Taxation des engrais russes : les fabricants français « prêts à produire plus »
AFP le 19/06/2025 à 09:18
Les fabricants français d'engrais, rassemblés au sein de l'Union des industries de la fertilisation (Unifa), sont « prêts à produire plus » après l'entrée en vigueur en juillet de la taxation progressive des engrais russes, qui ont selon eux « envahi le marché européen ».
« Nous avons la capacité de production. Aujourd’hui, 10 à 20 % de la production de nos sites européens sont à l’arrêt » en raison de la « concurrence déloyale complètement exacerbée » d’engrais russes, « qui ont envahi » le marché européen depuis trois ans, a déclaré mercredi Delphine Guey, présidente de l’Unifa, lors d’une conférence de presse à Paris.
« La Russie est en économie de guerre, elle vend ses engrais 15 % moins cher », a-t-elle poursuivi, rappelant que l’Europe dépendait encore de la Russie pour un quart de ses achats de fertilisants.
Mi-juin, l’Union européenne a acté la taxation progressive des engrais azotés russes à partir du mois de juillet, allant de 45 euros la tonne en 2025-26 à 95 euros la tonne en 2027-2028. « Ces taxes vont nous permettre de relancer la production en Europe » sans craindre de concurrence trop forte, a affirmé la présidente de l’Unifa.
Alors que les agriculteurs craignent une envolée des prix, les industriels se veulent rassurants : s’ils ont encore besoin de temps pour produire à grande échelle des engrais décarbonés (à base d’hydrogène de l’eau), ils peuvent déjà augmenter la production des solutions azotées (à base de gaz naturel acheté à Trinité-et-Tobago, aux États-Unis, etc.).
« Les entreprises situées sur le territoire national fournissent déjà 45 % des besoins en (engrais) minéraux », a souligné Mme Guey. « Concernant les amendements minéraux basiques, la France est souveraine : 90 % des volumes livrés sont extraits et produits en France », a-t-elle dit.
Pour les engrais organiques et organo-minéraux, utilisés notamment en viticulture, arboriculture et maraîchage, « 80 % des besoins du marché sont couverts par nos fabricants », alors que « seulement 50 % de leur capacité de production est utilisée : autrement dit, nous pouvons dès demain multiplier cette production par deux », a-t-elle précisé. « Il faut aujourd’hui accompagner notre transformation », a-t-elle plaidé, notamment pour « aider le secteur à se décarboner ».