Tour de plaine : quel est l’état actuel des cultures ?
TNC le 07/03/2025 à 12:06
« Dans l'ensemble, ce n'est pas la panacée, mais j'espère qu'on va bien s'en sortir », affirmait à la mi-février Benoît Piètrement, président de FranceAgriMer concernant l'état des cultures en place. Il faut dire que les forts cumuls d'eau hivernaux et leurs impacts ont de quoi inquiéter par endroits. Petit point d'étape en Eure-et-Loir, dans le Gers, l'Oise et l'Yonne, avec des agriculteurs et des conseillers techniques.
Dans son dernier rapport hebdomadaire, l’observatoire Céré’Obsestime que 74 % des surfaces de blé tendre sont dans un état bon à très bon au 3 mars 2025, une situation proche de la campagne précédente (68 %), mais en dessous de la moyenne quinquennale. En orge d’hiver et en blé dur, l’organisme comptabilise respectivement 70 % et 82 % dans un état bon à très bon (contre 69 et 73 % en 2024).

« Dans le sud-ouest de l’Oise, les blés et les orges ne sont pas toujours mirobolants. Et c’est d’autant plus compliqué dans les sols à tendance argileuse », témoigne Philippe Olivier, conseiller de la chambre d’agriculture départementale.
Dire que certains parlent déjà d'un manque d'eau pour nos cultures. Là, y a de la marge … #riz ou #DD ? pic.twitter.com/xOohCaWw2X
— GUYOT Vincent (@GuyotVincent02) March 4, 2025
De mauvaises conditions d’implantation pour les semis tardifs
Dans le Perche, « les orges ont également souffert de l’humidité, ainsi que de la phytotoxicité. Il manque des talles, mais pas partout, c’est assez hétérogène », constate Luc Lorin, agriculteur. Pour le moment, il envisage un rendement moyen à 75-80 q/ha sur son exploitation (contre un historique à 83 q/ha). En blé tendre, c’est mieux que pour les orges, et que l’année dernière, on observe moins de phytotoxicité. À part pour les blés de betteraves, on vise la moyenne historique de la ferme, soit 80 q/ha. Mais dans de nombreux secteurs, c’est une catastrophe, comme dans le Centre par exemple. Tout ce qui a été semé après les pluies pâtit de mauvaises conditions d’implantation ».
Quelques kms de plus ces dernieres semaines avec une MAJ de l'état des céréales pour la ferme France:
En ce moment et selon mon Crop-tour, la Prod de blé France 2025 a plus de chance d'être proche de 31 que de 35 MilT!
On est tjrs en phase @BONNIN1402
A suivre@FranceAgriMerFRpic.twitter.com/UvlP59INsB— Visio-Crop (@VisioCrop) February 25, 2025
Passionné de météo, Luc Lorin relève des données depuis 35 ans : « des années humides, on en a vécu, mais on s’aperçoit ces dernières campagnes qu’on part plus vite dans les extrêmes et cela remet en cause beaucoup de choses. Quand il y a un créneau pour intervenir, il faut le prendre », estime l’agriculteur.
Sur les plateaux de Bourgogne, « on n’observe pas vraiment d’asphyxie dans les petites terres, ce sont plutôt les limaces qui représentent la principale problématique de la campagne. De nombreuses parcelles sont fortement éclaircies, obligeant par endroits au retournement », note Olivier Coste, agent relation cultures chez Soufflet.
« Les semis réalisés entre le 5 et le 20 octobre sont globalement bien implantés, ils accusent un léger retard de stades par rapport à la moyenne, mais ce n’est pas très grave. Ce sont les semis plus tardifs, effectués entre le 1er et le 15 novembre après tournesol, qui peinent le plus. Le froid arrivé plus précocement cette année a entraîné des pertes de pieds et un développement plus restreint. »
Pour Olivier Coste, « la plaine est globalement belle cette année. Les solutions de désherbage ont l’air d’avoir plutôt bien fonctionné, par rapport à l’année dernière, les premiers apports d’azote ont été faits au stade tallage, autour du 15-20 février et on estime le stade épi 1 cm pour le 20 mars environ. À voir selon la météo, certains agriculteurs anticiperont peut-être le 2e apport avant le retour de la pluie. » « Concernant le potentiel, tout va dépendre de la pluviométrie et des températures pendant la phase de remplissage. »
Il souligne toutefois « une inquiétude quant aux systèmes racinaires peu développés, en lien avec les excès d’eau. Les cultures sont moins armées face aux potentiels aléas climatiques. Avec l’hiver humide, on craint aussi le risque piétin-échaudage dans le secteur, pour les parcelles de blé sur blé notamment ».
À l’inverse dans le Gers, « il faut bientôt trop beau » pour Jean-Claude Pujos, installé près de Auch. « Les terres légères pourraient manquer d’eau, laRFU (réserve facilement utilisable) va être atteinte. Les blés, de variété Providence et Ultim, semés entre le 10 et le 25 octobre, sont en pleine montaison. Les épandages d’azote ont été faits le 25 janvier dans de bonnes conditions et un premier traitement fongicide avec oligo-éléments a eu lieu le 10 janvier sur les blés, en présence de septoriose », explique le producteur, qui n’a pas recours aux traitements de semences.
« Les blés et colzas sont prometteurs, rien à voir avec 2024. La densité des blés est supérieure, les colzas semblent moins vigoureux, mais j’ai opté pour une variété plus tardive, ai-je fait le bon choix ? Tout dépendra de la pluviométrie d’avril-mai ! »
Une situation hétérogène aussi pour les colzas
« Dans l’Oise, les colzas ne sont pas spécialement avancés, la situation est toutefois positive dans l’ensemble. Ce qui est présent est en bon état, il faut noter tout de même de nombreuses bordures de champs attaquées par les limaces », ajoute Philippe Olivier. Un constat partagé par Luc Lorin, en Eure-et-Loir où la situation semble assez hétérogène. L’agriculteur est néanmoins confiant pour les parcelles de son exploitation, semées de bonne heure. « Si on a une belle floraison, ce qui n’est pas le cas depuis deux ans, ce sera prometteur. »
Du côté de la Bourgogne, les voyants sont au vert pour le colza : « la pression larves d’altises est en dessous du seuil selon les tests Berlèse réalisés et les parcelles sont bien reparties. Les apports en azote et soufre sont en train d’être soldés », explique Olivier Coste.
Les semis de printemps avancent
En ce qui concerne les semis de printemps, Céré’Obs comptabilise 65 % des surfaces d’orges emblavées au 3 mars, contre 28 % à la même date en 2024 et 55 % sur la moyenne quinquennale.
Dans le Perche, Luc Lorin vient d’ailleurs de terminer les chantiers pour les orges et presque pour les pois. Il a introduit l’orge de printemps dans la rotation pour « anticiper les problèmes d’enherbement (ray-grass notamment). « On a choisi d’arrêter les betteraves cette année sur l’exploitation, après plusieurs campagnes compliquées sur le plan technique et économique, explique l’agriculteur. Pressions jaunisse et cercosporiose, récoltes toujours plus compliquées… On est dans un secteur beaucoup plus arrosé que vers Chartres (environ 200 mm supplémentaires/an). La moyenne historique est à 75 t/ha, l’année dernière ça passait, mais pour l’année qui vient, non ! Je préfère perdre de l’argent en faisant des pois que des betteraves. Les pois représentent un meilleur précédent pour le blé : 90 q/ha environ, contre 70 q/ha peut-être cette campagne pour les blés de betteraves ».
Superbes conditions de semis pour nos OP (et Pois) .. ..
Ça commence mieux que 2024 , avec deja 30% de ma recolte (modeliser a 65 qtx a ce jour ) d'engager auprès de @GroupeSoufflet ….
A suivre …. pic.twitter.com/PZvRHbtDS1— Visio-Crop (@VisioCrop) March 5, 2025
Petit pois deviendra grand !😁
Semis du pois de printemps avant le nième retour de la pluie ☔️
Conditions idéales !💪@terresoleopro@Arvalisofficiel@lemkenfrance@FranceAgricole@terresinovia@TerrenetFR@Agri79Info@Chambagri79@Fragritwittos#agriculture#semis2025#FrAgTwpic.twitter.com/vtl23P1Mx7— PETORIN François (@FPetorin) March 6, 2025
Sur les plateaux de Bourgogne, Olivier Coste estime à environ 90 % les semis d’orges de printemps réalisés. « De nombreux producteurs ont profité d’un créneau propice autour du 20 février. C’est à cette période qu’on obtient généralement les meilleurs rendements dans le secteur d’après des résultats suivis sur plus de 20 campagnes. »

Top départ des semis de printemps avec l'orge de printemps pour les futures bières 🍺.
Les graines de betteraves sont arrivées dans l'attente d'être mise en terre prochainement pic.twitter.com/imhmUnpViz— Mathilde Jonet🐕🦄🐓 (@MathildeJonet) March 5, 2025