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Commercialisation des céréales

Profiter des prix rémunérateurs sur la prochaine campagne


TNC le 29/04/2020 à 09:10
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La pluie qui arrose en partie le nord de la France devrait permettre d'améliorer l'état des cultures. (©TNC)

La moisson approche à grands pas et le weather market prend de plus en plus d’importance sur les marchés, avec une volatilité accrue des cours du blé. Malgré la tendance baissière depuis la fin de la semaine passée, les prix restent proches des plus hauts de campagne, explique Gautier Le Molgat, directeur général adjoint d'Agritel, qui conseille de profiter des prix rémunérateurs sur la prochaine campagne.

La volatilité du blé est forte en ce moment, surtout sur l’échéance rapprochée. Après s’être envolé le lundi 20 avril, le cours du blé est repassé sous la barre des 200 €/t en fin de semaine dernière et continue depuis sur sa tendance baissière.

« On entre en plein dans le « Weather Market » », explique Gautier Le Molgat, directeur général adjoint d’Agritel. Si on voulait traduire cette expression en français, cela donnerait « marché lié au climat ». En mai-juin, les prévisions de production prennent de plus en plus d’importance. D’autant plus que cette année la sécheresse du printemps fait suite à l’excès d’eau à l’automne, qui avait bloqué les semis. Les récoltes ont pu être détériorées et les révisions à la baisse des perspectives de production se sont succédé dernièrement.

« On travaille sur des matières premières, sur du vivant. Aujourd’hui, la nouvelle récolte, que ce soit en blé, en maïs ou en orge, est encore dans les champs et est loin d’être au stade de récolte. Alors ça reste très hypothétique. Ce qui fait que tous les éléments qui peuvent avoir un impact sur les perspectives de rendement vont être un facteur de volatilité. »

Les incertitudes liées à l’état des cultures dans les grands pays exportateurs peuvent entraîner des variations de prix conséquentes. C’est la période traditionnelle où la météo fait la pluie et le beau temps sur les marchés.  

Et pour cause : la forte hausse de début de semaine dernière s’explique par des pluies en Russie qui étaient annoncées mais qui ne sont finalement pas arrivées, explique Gautier Le Molgat. « Alors forcément, le marché s’est tendu, et on est revenus chercher des zones de résistance. » Mais des précipitions sont arrivées ensuite, notamment en France, mais aussi en Angleterre ainsi qu’en Allemagne. En mer Noire, l’Ukraine et le sud de la Russie, où se situe la principale région productrice de blé, devraient également être moins secs.

Des situations qui restent hétérogènes

Toutefois, « les pluies tant attendues sur le nord de la France et l’Europe ont été disparates, essentiellement sous forme d’orages, donc très hétérogènes. Il pourrait en être ainsi tout au long de la semaine », confie Agritel. L’évolution de la situation continuera donc de jouer de façon considérable sur les prix d’ici la moisson, surtout sur l’échéance mai, qui « risque d’être extrêmement volatile parce qu’elle clôture le 10 mai. Avec les jours fériés, il ne reste pas beaucoup de séances ouvertes avant la fin de l’échéance, ce qui va concentrer l’activité ».

De toute façon, « aujourd’hui regarder Mai ça n’a plus trop de sens parce que je ne pense pas qu’il y ait encore beaucoup d’agriculteurs qui aient de grandes quantités de blé à vendre. On est en avril, les soldes de mises en dépôt vont arriver pour les collecteurs et le peu qu’il reste à vendre le sera de façon automatique. »

Chez les acheteurs aussi, « l’essentiel des transactions sont maintenant contractualisées sur cette fin de campagne ». La demande intérieure n’est pas exponentielle, et c’est principalement l’activité export qui est très dynamique. « Les postes industriels, notamment la meunerie, ont déjà pas mal acheté et il faut être lucide : compte tenu de la baisse de consommation, ils ont suffisamment pour tenir jusqu’à la nouvelle récolte », ce qui provoque un essoufflement de la demande.  

D’autant plus que la situation du pétrole laisse également planer quelque doute sur la demande. Certains pays importateurs sont aussi producteurs de pétrole et achètent habituellement des blés grâce à l’argent récolté sur la vente de l’or noir. « Sauf qu’au niveau où est le pétrole, on peut quand même se poser des questions ! »

Profiter des prix rémunérateurs

Quoiqu’il en soit, les cours restent quand même très proches des plus hauts de campagne. « On revient sur des prix qui sont rémunérateurs sur la récolte 2020. En revanche, le problème qui se pose aujourd’hui, c’est le risque rendement, qui freine un peu l’engouement des producteurs à vendre ».

Mais avec les prix actuels « tout à fait corrects », de plus en plus d’agriculteurs ont déjà contractualisé des volumes pour la prochaine récolte. « Aujourd’hui, ça ne me surprendrait pas qu’il y ait des agriculteurs qui aient déjà bien avancé dans leurs ventes. Nos clients en conseils ont pu avoir des recommandations dans ce sens », indique le spécialiste.

C’est donc le moment d’avancer dans la commercialisation de la nouvelle récolte, si ce n’est pas déjà fait ! 

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