Une usine canadienne de biochar d’envergure démarre sa production


AFP le 23/05/2025 à 14:15

L'usine de biochar Carbonité de Port-Cartier, présentée comme la « plus grande usine » du genre au Canada et l'une des plus grandes du monde, a démarré sa production, ont annoncé vendredi les partenaires du projet, alors que cette solution suscite un intérêt croissant dans le monde.

L’usine démarre avec « une capacité de production de 10 000 tonnes par an » de ce charbon végétal fabriqué à base de résidus forestiers et vu comme un moyen prometteur de capturer du CO2, une capacité appelée à « tripler d’ici fin 2026 », ont indiqué les québecois Airex Énergie, Groupe Rémabec et le français Suez, qui ont inauguré l’usine jeudi, dans un communiqué commun.

Ces biodéchets sont transformés à très haute température et sans oxygène par le processus de pyrolyse, qui permet de séquestrer le carbone stocké dans les végétaux et d’empêcher son rejet dans l’atmosphère. Le biochar possède aussi des vertus agronomiques, et permet de limiter le recours aux engrais en améliorant la productivité des sols.

Preuve de l’intérêt grandissant pour cette solution de séquestration du carbone, le producteur bolivien Exomad Green a annoncé cette semaine la conclusion d’un accord avec le géant de l’informatique Microsoft, pour séquestrer l’équivalent de 1,24 million de tonnes de CO2 sur dix ans.

La firme de Redmond a également conclu un accord « pour l’achat de 36 000 crédits carbone sur les trois premières années d’exploitation » de Carbonité. A pleine capacité, l’usine permettra de séquestrer l’équivalent de 75 000 tonnes de CO2 par an.

En avril dernier, la startup française NetZero, qui produit du biochar au Brésil, et se rémunère également par la vente de crédits carbone attachés au biochar aux entreprises qui souhaitent compenser leurs émissions, a remporté un prix de 15 millions de dollars, lors du concours international de séquestration de carbone lancé par la fondation d’Elon Musk, XPrize.

Outre ses applications agricoles, le biochar peut être utilisé dans la construction et « intégré au béton, au ciment ou à l’asphalte », pour « améliorer les performances des matériaux, tout en réduisant significativement leur empreinte carbone », selon les partenaires du projet.

La coentreprise, détenue à parts égales par les trois partenaires, produira son biochar « à partir d’environ 58 000 tonnes de résidus forestiers par an, issues des activités du Groupe Rémabec », indique le communiqué.

Ce projet n’est qu’une « première étape » pour Airex Énergie et Suez, qui ambitionnent de bâtir « une capacité de production annuelle mondiale de biochar de 350 000 tonnes d’ici 2035 ».