaine pour les travaux d’élevage qui ne demandent pas beaucoup de puissance permet environ 20 % d’économies de GNR ». Aussi, un entretien rigoureux et régulier du matériel lui permet non seulement de durer plus longtemps, mais également d’éviter la surconsommation de carburant. Vidanges, remplacement des filtres, soufflage du radiateur et du filtre à air lui permettront de mieux respirer ! Surveiller la pression des pneus est tout aussi important « les pneus sont souvent sous gonflés sur les chargeurs, et c’est comme une voiture, pneus sous gonflés est égal à surconsommation de carburant », assure la conseillère.
Selon le système d’alimentation, le temps de travail varie du simple au triple à troupeau égal. « En fonction des matériels, on va de 60 à 300 UGB alimentés par heure, notamment avec une automotrice », précise Marie Douteau. Alors que certains matériels apportent confort de travail mais pas forcément gain de temps, tels que les mélangeuses.
Système d’alimentation presque autonome : le silo libre-service
Système d’alimentation bien moins répandu qu’autrefois, le silo sandwich libre-service est en place depuis près de 50 ans sur l’exploitation laitière d’Arnaud Tesson. « Ce système était déjà là du temps de mes parents et puis ça marchait, alors il n’y a pas de raison de changer », lâche l’éleveur.
Niveau logistique, le plus compliqué est le remplissage du silo. « Pour faire mon silo, je m’arrange pour ensiler une journée, le lendemain les pulpes arrivent et le troisième jour, on couvre. » Arnaud Tesson reconnaît un gain de temps et une simplicité au quotidien, « mais c’est un gros chantier de nettoyage la semaine qui précède l’ensilage ».
Pour la complémentation, les 80 vaches laitières de l’exploitation ont accès à de l’enrubannage à volonté, et à un Dac de 4 stalles. « Deux suffiraient mais en avoir davantage limite les risques de bagarre, notamment pour l’intégration des primipares fraîchement arrivées dans le lot des laitières », explique l’éleveur.
En pratique, avec un front d’attaque de 25 m de large, les 80 vaches mangent en trois tours. « J’ai cinq auges qui se poussent et cinq jours par semaine, je change d’endroit pour prendre les refus qui servent à nourrir les élèves. Chaque matin, les refus vont aux élèves et on éboule le maïs, ensuite les vaches se débrouillent. »
Parmi les points d’attention au niveau du silo, il faut veiller à stabiliser l’accès pour éviter les glissades, et dans l’idéal avoir la fosse à proximité pour faciliter le nettoyage de la zone. Niveau matériel d’élevage, l’éleveur n’a « qu’un petit tracteur avec un rabot et un télescopique avec godet dessileur, pour faire tomber le maïs et donner les refus aux élèves ».