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Dans le Bordelais

Pesticides dans les vins HVE : la justice saisie


AFP le 17/12/2020 à 18:43
Morning light in the vineyards of Saint Georges de Montagne near Saint Emilion, Gironde, France

(©Getty Images)

Le tribunal judiciaire de Libourne a examiné jeudi l'assignation par les vins de Bordeaux d'une association qui dénonçait la présence, dans des vins certifiés HVE, de résidus de pesticides, en quantité toutefois basses et conformes.

Le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB) − auquel se sont associés 25 châteaux, viticulteurs, syndicats d’appellations, négociants − poursuit au civil Valérie Murat, porte-parole de l’association Alerte aux Toxiques, qui lutte en Gironde contre les phytosanitaires en viticulture. En septembre, l’association dénonçait la présence de résidus de pesticides de synthèse dans 22 vins (dont 19 Bordeaux) certifiés Haute valeur environnementale (HVE), sur la base d’une étude financée par financement participatif.

Cette présence était toutefois faible et légale, selon le laboratoire lui-même, qui avait pris ses distances d’avec la présentation par Alerte aux toxiques de ses résultats. Mme Murat qui dénonçait ainsi une viticulture HVE « encore gourmande en pesticides », a évoqué jeudi un « label (HVE) trompeur pour le consommateur », qui « permet à des gens qui voudraient faire croire qu’ils ont pris un virage écologique, qu’ils changent leurs pratiques, de continuer en fait à utiliser des pesticides de synthèse parmi les plus dangereux ».

Le HVE est une norme française créée en 2012 par le ministère de l’agriculture, qui encourage et reconnaît les efforts des exploitations agricoles pour réduire les pesticides et engrais chimiques. Le CIVB a souligné que les vins mis en cause étaient « en parfaite légalité » et les concentrations détectées « très faibles, toujours très en dessous » des seuils. Pour l’interprofession, Me Eve Duminy a plaidé un « dénigrement qualifié » par Valérie Murat qui n’a fait preuve d’« aucune mesure, aucune nuance, aucune prudence », en associant les vins « à un risque mortel » potentiel.

Le CIVB arguant un « discrédit très lourd aux vins de Bordeaux », réclame 100 000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice collectif. Me Eric Morain, seul avocat défendant la militante anti-pesticides face à une demi-douzaine d’avocats pour le monde du vin, a mis en garde contre un « procès bâillon » qui viserait à étouffer financièrement et faire taire une association dont « on ne veut pas entendre les éléments de vérité et de bonne foi ». La « présence, même infinitésimale », de résidus de pesticides reste une présence. Le jugement a été mis en délibéré au 25 février.