L’hiver arrive : et si on en profitait pour faire le point sur le stock de fourrage ?


TNC le 19/11/2025 à 11:48
Salersalauge

Les vaches allaitantes peuvent passer l'hiver sans complémentation à condition de distribuer un fourrage équilibré. Pour le vérifier, l'analyse alimentaire est un plus. (© TNC)

Camille Didiot, conseillère bovin viande chez Copelva, propose d’effectuer des analyses de fourrage pour y voir plus clair sur la qualité, mais également sur les volumes disponibles.

Avec l’arrivée des premières gelées en plaine, la fin de la saison de pâturage approche à grand pas. Et si c’était le moment pour réaliser un bilan fourrager ? Dans le podcast Herbe et Fourrage, Camille Didiot, conseillère bovin viande chez Copelva, propose de jeter un œil sur ses stocks.

Chacun le sait, mieux vaut être cigale que fourmi pour passer l’hiver. Pour bien anticiper sa ration hivernale, la conseillère propose de réaliser un bilan fourrage. La première étape ? L’analyse alimentaire. « Pour estimer ses stocks, il faut savoir la teneur en matière sèche de ses fourrages, et c’est une donnée que l’on ne peut avoir qu’en faisant une analyse », insiste la conseillère.

Sur les fourrages humides, comme l’ensilage ou l’enrubannage, on prélève un peu d’aliment 3 à 4 semaines après la récolte. « Cela donne le temps au fourrage de fermenter et de se stabiliser », précise Camille Didiot. Les fourrages secs peuvent quant à eux être analysés directement à la récolte. Attention également à effectuer des échantillons représentatifs : « à l’ouverture du silo, on prend une poignée en haut, une en bas, et l’on n’oublie pas les côtés ! » Même combat pour l’enrubannage ou le foin, où il est préférable de composer son échantillon à partir de plusieurs ballots.

Les valeurs alimentaires permettront ensuite de se situer. « Il y a des fourrages qui sont de vrais correcteurs azotés, comme l’ensilage de luzerne ou les fauches précoces, avec des MAT au-dessus de 15, et plus de 0,8 UF. » D’autres se suffisent à eux-mêmes, « autour de 10 et 13 points de MAT et 0,75 en UF, il n’y a pas besoin de correcteur en vaches allaitantes ». En deçà de 9 % de MAT, une complémentation commence à devoir être envisagée.

Et attention : « on teste tous les ans », rappelle la conseillère. Même si les itinéraires culturaux restent les mêmes, les stades de récolte, les années climatiques ou les variétés font que le résultat change. « 2024 n’était pas une très bonne année pour les fourrages, 2025 est plutôt meilleure, alors autant ne pas distribuer du concentré pour rien. »

Viser les 2,5 t MS de stock par UGB

« Avec les fourrages de 2024, sur un troupeau de 100 vaches allaitantes, il fallait complémenter de + 0,8 kg de tourteau par jour sur les 120 jours où les animaux sont à l’étable », détaille Camille Didiot. Compter également + 0,3 kg/j pour les génisses de 1 an, et + 0,5 kg/j pour les génisses de 2 ans. « À la fin de l’hiver, cela représente un total de 12 t de complémentation à apporter. À 380 € la tonne, cela coûte 4 560 € d’équilibrer la ration. » Un investissement à anticiper pour préserver le potentiel de son troupeau, mais qui n’est pas forcément nécessaire tous les ans.

Le bilan fourrager permet enfin de faire le point sur les stocks. « En général, on conseille d’avoir 2,5 t MS de stock par UGB pour faire face à l’hiver et la période sèche en été ». Calculer les volumes disponibles permet alors de se situer, et piloter son affouragement hivernal.