Un élu local démissionne après l’éviction d’un campement de vendangeurs
AFP le 07/09/2025 à 11:15
La maire d'Épernay (Marne) a annoncé vendredi la démission de l'un de ses adjoints après la fermeture par un arrêté préfectoral fin août d'un campement de fortune de vendangeurs sur le terrain attenant à une société dont il est le représentant.
« Souhaitant éviter tout amalgame entre sa situation professionnelle et le Conseil municipal d’Épernay, Édouard Abon m’a informée de sa décision de démissionner de son poste de conseiller municipal », a écrit Christine Mazy, la maire divers droite de la commune, dans une publication sur son compte Facebook.
« Je condamne bien sûr tout hébergement de vendangeurs qui ne respecte pas le Code du travail », assure-t-elle, partageant un article du quotidien L’Union, qui avait révélé l’évacuation du terrain, situé dans le périmètre d’une société viticole liée à l’élu.
Fin août, un arrêté préfectoral a mené à la fermeture et l’éviction d’un campement de travailleurs saisonniers venus pour les vendanges sur l’avenue de Champagne, en plein coeur d’Épernay, à la suite de contrôles de l’inspection du travail menés après un signalement de la CGT.
Ces derniers ont relevé « l’absence de déclaration d’hébergement collectif », pourtant obligatoire pour ces saisonniers, ainsi que des conditions d’accueil « non-conformes », indique l’arrêté signé par le préfet de la Marne Henri Prévost le 27 août.
« Ces logements présentent un risque pour la sécurité et l’hygiène de leurs occupants (…) tant qu’il n’aura pas été remédié aux désordres sanitaires, ainsi qu’à l’état d’insalubrité et d’indignité du lieu d’hébergement », note l’arrêté.
Il précise aussi que le terrain d’hébergement « jouxt[e] le siège social de la Sarl Champion Devaux », une maison de champagne dont le représentant est Édouard Abon, et que ce dernier a été chargé de reloger les saisonniers.
« Les conseillers municipaux et la maire étaient parfaitement au courant de l’installation de ce camp depuis de nombreuses années », assure José Blanco secrétaire général de l’intersyndicat CGT du champagne auprès de l’AFP.
Il qualifie le terrain évacué de « bidonville » abritant « 10-15 personnes », et dénonce une « omerta ». Selon lui, la CGT a déjà signalé « une vingtaine » de campements illégaux de viticulteurs en Champagne depuis le début des vendanges 2025.
La démission d’Édouard Abon intervient la même semaine que l’ouverture d’une enquête judiciaire pour « travail dissimulé » et « habitat indigne » à la suite de la fermeture de deux hôtels surpeuplés par des vendangeurs à Vitry-le-François.
Les investigations dans le cadre de cette enquête sont toujours en cours, selon la procureure de Châlons-en-Champagne Annick Browne à l’AFP.