Accéder au contenu principal
Arbres

Une détox ? La saison de la sève de bouleau bat son plein


AFP le 07/04/2023 à 08:05

La récolte de sève de bouleau bat son plein en Alsace, où les producteurs s'affairent afin d'approvisionner les amateurs de ce produit naturel, qu'ils recommandent pour une « cure de détox » au sortir de l'hiver.

La haute saison n’est pas très longue, de début mars à mi-avril le plus souvent, pendant laquelle Christian Mallo et une demi-douzaine de saisonniers s’activent quotidiennement pour récolter le précieux nectar.

« Il faut être dans la forêt tous les jours, la sève doit être prélevée tous les matins sinon elle commencerait à fermenter », explique M. Mallo.

Comme pour la récolte de sève d’érable, le cousin canadien, un ou deux petits trous sont percés dans l’écorce des bouleaux et la sève tombe en goutte à goutte dans un seau.

« Au total, on a 1 700 seaux à relever tous les jours. Ensuite, on ramène les fûts à la maison et on met sous vide dans l’après-midi, dans des poches hermétiques de trois litres », détaille le récoltant. « Puis on livre très vite aux clients : on n’a aucun stock, le produit doit rester frais, la production part aussitôt. » Christian Mallo a été l’un des premiers en France à se lancer dans la production de sève de bouleau, en 2012, au retour d’un voyage en Finlande, où il a découvert cette culture. Son entreprise, Sève’Up, approvisionne aujourd’hui 180 magasins dans l’est de la France.

Etrangement, aucun organisme officiel ne semble s’être penché sur la sève de bouleau et il est impossible d’obtenir un chiffre de la production ou du nombre d’exploitants en France.

« Prise de sang »

L’importance de la récolte dépend de nombreux facteurs, selon M. Mallo : « Les arbres coulent de manière différente en fonction de l’exposition, de leur développement, des phases de la Lune, s’il fait chaud… Cette année, on va récolter environ 17 000 litres, c’est moyen : l’été dernier a été très chaud et l’hiver a été assez sec ».

Quant aux bouleaux eux-mêmes, les prélèvements sont indolores : « On récolte sur des arbres qui ont 40 ans environ, ça ne leur nuit pas du tout, c’est comme une petite prise de sang. La sève monte dans l’arbre pour alimenter les bourgeons, qui vont ensuite faire des feuilles. Dès que les bourgeons sont assez alimentés, la sève arrête de couler », poursuit le producteur de 51 ans.

Le sol au pied des arbres est analysé régulièrement pour s’assurer qu’il n’est pas pollué, et obtenir le label bio.

Bien connue dans les pays du nord, la sève de bouleau est idéale pour une cure au sortir de l’hiver, assure M. Mallo : « C’est un super produit, naturel, bio, plein de vertus, qui détoxifie le foie, les reins et les intestins ».

Toutefois, aucune étude scientifique ne s’est vraiment penchée sur le sujet et la médecine lui reconnaît uniquement un effet diurétique.

« Je ne prescris jamais de sève de bouleau, je m’en tiens à ce que j’ai appris. J’avoue que je ne me suis jamais trop intéressée à ce produit », déclare d’ailleurs le docteur Marine Bouisset, médecin à Strasbourg.

« Cure de trois semaines »

« Cela ne remplacera jamais les médicaments classiques, mais c’est ce qu’on peut appeler un « alicament », qu’on peut ajouter à son quotidien et aide à se sentir bien », estime Céline Touati, nutrithérapeute et naturopathe, auteure de plusieurs livres sur l’alimentation et le bien-être.

« Il y a deux effets bénéfiques principaux : ça va drainer tout ce qu’on a accumulé pendant l’hiver, et c’est une substance qui reminéralise, qui apporte des oligo-éléments, magnésium et selenium notamment », ajoute-t-elle.

Cette dernière préconise une cure de trois semaines (qui coûtera une trentaine d’euros), avec un petit verre à jeun chaque matin. La sève, qui se conserve six semaines, n’a presque aucun goût au départ, mais il s’affirme petit à petit au fil de la fermentation.

Si les modes vont et viennent concernant les nombreux traitements bien-être à base de plantes, les effets bénéfiques de la sève de bouleau ont été rapportés dès le Moyen-Age, avant d’être oubliés. « Les anciens connaissaient ses vertus, et ce n’est pas un hasard si aujourd’hui des fabricants de cosmétiques commencent à le réintroduire dans leurs produits », souligne Myriam Raoux, associée de M. Mallo.