Les cultures fourragères d’été pour s’adapter au changement climatique
TNC le 07/11/2025 à 11:18
Sorgho, moha… ces cultures apparaissent peu à peu dans nos campagnes. Et pour cause, elles sont plus adaptées que les prairies traditionnelles aux étés chauds et secs, tels que nous les connaissons maintenant. Les coûts d’implantations quelque peu conséquents sont rentabilisés si la productivité de la prairie est inférieure à 1,5 tMS/ha en période estivale.
À l’occasion du Sommet de l’élevage, Antoine Buteau, ingénieur régional fourrages chez Arvalis et gérant de la ferme expérimentale des Bordes, et Julien Fortin, responsable de la ferme expérimentale de Thorigné-d’Anjou, ont animé une conférence sur la thématique du pâturage en période estivale.
« Avec le changement climatique, on observe une augmentation des jours « chauds » – c’est-à-dire supérieurs à 25°C -, et des précipitations qui se raréfient au fil des ans. Inévitablement, ces éléments impactent la courbe de la croissance de l’herbe ; avec une augmentation de la période de faible croissance, à commencer par une diminution de la pousse estivale », lance Antoine Buteau.
Le pâturage des cultures fourragères d’été a fait l’objet du programme Esti’VAL, conduit en 2023 et 2024 sur trois sites expérimentaux dans la région du Centre-Val de Loire. Plusieurs espèces ont été testées ; parmi celles-ci on retrouve le sorgho, le moha, et le millet. Ces graminées dites « en C4 » sont adaptées au contexte estival, c’est-à-dire qu’elles supportent mieux la chaleur que le traditionnel ray-grass anglais. Les rendements des différentes espèces et leur évolution en cours de cycle ont été évalués, ainsi que la biomasse valorisée par les animaux. Les deux années d’expérimentation ont été très contrastées ; l’année 2023 a connu un été chaud et plutôt sec alors qu’il a été assez pluvieux et froid sur la deuxième année d’expérimentation.
Sorgho : attention à la hauteur de pâturage
Le sorgho est toxique s’il est pâturé à une hauteur inférieure à 60 cm, il est alors primordial de veiller à la hauteur de la biomasse avant d’y faire entrer les animaux. Néanmoins, le gaspillage commence à être problématique lorsque la hauteur d’entrée est trop importante ; jusqu’à 70 % de la biomasse gaspillée pour une hauteur d’entrée de 1m60.
Moha : des repousses parfois timides
Le moha, quant à lui, nécessite une gestion du pâturage plus « classique », et un gaspillage moindre s’il est pâturé avant l’épiaison. Cependant, les repousses sont parfois limitées, et les performances inférieures à celles du sorgho.
Teff-grass : difficile d’implantation
Avec un PMG de 0,3 gramme, et un semis à 10 kg/ha, l’implantation de cette graminée est délicate et nécessite un sol très fin et rappuyé. L’idéal est un sol sableux. Une fois l’implantation faite et réussie, la plante est vigoureuse, mais la montée en épi est très rapide. Le système racinaire du teff-grass étant fragile, il est préconisé de le faucher en premier cycle, de manière à favoriser l’enracinement et limiter l’arrachage de pieds au pâturage.
Intérêt du pâturage de ces cultures
« Par la biomasse produite, ces cultures mobilisent moins de surface au pâturage que la prairie et laissent « reposer » la prairie en cas de sécheresse. On observe également de meilleures performances des animaux en 100 % pâturage, indique Antoine Buteau. En revanche, les coûts d’implantation sont conséquents (environ 230 €/ha) mais ce coût est rentabilisé si la production de la prairie est inférieure à 1,5 tMS/ha durant l’été. Ces cultures fourragères d’été peuvent trouver leur place après un méteil ou un ray-grass ensilé, ou encore pour casser une prairie en fin de vie, avant de la refaire », conclut-il.