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Staff

Une possible hausse des volumes de semences de ferme en 2024 ?


TNC le 21/06/2024 à 17:47
Triagedesemences

Le Staff regroupe aujourd’hui plus de 40 entreprises représentant environ les deux tiers de la profession des trieurs à façon. (© TNC)

Qualité des grains de la récolte 2024, CEPP et manque de reconnaissance… À l’occasion d’un point presse, le Syndicat des trieurs à façon français est revenu sur les inquiétudes et les principaux sujets d’actualité du métier.

Si les inquiétudes sont présentes quant à la qualité des grains de céréales à paille, le Syndicat des trieurs à façon français (Staff1) a tenu, lors d’un point presse organisé chez Marianne et Sylvain Picouet à Collemiers (Yonne), à rassurer sur la capacité des trieurs à absorber une possible hausse des volumes de grains à traiter cette année, en vue d’une potentielle diminution de la disponibilité des semences certifiées.

Compte tenu du niveau de salissement des parcelles dans l’Hexagone, les cadences de triage (habituellement entre 60 et 100 q/h en instantané) pourraient être réduites, mais Sylvain Picouet, trieur et membre du conseil d’administration du Staff, ne se dit pas inquiet : « il est relativement facile d’éliminer les graines de ray-grass par exemple, grâce à nos stations de tri mobile ».

Sylvain et Marianne Picouet, entourés de leurs deux salariés et leur apprenti. Installés dans l’Yonne, ils alternent entre leurs activités d’agriculteurs, de trieurs à façon et d’entrepreneurs de travaux agricoles. (© Terre-net Média)

De même, s’il vaut mieux éviter d’utiliser les parcelles concernées, le trieur rappelle que « les grains fusariés peuvent être aisément séparés des lots, par aspiration ».

Demande d’une adaptation pour les CEPP

Ce point presse a également été l’occasion de revenir sur le sujet épineux des CEPP (certificats d’économie des produits phytosanitaires), dispositif auquel ont été intégrés les trieurs à façon depuis 2021.

Lors de la consultation publique à l’automne dernier pour le décret de l’application des CEPP sur la période 2024-2025, le Staff a rappelé « le manque de concertation » et « l’inadaptation de ce dispositif en l’état au métier de trieur ». Les traitements réalisés par les trieurs à façon sont « choisis, voire imposés par leurs clients. Nous ne sommes pas des distributeurs, mais des applicateurs de semences », indiquent Jean-Louis Courtot et Fanny Pelletier, vice-président et trésorière du Staff.

Avec un objectif de 30 % de réduction, ils dénoncent des ambitions « disproportionnées, alors que les traitements de semences représentent 0,5 % des tonnages de phytos en France ». « Nous ne sommes pas contre la réduction des phytos, mais nous demandons juste une étude plus approfondie, ou la constitution d’un groupe de travail ? »

« Cette situation apparaît d’autant plus injuste aux trieurs du Staff que les économies de produits phytosanitaires qu’ils permettent notamment au travers de la pratique en culture en mélanges variétaux et la pratique du « traitement différencié » sur mesure ne sont pas faciles à comptabiliser et rendent par conséquent difficile la délivrance des CEPP. »

Dans une interview accordée à Libération en février dernier, Christian Huyghe, directeur de recherche, a indiqué que « les trieurs n’étaient pas dans la bonne case ». « Lors de nos échanges, le ministère a également reconnu qu’il y avait un problème de cohérence, mais il n’y a pas eu de réaction depuis… », ajoute Jean-Louis Courtot.

Besoin de faire connaître le métier de trieur à façon

Pour le Staff, il y a une réelle méconnaissance du métier de trieur à façon. À ce sujet, Sylvain Ducroquet, président de la section diversité des semences de Semae, vice-président du Staff et de l’European Mobile Seed Association, et François Delaunay, directeur des éditions de l’Aulnaie, viennent d’annoncer la publication de leur livre « Pour un grain de liberté », l’histoire de la semence de ferme par les trieurs à façon.

« Avec les NGT, l’ouvrage se pose aussi en plaidoyer en faveur d’un modèle européen et ouvert de la protection de la propriété intellectuelle : les certifications d’obtention végétale (COV). Contrairement au brevet, le COV garantit la liberté aux chercheurs comme aux agriculteurs »,

Le besoin de faire connaître le métier se ressent aussi au niveau de son attractivité. Trieur dans les Hauts-de-France, Alexandre Glorieux fait part de ses « difficultés à recruter du fait des connaissances techniques nécessaires et de l’obligation du permis poids lourds. Nous sommes 5 dans l’entreprise, mais j’ai quasiment en permanence une annonce sur Pôle emploi… ».

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